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Les Inrockuptibles, 17/04/2018
Par Julie Honoré
Dans le sud-est de la Turquie, Jin News, une agence de presse intégralement composée de femmes lutte pour survivre, malgré la censure et les arrestations. Son but : porter la voix des femmes, dans un pays qui s’enfonce de plus en plus dans l’autoritarisme.
“Désolée de vous répondre aussi tardivement. Une de nos journaliste a été arrêtée.” A notre arrivée à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, Deniz*, la traductrice de Jin News, nous met directement dans l’ambiance. Sa rédaction se prépare à célébrer Newroz, la fête la plus importante de l’année chez les Kurdes. Alors l’arrestation de Duygu Erol**, leur correspondante à Ankara, ajoute du travail à la petite agence de presse déjà surmenée.
Les journalistes de Jin News (“Femme” en kurde) sont connues en Turquie. Pour leur couverture de l’actualité, certes, mais aussi parce que c’est la seule agence de presse intégralement féminine de Turquie. « Je les ai rencontrées lors d’un reportage à la frontière syrienne. Elles m’ont fait signe qu’elles rentraient, en désignant leur chauffeur. C’était aussi une femme ! » raconte un photographe. Car, à Jin News, non seulement les journalistes et les photographes, mais aussi les traductrices, les “chauffeures” ou les avocates : toutes les membres sont des femmes. “Nous voulons montrer qu’aucun métier n’est typiquement masculin, indique Munevver Karademir, éditrice en langue kurde. Il est très important que chacune de nos branches de métier soit représentée par des femmes”. Principal objectif : “Porter la voix des femmes à travers le pays. Pour cela, il faut que ce soit des femmes qui écrivent les nouvelles”, renchérit Deniz.
En Turquie, depuis la mise en place de l’état d’urgence, compter avec la police fait partie du quotidien de nombreux journalistes. Alors Jin News ne fait pas exception à la règle. Nombre de ses collaboratrices ont déjà été suivies par la police, placées en garde à vue ou intimidées. Principal reproche : leurs liens supposés avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme terroriste). Mais parfois, un article suffit : “J’ai écrit un article sur des fonctionnaires qui violaient un enfant de 11 ans. Les auteurs n’ont pas été jugés. Mais moi, je suis poursuivie”, indique Munevver. D’ailleurs, “il serait peut-être plus simple de nous demander qui n’a pas été arrêtée”, rit-elle. Duygu, une camérawoman de 28 ans, renchérit : “la police nous suit quasiment systématiquement. On nous prend nos caméras, visionne nos bandes, confisque notre matériel… ”
Une de leur journaliste, Zehra Doğan (28 ans), qui est aussi artiste-peintre, se trouve derrière les barreaux depuis un an et demi. Récemment le street-artist Banksy a dévoilé une œuvre monumentale à New York lui rendant hommage et reproduisant la peinture qui lui est reprochée : la ville de Nusaybin (à la frontière de la Syrie) à feu et à sang, avec des drapeaux turcs arborés sur des immeubles éventrés. “On était tellement contentes que quelqu’un parle d’elle”, s’enthousiasme Deniz, alors que sa consœur doit encore purger 18 mois derrière les barreaux.
Banksy’s latest mural has arrived in downtown Manhattan https://t.co/J91sonn9vn
— New York Times Arts (@nytimesarts) 16 mars 2018
“Tous les pays auraient besoin d’une agence de presse féminine”
Leur engagement féministe est un défi dans la société patriarcale turque, surtout dans un pays où le rôle des femmes tend à être encadré par le gouvernement islamo-conservateur turc de l’AKP. En 2016, le président Recep Tayyip Erdoğan avait par exemple déclaré que les femmes sans enfants étaient “incomplètes” et recommandé la mise au monde de “trois enfants au moins”.
Un peu plus tôt, en 2014, celui qui était à l’époque président du Parlement, Bülent Arinç, avait suggéré qu’il ne convenait pas de “laisser les femmes rire en public (…) au nom de la décence”. Le gouvernement ne compte par ailleurs qu’une seule ministre, Fatma Betül Sayan Kaya, chargée… de la famille et des politiques sociales. “En Turquie, avec cette atmosphère conservatrice et le patriarcat, l’espace des femmes est réduit, c’est pour ça qu’on veut leur fournir un espace pour s’exprimer, pour porter leur voix à travers le pays”, explique Duygu. “Mais tous les pays auraient besoin d’une agence de presse féminine, pas seulement la Turquie, ni même les pays du Moyen-Orient ! précise Deniz. Les femmes doivent avoir leur propre agence de presse, pour exprimer leurs idées, leurs pensées… Les médias sont toujours les vecteurs les plus influents pour porter sa parole”.
Les journalistes de Jin News couvrent l’actualité chaude – avec un prisme pour les territoires kurdes, à l’est de la Turquie : chaque jour, elles publient des nouvelles de ces villes, sous couvre-feu, dont les centre-villes ont été détruits, ou de ceux dont la langue est réprimée. “J’ai dû me mettre à apprendre le turc à l’école, chez moi, on parlait kurde !” précise Munevver. Mais la petite équipe couvre aussi et surtout l’actualité qui concerne les femmes : crimes dits “d’honneur”, procès de femmes battues, … Et la rédaction s’applique certaines règles éditoriales. “Nous n’écrivons jamais “Une femme a été tuée”, mais “Un homme a tué sa femme”, détaille Deniz. C’est l’homme le sujet, c’est l’homme qui tue. Et puis souvent, les médias turcs montrent la photo de la femme avec des tenues provocatrices. Ce n’est pas de l’info. C’est de la pornographie.”
Il y a deux ans, c’était Jinha, une autre agence de presse intégralement féminine, qui faisait parler d’elle. Si l’agence a été rapidement fermée par les autorités, c’est ensuite Sujin qui a été ouvert, quelques mois plus tard. Fermé à nouveau, Jin News existe maintenant depuis quelques mois. Le site Internet est déjà bloqué en Turquie, même si des sites miroirs (Jinnews7, JinNews8…) essaient de contrer temporairement la censure.
Lors des différentes descentes de police, leur matériel a été confisqué et les journalistes de Jin News luttent aujourd’hui pour leur survie. “Nous ne sommes que que deux pour faire le travail de six personnes. Nous n’avons aucune ressource”, explique Munevver qui d’un geste, désigne la petite rédaction, qui occupe l’étage d’un immeuble proche du centre-ville. “Six journalistes, principalement nos vidéastes et des éditrices viennent ici. Les autres travaillent de chez elles.”
Impossible en effet, de louer des bureaux, alors beaucoup de journalistes travaillent depuis les cafés, les bibliothèques ou leur salon. En tout, une cinquantaine de correspondantes, disséminées à travers le pays envoient des articles quand elles le peuvent. “Mais en tant que kurdes et en tant que femmes, on reçoit encore plus de menaces, indique Munevver. C’est pour ça que nous avons la responsabilité de continuer”
*le prénom a été changé
** Duygu Erol, correspondante de Jin News à Ankara, a été libérée après trois jours de garde à vue. Elle a dénoncé le fait d’avoir été approchée par des espions, qui ont essayé de monnayer sa libération.
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