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Le Figaro, le 16/02/2021
Delphine Minoui Le Figaro
RÉCIT
Pour défier l’héritage laïc d’Atatürk, Erdogan aspire à façonner une «génération pieuse». Une méthode qui, contrairement au début des années 2000, séduit de moins en moins.
Deux jeunes femmes contemplent le Bosphore depuis la rive asiatique d’Istanbul. Arié Botbol / hanslucas.com
Ses longues boucles brunes, aussi volcaniques que son sourire, crèvent l’écran. «Regardez: ça, c’était avant!», roucoule Deniz, 20 ans, en brandissant une photo d’identité où l’on reconnaît son visage encadré d’un foulard bleu. La jeune femme turque, qui s’exprime via Zoom, a pris soin de fermer la porte de sa chambre avant de poser l’ordinateur sur son lit. Sur le mur, on aperçoit un poster de Bob Dylan et une affiche frappée du slogan phare des insoumis de l’université Bogazici, «On ne baisse pas les yeux». «À l’exception du masque anti-Covid (rires), quand je sors dans la rue, je suis enfin moi-même!», poursuit cette étudiante d’une faculté privée, ex-partisane de l’AKP (le parti islamo-conservateur d’Erdogan), qui ose pour la première fois raconter sa «métamorphose».
Elle plonge dans ses souvenirs, invitant à imaginer une vie tracée d’avance. Des parents pieux, originaires d’Anatolie. Des études secondaires dans un «imam hatip» d’Istanbul, un lycée religieux comme celui fréquenté autrefois par le président turc, adulé par toute sa famille. Un lointain cousin désigné comme futur mari. Et puis, «yavas, yavas» («doucement, doucement»), toutes ces décisions gouvernementales qui éveillent en elle doutes et questions sans réponses. Pourquoi bannir des ouvrages scolaires les théories de Darwin sur l’évolution? Pourquoi empêcher des manifestantes de célébrer la Journée de la femme? Pourquoi faire la guerre aux Kurdes quand on prétend vouloir défendre les minorités? Jusqu’au coup d’État raté de 2016.
On était censés défendre notre nation. Mais on nous appelait à défendre notre religion
Deniz, étudiante
«Soudain, les mosquées se sont mises à diffuser l’appel à la prière. Erdogan, lui, a parlé de “don de Dieu”. Je me souviens, dans notre rue, des gars en moto brandissaient le drapeau turc en hurlant “Allahou Akbar” (Dieu est grand)… On était censés défendre notre nation. Mais on nous appelait à défendre notre religion», raconte Deniz, dégoûtée de voir ses rêves d’islam démocratique se briser contre le mur d’une répression qui dépasse de loin la chasse aux putschistes. En 2019, elle finit par passer à l’acte: par un petit matin printanier, elle rassemble son sac, ses livres et ses clefs pour sortir dans la rue, mais omet sciemment de couvrir sa chevelure. «Ma façon de dénoncer l’instrumentalisation de la religion par la politique!», affirme-t-elle. Depuis, son père ne lui parle plus. Sa mère ne dit rien. Deniz, elle, ne s’est jamais sentie aussi libre. «Voilà mon histoire», poursuit-elle en rougissant.
Façonner la «génération pieuse»
Son histoire, c’est celle d’un nombre croissant de jeunes Turcs de son âge: la fameuse «génération pieuse» que l’homme fort du pays aspire à façonner pour défier l’héritage laïc d’Atatürk. Un objectif qui, depuis l’essor de l’AKP, au début des années 2000, a séduit d’importantes franges d’une population à majorité musulmane et pratiquante. Mais qui fait de moins en moins d’émules. Un sondage publié en 2019 par l’Institut Konda dresse un constat sans appel: malgré la construction de nouvelles mosquées, l’augmentation du budget de la direction des affaires religieuses (Diyanet), la démultiplication des imam hatip et des cours de coran, les pratiques religieuses des Turcs sont en recul. D’après cette enquête menée auprès de jeunes entre 15 et 29 ans, le nombre d’interviewés qui se considèrent religieux a baissé de 7 % depuis 2008. La part des jeunes qui se décrivent comme «modernes» a, elle, augmenté, passant de 34 % à 43 % en dix ans. «L’AKP a offert une précieuse visibilité à des hommes et des femmes jusqu’ici dénigrés. Mais pour leurs enfants, pas question de renoncer pour autant à leur soif de vivre à leur guise», observe une sociologue.
La folie des grandeurs d’Erdogan
Si la génération de Deniz prend ses distances avec un islam imposé par en haut, c’est aussi parce qu’elle refuse de cautionner l’hypocrisie et la cupidité d’un pouvoir qui, dit-elle, «construit autant de mosquées que de centres commerciaux!». La folie des grandeurs d’Erdogan dérange: son palais d’Ankara, qui s’étire sur 200 000 mètres carrés, a coûté plus de 400 millions d’euros, tandis que son épouse, Emine, chérit les sacs Hermès. En ces temps de crise économique, renforcée par la pandémie, le mode de vie outrancier que certains parvenus se revendiquant de l’AKP affichent sur Instragram et les réseaux sociaux fait également grincer des dents: Ici, la vidéo d’une fête de naissance digne d’un mariage princier ; là, un enterrement de vie de jeune fille (voilée) sur un yacht de luxe. «En réaction au règne de l’AKP qui s’est révélé être autoritaire, corrompu et cruel, certains de ceux qui se sentent dégoûté par son pouvoir en viennent à être dégoûtés par l’islam», observe le chercheur turc Mustafa Akyol dans un essai intitulé Comment les islamistes ruinent l’islam, publié par l’Institut Cato de Washington.
En Turquie, l’athéisme reste évidemment un concept abstrait et difficilement quantifiable. Mais un nombre croissant de jeunes nourris au biberon de l’AKP insistent, comme Deniz, sur leur nouveau rapport à «un islam personnel» – ou à la carte. «Je rejette le foulard et je ne fais plus le ramadan. Mais je crois toujours en Dieu, en la possibilité d’une religion que j’adapte à mes besoins», dit-elle. Ce nouveau phénomène, qualifié de «déiste» par la presse turque, a pris une telle ampleur au sein de la société qu’il inspira en 2018 un séminaire organisé à Konya, ville conservatrice du plateau anatolien, par le ministère de l’Éducation. Et dont les conclusions révélèrent, entre autres, que de nombreux élèves de lycées imam hatip croient en Dieu, mais qu’ils dédaignent la religion établie. De quoi faire bondir Erdogan, resté jusqu’ici dans le déni. Le 10 avril de la même année, lorsqu’il fut informé des résultats du rapport à l’occasion d’une session parlementaire, sa réaction (qu’il pensait être en aparté) fut immédiate: «Ce n’est pas possible!» Mais le micro était resté ouvert. Et ce qu’il aurait préféré taire en public fut diffusé en direct à la télévision.«Il est temps que le président accepte d’entendre les jeunes, prévient Deniz. Sinon, ce sont les urnes qui finiront par lui parler à notre place.».
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