Au moins 50 personnes ont été tuées et près de 100 blessées dans un attentat à la bombe lors d’un mariage samedi soir à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, a annoncé le gouvernorat. Le président Erdogan soupçonne l’Etat islamique d’être derrière l’attaque.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan estime « probable » que le groupe Etat islamique soit l’auteur de l’attentat qui a vidé un mariage samedi à Gaziantep, ville du sud-est de la Turquie proche de la frontière syrienne.
Le bilan a d’abord été de 22 morts, puis 30, puis est monté à au moins 50 morts en milieu de matinée. Il y a également une centaine de blessés.
Le gouverneur Ali Yerlikaya avait évoqué auparavant « un affreux attentat terroriste », peut-être perpétré par un kamikaze, dans cette ville proche de la frontière syrienne.
Le groupe Etat islamique ?
Dimanche matin, Recep Tayyip Erdogan a pointé du doigt l’EI. Dans un communiqué, le chef de l’Etat a dit ne faire « aucune différence » entre le prédicateur en exil Fethullah Gülen, qu’il accuse d’avoir ourdi le coup d’Etat raté du 15 juillet, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le groupe jihadiste EI, « probable auteur de l’attentat de Gaziantep ».
« Notre pays, notre nation ne peuvent que réitérer un seul et même message à ceux qui nous attaquent : vous échouerez ! », a-t-il encore écrit.
M. Erdogan a jugé que les auteurs de l’attaque avaient pour objectif de semer la division entre les différents groupes ethniques vivant en Turquie.
Nombre de jihadistes perçoivent les Kurdes comme des ennemis; en Syrie voisine, les milices kurdes affrontent les membres de l’EI.
Mariage en plein air
Un responsable turc a de son côté indiqué que « d’après les premières informations, la cérémonie se déroulait en plein air », et dans un quartier de Gaziantep à forte concentration kurde, ce qui renforçait les spéculations sur un attentat jihadiste. De nombreux Kurdes participaient au mariage, où se trouvaient un grand nombre de femmes et d’enfants. « Beaucoup de Kurdes ont perdu la vie », a déploré le parti pro-kurde HDP, condamnant l’attentat.
Selon l’agence de presse Dogan, les mariés étaient originaires de la région majoritairement kurde de Siirt, plus à l’est, et avaient été déplacés en raison des violences entre les rebelles kurdes et les forces gouvernementales. D’après l’agence, un kamikaze s’est mêlé aux invités – dont un grand nombre de femmes et d’enfants – avant d’actionner sa charge.
Les télévisions ont montré des ballets d’ambulances arrivant sur les lieux où des corps gisant au sol étaient recouverts de draps blancs. Des proches des victimes étaient assistés dans la rue. Des personnes sont arrivées sur place en brandissant le drapeau turc et criant « Le pays ne peut pas être divisé », mais d’autres ont tenté de leur arracher leur drapeaux et la police a tiré en l’air pour les disperser.
Comme pour chaque attentat majeur, les autorités turques ont interdit la diffusion d’images en direct par les télévisions et réseaux sociaux.
Le vice-Premier ministre Mehmet Sismek, également député de Gaziantep, a jugé « barbare d’attaquer un mariage. L’objectif de la terreur est d’effrayer les gens, mais nous n’accepterons pas cela », a-t-il dit à la télévision. Il a lui aussi évoqué la possibilité d’un attentat suicide.
Série d’attentats
Le sud-est et l’est de la Turquie ont été secoués en milieu de semaine par trois attentats qui ont fait 14 morts et été attribués par Ankara à la guérilla du PKK. La guérilla kurde semble, après une relative acalmie à la suite du coup d’Etat manqué du 15 juillet en Turquie, avoir repris une campagne intense d’attentats contre des cibles des forces de sécurité.
Gaziantep se trouve à une soixantaine de km au nord de la frontière syrienne et est devenu le point de passage de très nombreux réfugiés syriens fuyant la guerre qui dure depuis plus de 5 ans et demi dans leur pays. Mais la zone abriterait en dehors des réfugiés et des militants de l’opposition un nombre significatif de jihadistes.
La Turquie est la cible depuis plus d’un an d’une série d’attentats très meurtriers attribués à l’EI ou au PKK, notamment à Ankara et à Istanbul. L’explosion de Gaziantep survient alors que le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé en matinée que la Turquie souhaitait jouer un rôle « plus actif » dans la solution de la crise en Syrie afin de « faire cesser le bain de sang ».
« Que nous l’aimions ou pas, Assad est aujourd’hui l’un des acteurs » de la guerre dans ce pays et il est possible de « lui parler pour la transition », a dit M. Yildirim, tout en excluant que ce soit la Turquie qui le fasse.
Ces propos interviennent alors que Ankara s’est réconcilié avec la Russie et a accéléré ses contacts avec l’Iran, avec l’échange de visites des chefs de la diplomatie turque et iranienne en une seule semaine. La Russie comme l’Iran soutiennent activement le président syrien Bachar al-Assad, contrairement à la Turquie qui soutient les rebelles.