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Le Parisien, le 28/06/2019
Par Gaëtane Morin, envoyée spéciale à Gaziantep et Kilis (Turquie)
International
LE PARISIEN WEEK-END. Ambassadeur de l’Unicef, le judoka a rendu visite, du 21 au 23 juin, aux réfugiés syriens du dernier camp de la ville turque. Un voyage instructif et bouleversant.
Teddy Riner, à gauche, a notamment rencontré Majid, son épouse et l’un de leur fils, dans leur container aménagé. KMSP/Jean-Marie Hervio
C’est une petite maison, mais une maison quand même. » Ainsi Majid Sayadi décrit-il le container de deux pièces dans lesquelles lui, son épouse et leurs cinq enfants s’entassent, en accueillant Teddy Riner. Dans la partie gauche, une cuisine ; à droite, un salon habillé d’un papier peint à motifs, meublé de deux canapés défraîchis qui mangent tout l’espace. Originaire d’Idleb, ville du nord-ouest de la Syrie ravagée dès 2012 par les bombardements « des Russes et de Bachar al-Assad (NDLR : le président syrien) », Majid a trouvé refuge ici il y a sept ans, sans jamais penser y rester.
Ici, dans ce camp turc de Gaziantep, à une trentaine de kilomètres de la frontière syrienne, où deux de ses enfants ont déjà passé plus de la moitié de leurs vies, et où est né son petit Ibrahim, bientôt 2 ans. Ici, à proximité des champs d’oliviers et de pistachiers, où ses compagnons d’infortune travaillent parfois à la journée. Pas lui. Blessé par un missile, Majid, 45 ans, n’a plus la vigueur d’un homme de son âge.
Ici, où le quotidien de 3600 exilés s’organise, bon gré, mal gré, sous perfusion des associations humanitaires et de l’Etat turc – ce dernier verse chaque mois une aide de 100 livres par personne, soit environ 15 euros.
Prisonnier de son passé, évoquant à mots choisis l’époque où il gagnait sa vie dans l’agriculture, Majid peine à se projeter dans l’avenir. « Le seul moyen de s’en sortir, c’est d’obtenir la nationalité turque », concède-t-il, du bout des lèvres. Son histoire, il l’a déjà beaucoup racontée. Mais en cette chaude journée de la mi-juin, il la confie encore, sans flancher, à son hôte de marque. Ambassadeur de l’Unicef, le judoka au palmarès hors norme a renoncé à deux jours d’entraînement pour témoigner de ces vies brisées.
« On leur vole leur innocence »
« Comment avez-vous trouvé le courage de partir ? » lui demande Teddy Riner. « Ce n’était pas du courage, c’était de la peur », répond Majid. Il parle des bombardements « quotidiens », de l’obus qui lui « tombe sur la tête », de son fils et lui, « blessés », et des voisins, « tous morts ». Un silence se fait. Majid décrit son traumatisme, celui de sa famille : « Quand une porte claque, j’ai l’impression que quelque chose a explosé. Quand mon fils entend un avion, il est terrorisé. »
Le double champion olympique à la carrure imposante – 2,04 m, 139 kg – s’enfonce dans son fauteuil. L’émotion le submerge devant « la dignité de ce monsieur » et la douleur de ses enfants. « Ils n’ont pas à vivre cela, s’indigne- t-il. Ils ne devraient penser qu’à s’amuser, aller à l’école et profiter de la vie. On leur vole leur innocence. »
Cela lui rappelle cet enfant croisé sur une plage, lors d’une compétition à Saint-Domingue, dans les Caraïbes, en 2006. « Il avait une bonne bouille. J’ai joué avec lui, se souvient Teddy Riner. Mais le lendemain, j’ai compris qu’il dormait là , sur un bout de carton. Ça m’a retourné le cÅ“ur. J’ai voulu l’emmener à mon hôtel pour qu’il prenne un petit-déjeuner. On m’a dit non. J’ai attrapé une assiette que j’ai remplie de nourriture et je la lui ai apportée. Il m’a remercié dix fois ! J’ai essayé de le faire monter dans ma chambre pour qu’il puisse se doucher et dormir un peu, mais je n’ai pas réussi à tromper la vigilance du personnel. » Depuis ce jour, le champion, qui avait déjà un neveu à l’âge de 9 ans, aime à se comporter en « grand frère ». « Il n’y a rien qui me touche plus que les enfants », affirme le champion.
Et à voir la nuée de gamins se bousculant à Gaziantep pour lui taper dans la main, il a également la cote auprès de cette jeunesse syrienne, qui ignorait jusqu’à son prénom avant sa venue. « Comment fais-tu pour être si costaud ? » lui demandent-ils, intrigués. « Je mange un frigidaire par jour ! » répond Teddy Riner. Devant leurs mines circonspectes, il se sent obligé de préciser : « Non, mes parents sont très grands et je fais beaucoup de sport ! »
« Ici, les enfants n’ont pas de la boue jusqu’au genou »
Durant sa visite dans cette mini-ville de 145 000 m2, il va d’étonnement en étonnement. Ouvert en février 2013, le dernier camp en activité de Gaziantep a compté jusqu’à 5500 réfugiés, que les Turcs appellent « nos invités ». Il va bientôt être fermé, les autorités s’engageant à reloger ses habitants dans des appartements vides ou dans l’un des 14 camps encore en service – il y en avait 21 en 2018.
« J’ai bien conscience qu’ici, on est sur des standards élevés et qu’il faut se méfier de la politique du président turc Erdogan, commente Teddy Riner, empruntant les chemins pavés. Mais ce n’est pas du tout comme je l’imaginais ! Les enfants n’ont pas de la boue jusqu’au genou. Il y a la clim dans les containers, la lumière 24 heures sur 24 et de nombreux services à disposition. » Parmi lesquels deux supermarchés, une laverie, un centre médical, des bâtiments scolaires et des ateliers de tissage ou de mosaïque.
« La façon dont la Turquie a accueilli 3,6 millions de réfugiés (NDLR : dont 3 % seulement dans des camps) – dont 1,6 million d’enfants – depuis le début du conflit syrien est assez remarquable », abonde Philippe Duamelle, représentant de l’Unicef en Turquie depuis 2015. « Le gouvernement dit avoir dépensé près de 31 milliards d’euros pour les accueillir et les intégrer. Difficile à vérifier, mais il est vrai qu’il soutient ces familles, en leur donnant notamment accès gratuitement aux services médicaux et à l’éducation. » L’Union européenne a également accordé deux subventions de 3 milliards d’euros à la Turquie.
Accusés parfois de « voler le travail des Turcs »
Depuis le début de la guerre, plus de 90 000 bébés syriens ont vu le jour en Turquie – 40 enfants syriens y naissent chaque jour -, au risque de créer une génération d’apatrides, s’ils ne sont pas un jour reconnus par les autorités de Damas.
Le travail de l’Unicef, dont le budget dans ce pays a quintuplé en quatre ans pour atteindre 160 millions d’euros en 2018, n’en est pas moins fondamental. Car, si la majorité des Turcs ont tendu la main à leurs « amis » qui vivaient de l’autre côté de la frontière, la récession économique actuelle menace de briser cet élan. Çà et là , les aides attribuées aux Syriens, accusés parfois de « voler le travail des Turcs », suscitent des jalousies.
Certains jeunes, dont Abdelaziz, qui a fui Alep au début de l’année 2015, disent souffrir du racisme. « Etre réfugié, aux yeux de certains, ça signifie qu’on appartient à une sous-catégorie de l’humanité », rapporte-t-il. Inscrit dans un centre psycho-social de Gaziantep, où un habitant sur trois est syrien, il a monté avec d’autres jeunes une pièce bilingue arabo-turque pour favoriser le dialogue. Ils s’apprêtent à la présenter dans plusieurs théâtres du sud-est de la Turquie. « Vous allez faire un carton ! » s’enthousiasme Teddy Riner, après en avoir vu un extrait.
«On peut n’avoir rien et être heureux»
Partout où il passe, de Gaziantep à Kilis, ville frontalière endommagée par des missiles « perdus », il recueille les mêmes histoires. Déchirantes. Comme celle de Vefa, une adolescente de 14 ans qui a intégré le programme de judo de l’Unicef, l’an passé.
« Quand on est arrivés ici il y a sept ans, après qu’un obus a détruit notre immeuble à Alep, on n’avait rien, témoigne la jeune fille, qui reçoit Teddy Riner chez elle, dans un quartier populaire de Kilis. Je n’osais pas parler aux gens, j’avais peur. Mes parents ne travaillent pas. On est toujours aussi pauvres, mais moi, je me suis ouverte aux autres. Maintenant, je sais qu’on peut n’avoir rien et être heureux. » Les larmes coulent sur le visage de son père, Abdul Kheta, assis à côté d’elle. « J’ai 30 ans, répond le judoka. Mais quand j’entends ce que tu dis à 14 ans, c’est toi qui me donnes une leçon. Tu es un exemple. »
Vefa ne le quitte plus, fière d’accompagner le héros du jour à un tournoi de judo, où il doit remettre les médailles. Dans la fournaise du gymnase où ont été installés les tatamis, 400 enfants bourdonnent autour de lui. « Je veux leur donner ce que je peux », explique-t-il entre deux selfies, son kimono bleu paré de sa toute nouvelle ceinture de 6e dan. Il n’a pas encore la tête à la compétition, qu’il doit reprendre à Montréal, le 6 juillet, après vingt mois de pause. Mais les sourires et l’énergie de ces enfants ont rechargé ses batteries. Teddy Riner va chasser un troisième titre olympique, à Tokyo, en 2020. Avec ce leitmotiv qu’il leur a répété au cours de son séjour : « Quand on travaille, tout est possible. On peut aller loin si l’on s’en donne les moyens. »
«Il faut rapatrier tous les enfants du djihad»
Ils sont plusieurs milliers, bloqués dans des camps insalubres et insécurisés, en Syrie ou en Irak. La majorité d’entre eux ont moins de 11 ans, ce qui les rend encore plus vulnérables. Ces enfants de djihadistes, dont quelque 200 Français, « n’ont rien à voir avec les actes qu’ont pu commettre leurs parents », s’insurge Teddy Riner. Il appelle à « les rapatrier tous, sans exception » afin qu’on leur apporte l’affection et les soins nécessaires. « Un enfant, c’est innocent », insiste-t-il, en écho à la position de l’Unicef, dont il est ambassadeur. Le gouvernement français n’autorise aujourd’hui que des retours « au cas par cas », qui ont concerné douze mineurs, le 10 juin dernier.
Dans un gymnase de Gaziantep, Zeynep, 5 ans, tente de mettre teddy Riner au tapis. KMSP/Jean-marie Hervio
Teddy Riner, un père en or 1989 : naissance le 7 avril aux Abymes, en Guadeloupe.
2014 : naissance de son fils, Eden.
2016 : second titre olympique, après celui décroché à Londres, en 2012.
2017 : dixième couronne mondiale.
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