Les marges de manœuvre sont extrêmement limitées pour les responsables européens, qui regardent impuissants le président turc durcir son régime.
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Il y a une expression en rhétorique pour désigner un désaccord persistant, qui, face à l’impossible entente, se clôt brutalement sur une allusion au IIIe Reich : « Reductio ad Hitlerum ». Les relations entre l’Union européenne et la Turquie en sont là , à deux jours du référendum de Recep Tayyip Erdogan visant à renforcer ses pouvoirs.
En évoquant à plusieurs reprises le comportement « nazi » des responsables européens, le président turc a abusé de ce procédé grossier visant à exclure l’adversaire du champ polémique, tout en prenant soin d’éviter le fond du problème.
« Il s’est bien gardé de tenir des propos aussi odieux envers les États-Unis, qui abritent pourtant son ennemi personnel Fethullah Gülen. Il attaque l’Union européenne parce qu’il la sait en position de faiblesse, sans stratégie véritable contre lui, et en pleine crise existentielle avec le Brexit et la montée des populismes », analyse Jean Marcou, expert de la Turquie à Sciences-Po Grenoble.
De fait, l’UE ne sait plus comment gérer sa relation avec Ankara, pourtant rendue obligatoire par l’imbrication des intérêts économiques, migratoires et militaires. Les responsables européens ont essayé maintes fois de remettre cet embarrassant partenaire – à la fois membre de l’Otan et du Conseil de l’Europe – dans le droit chemin.
La ligne rouge du rétablissement de la peine de mort
Le Parlement européen, a notamment adopté le 24 novembre dernier une résolution appelant au gel temporaire du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE), en raison de la répression « disproportionnée » et des purges en cours dans ce pays depuis le coup d’État avorté de juillet 2016. Pour l’UE, il y a une « ligne rouge » à ne pas franchir : le rétablissement de la peine de mort, promis par Recep Tayyip Erdogan. Les négociations seraient alors définitivement interrompues.