Alors que des militaires ont annoncé le soir du 15 juillet avoir pris le pouvoir, Mme Firat est jointe par le chef de l’Etat via l’application FaceTime. S’engage alors une allocution téléphonique qui marquera un tournant: M. Erdogan montre qu’il est vivant, en Turquie et déterminé à reprendre le contrôle.
Cet appel a transformé Hande Firat, présentatrice et chef du bureau à Ankara de CNN-Türk, en symbole du coup d’Etat manqué. Mais durant les six minutes d’interview, la journaliste de 42 ans n’en mène pas large.
« Pendant le direct, j’étais très nerveuse et très inquiète », confie-t-elle à l’AFP à Istanbul. « Je ne savais pas si on le voyait en plein écran (Erdogan) et je me demandais s’il fallait que je lui pose telle ou telle question ».
« Je suis restée concentrée sur mon travail en priant Dieu pour que la connexion ne soit pas coupée », ajoute-t-elle.
De fait, la conversation est interrompue par plusieurs appels. Mais la liaison tient bon et, à travers le téléphone tenu d’une main parfois tremblante par Mme Firat, M. Erdogan appelle ses partisans à descendre dans la rue. Quelques heures plus tard, le président turc est triomphalement accueilli à Istanbul, tandis que les putschistes se rendent.
L’épisode a également transformé en star le smartphone blanc de la journaliste, qui dit avoir reçu des offres d’achat faramineuses provenant de riches habitants de Turquie, mais aussi du Qatar et d’Arabie saoudite.
« Je ne l’ai pas vendu », sourit la journaliste. « Il est en sécurité dans un tiroir. Je ne l’utilise plus (…) de peur de le faire tomber et de le casser ».