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Le Point, le 02/06/2017
La littérature est leur arme de combattants de la liberté au pays d’Erdogan où « la question kurde » est en ligne de mire. Rencontres à Istanbul.
La « question kurde » comme on la nomme est depuis longtemps dans le viseur du pouvoir turc. Une obsession pour le président Erdogan. C’est parce qu’elle a écrit sur les Kurdes qu’Asli Erdogan, emprisonnée plus de quatre mois, est toujours poursuivie pour propagande terroriste (prochaine audience le 22 juin) et avec elle les collaborateurs du journal prokurde Özgür Gündem. On peut également citer la sociologue Pinar Selek victime depuis 1998 d’un acharnement judiciaire en raison de ses recherches sur les Kurdes, et condamnée à l’exil.
Au milieu des combats, entre Ankara et le PKK (Parti des travailleurs kurdes, une organisation considérée comme terroriste par la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis notamment), qui ont repris depuis fin 2015, il y a ce peuple kurde de Turquie (20 % de la population) que le jeune écrivain Murat Özyasarque fait vivre d’une façon admirable dans sa nouvelle SixTrenteCinq, inédite en français et que Le Point publie en exclusivité. Nous avons rencontré l’écrivain (qui était invité du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo du 3 au 5 juin auquel il ne pourra se rendre, son passeport lui a été confisqué le vendredi 2 juin au matin à l’aéroport) à Istanbul, ainsi que son aîné d’origine kurde, lui aussi, homosexuel et défenseur de toutes les minorités, Murathan Mungan. Mais au-delà de leur origine, et de toute étiquette, ce sont d’abord des écrivains singuliers que l’on invite à découvrir, qu’ils écrivent depuis leur pays, tels Mehmet Said Aydin ou Azad Ziya Eren, ou en exil. Ils sont, parmi d’autres, ces facettes d’une Turquie qui n’est pas que d’ombres, et dont on ne finit pas d’explorer la riche littérature.
Murathan Mungan, défenseur des minorités
Premier écrivain homosexuel de la République turque à avoir fait son coming out. © ©Actes Sud/presse
Dès son cinquième livre, Le Dernier Istanbul, écrit au début des années 1980, il racontait la vie des homosexuels dans le « ventre » des hammams. Un tournant dans l’histoire littéraire de la République turque puisque Murathan Mungan est le premier écrivain à y avoir fait son coming out. « ll fallait bien que quelqu’un commence. La sexualité est politique. Mon point de vue politique défend la clarté, la simplicité et l’honnêteté. » Emblème de liberté dans la société turque, connu de toutes les générations, dramaturge, poète, romancier, Murathan Mungan est non seulement un écrivain de stature internationale, très populaire en son pays, mais aussi un citoyen engagé. Un soir, il voit un jeune couple de garçons s’embrasser en public. Ceux-ci le reconnaissent et lui disent combien il a contribué à la liberté de ce baiser. « Voici un prix littéraire, à mes yeux. Ce genre de moment rend sentimental. Vous voyez que vous n’écrivez pas pour rien. Pour moi, la littérature, c’est toucher à la vie des gens, être une part de leur vie. »
Kurde (et même Arabo-Kurde) et homosexuel, il se définit d’abord comme écrivain et défend toutes les minorités opprimées en Turquie. Tel est cet esthète militant, bel homme de 62 ans, à l’allure juvénile (et avec ces « beaux yeux des Kurdes », comme il l’écrit d’un de ses personnages), que l’on rencontre à Istanbul dans le quartier bohème de Beyoglu, au siège des éditions Metis, qui le publient en Turquie. Soixante livres derrière lui, dont trois chez Actes Sud et une nouvelle chez Galaade. C’est dans cette maison connue pour son engagement au long cours dans les lettres turques que devait paraître en français Le Dernier Istanbul, dont Le Point publie un extrait. Mais, faute de repreneur, les éditions Galaade viennent d’être mises en liquidation judiciaire avant d’avoir pu l’imprimer.
Le chemin du hamman, le jeune Kurde Ali le prend déjà dans Quarante chambres aux trois miroirs (Actes Sud), où il découvre l’hypocrisie sexuelle. « De l’Empire ottoman à nos jours, le hammam est un lieu de rassemblement. Imaginez que vous êtes sous la terre, mais nu. Et, quand vous remontez sur Terre, vous êtes obligé de porter les habits de l’image sociale, puisque vous redevenez visible. Tant que vous ne dites pas que vous êtes kurde, ils feront même de vous un président de la République. Tant que vous ne dites pas que vous êtes homosexuel, vous pouvez vous positionner dans le domaine que vous souhaitez. L’homosexualité des artistes est vue comme une chose naturelle. Mais les fonctionnaires, les employés, ne peuvent pas en parler et, pour eux, le hammam est le lieu où l’on peut respirer. Aujourd’hui, la situation a changé. Nous ne sommes plus sous terre mais sur Terre. Cependant, en Turquie tout est toujours fragile. C’est pourquoi personne ne doit se détendre. »
Mon sujet a toujours été l’identité : Qui suis-je ? Qui sommes-nous ?
Sous la tyrannie Erdogan, la politique envahit plus que jamais sa vie. Il devient difficile de penser à la littérature, à la culture, même pour Murathan Mungan, qui ne fait que cela, sous toutes ses formes, et malgré une censure qui ne date pas d’hier. « Dans les années 1980, pour que ma pièce de théâtre Taziye (Cérémonie funèbre) puisse être jouée sur une scène publique, il aurait fallu que mes personnages ne gardent pas leurs prénoms kurdes sur scène. Aujourd’hui un prénom ? Demain un paragraphe, ensuite une page ? J’ai refusé. » Refus gagnant. Plus tard, sa pièce sera jouée dans le texte.
Originaire de Mardin, ville kurde du sud-est de la Turquie, étudiant à Ankara, Stambouliote depuis 1985, Murathan Mungan a passé sa jeunesse d’un coup d’État à l’autre. Depuis celui contre Erdogan, manqué, en juillet 2016, il se sent « prisonnier dans son propre pays », otage même, sans cesser d’écrire au nom de toutes les libertés par le biais des affects, des corps, des vêtements, des décors. « Je n’écris pas seulement sur l’homosexualité mais sur les autres en général. À travers un personnage, un souvenir, une référence. Les yézidis, dans mon premier livre écrit à l’âge de 24 ans, les Arméniens, les femmes… Mon sujet a toujours été l’identité : Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? »
Régulièrement, il dirige des anthologies sur des thèmes dérangeants, qui compensent le manque d’information sur la situation des Kurdes, notamment. Salut solda rassemble ainsi des textes sur les morts suspectes (présentées comme des suicides) dans l’armée, qui sont souvent celles des « minoritaires, tels les soldats kurdes ». C’est dans ce recueil qu’il a publié le jeune Murat Özyasar, qui a aussi contribué à une autre de ses anthologies, consacrée au « génocide des Kurdes à Dersim, en 1938. Un texte de fiction frappe plus fortement qu’un article. Je veux attirer l’attention, mettre en lumière un problème social par la voie de la littérature. »
Aujourd’hui, Murathan Mungan vient de clore sa série de nouvelles des Quarante chambres, inaugure un symposium sur les utopies, pense que « tout est et sera probablement pire encore », mais réaffirme : « Nous n’allons jamais, mais jamais nous rendre, nous allons continuer de défendre la paix, la solidarité démocratique et le vivre ensemble. Ce qui arrive prend sa source dans le passé. Un écrivain ne se limite pas à l’actualité, c’est ce qui nous différencie des journalistes. »
Murat Özyasar, l’inventeur de l’anti-héros kurde
Enseignant, l’auteur kurde arrêté puis libéré attend toujours son procès. © ©Philippe Dupuich
En attente de son procès, et fraîchement libéré de six jours de garde à vue, Murat Özyasar, que l’on avait rencontré en novembre au café de la librairie Mephisto, avenue Istiklal, nerveux, écrasant une à une ses cigarettes, ne souhaite parler que de son livre, surtout pas de sa situation et encore moins de politique, comme le lui a recommandé son avocat. Seulement voilà : Rire noir, publié en 2015, dit tellement bien la situation étouffante de la Turquie, et particulièrement ce par quoi en passent les Kurdes, dans la mire obsessionnelle du président Erdogan, qu’on y revient toujours.
Le professeur de langue et littérature turques a été suspendu, puis réintégré, comme des milliers d’enseignants, pour avoir manifesté contre les attaques de l’armée turque, à l’automne 2015, mettant fin au cessez-le-feu de 2013 avec le PKK. Né à Diyarbakir, dans le sud-est du pays, en 1979, Murat a quitté sa ville en 2015 pour Istanbul, où il vit avec sa femme, journaliste littéraire, et leur petite-fille. Elle venait de naître quand la police a cueilli le jeune papa à son domicile, en octobre 2016. Depuis sa libération, il attend, comme tant d’autres, le verdict de la justice, et a recommencé à enseigner.
Rire noir, qu’auraient dû publier aussi les éditions Galaade (tombée en liquidation judiciaire) est le second livre de ce jeune écrivain kurde, après Le Frappement du miroir (2008), couronné de deux prix littéraires importants. « C’est une expression utilisée chez les barbiers parce que certains hommes n’arrivent pas à se regarder dans le miroir. Au moment de se voir, ils vomissent ou s’évanouissent… Le miroir est l’image de la confrontation, pour ce qui me concerne à mon enfance, à ma vie dans ce pays, que j’ai voulu affronter en écrivant. »
Je ne m’approche pas de la littérature avec le sentiment d’un devoir
Et ce dans une langue hybride où se rencontrent, métaphore utopique de leurs relations, le kurde et le turc. Son recueil Rire noir se place dans a continuité, frappe les esprits, et notamment l’une des ses nouvelles, SixTrenteCinq (surnom de la plus petite des armes et titre de ce texte inédit en français), que Le Point publie en exclusivité. Le personnage est un jeune Kurde de Turquie qui effectue son service militaire dans l’armée turque. Son frère, lui, se trouve dans le camp ennemi (on devine qu’il s’agit du PKK). « Mais il y a aussi une guerre entre lui et son frère, qui renvoie à celle entre Caïn et Abel », précise l’écrivain, peintre de l’âme humaine et pas seulement des âmes kurdes, ce à quoi pourrait le « contraindre » son origine. « Je ne m’approche pas de la littérature avec le sentiment d’un devoir. » Mais, par l’intime, il éclaire de l’intérieur, et de manière extrêmement nuancée, les déchirements du peuple kurde. Murat Özyasar ne le dira pas explicitement. Pourtant, il s’agit bien, pour lui, de régler ses comptes avec le pouvoir, celui de l’armée, de toute lutte armée, de toute autre figure l’incarnant.
Avec Rire noir, Murat Özyasar marque un tournant dans la littérature kurde : « Jusqu’à présent, les histoires sur les Kurdes avaient pour objectif de créer des idoles au caractère épique. Mais, aujourd’hui, nous avons commencé à regarder nos frères, nos voisins, l’homme assis dans un café, le passant dans une rue. SixTrenteCinq n’est pas un personnage épique, c’est un antihéros. »
Dans une autre nouvelle de Rire noir, Murat Özyasar décrit l’ennui qui étreint les habitants de sa ville natale alors que les combats font rage autour d’eux – un ennui dont la littérature l’a sauvé. « Un enseignant m’a fait connaître un poème qui parlait d’un bateau quittant un port. Ce poème parlait de la mort, et le bateau représentait le cercueil. Mais les mots “mort” et “cercueil” n’y figuraient pas. La parole m’est apparue comme une chose magique. J’ai été envoûté et, depuis, je fais confiance aux mots. »
LIRE la nouvelle SixTrenteCinq de Murat Özyaşar
Exilé, souterrain… Le renouveau littéraire turc
Azad Ziya Eren, lointaine Anatolie
Le poète kurde raconte son expérience d’instituteur en Anatolie, il est en résidence à la Rochelle et invité au festival Etonnants voyageurs de Saint Malo. © © Ubeyd Aslan
Né en 1976 à Diyarbakir, lui aussi d’origine kurde et arménienne, ce poète a raconté, dans Instituteur de campagne en Anatolie (éditions Bleau autour), ses années d’enseignement dans ces terres désolées, comme en écho au livre Un village anatolien de son compatriote Mahmut Makal, paru dans la collection « Terre humaine » en 1961. C’était l’hiver 2002, à Sakizköy (province de Mardin), « l’un des nombreux villages témoignant de la dureté des conditions de vie dans l’Est anatolien et de l’indifférence que manifeste le reste du pays à l’égard de cette région ». Tout est dit, narré sous la plume de l’enseignant que fut le poète et plasticien, aujourd’hui en résidence à La Rochelle, après avoir fui sa ville, sa maison ayant été détruite dans les combats entre l’armée et le PKK, fin 2015.
Mehmet Said Aydin, poète et éditeur à suivre
Poète, éditeur, critique, valeur montant des lettres kurdes de Turquie. © ©Philippe Dupuich
Né en 1983 à Diyarbakir, Mehmet Said Aydin vit à Istanbul. Il est le premier critique, en Turquie, à avoir parlé de la nouvelle de son compatriote Murat Özyasar, SixTrenteCinq. Éditeur dans la maison Everest (qui publie Asli Erdogan), cette jeune figure des lettres kurdes est surtout un poète remarquable. On en jugera par sa première traduction en français, Le Jardin manqué, parue aux éditions Kontr. Ses chroniques, publiées dans la presse d’opposition, sont pour certaines traduites sur le site de cette jeune maison d’édition.
Le mouvement Yerlati, l’Istanbul underground
Murat Özyasar, Mehmet Said Aydin, mais aussi Yigit Bener, Asli Erdogan et Hakan Günday ont été photographiés depuis 2013 par Philippe Dupuich, qui présente des portraits de ces figures du renouveau culturel turc. Le mouvement Yeralti (Souterrain) qui les réunit irrigue la résistance littéraire, de blogs en revues. « Tous ces profils et imaginaires différents ont un point commun : ils passent l’âme et les névroses turques au scanner », précise l’éditeur Timour Muhidine, coauteur de cette manifestation, qui se tient jusqu’au 15 juillet à l’Institut français d’Istanbul.
La Turquie au festival Étonnants Voyageurs
Du 3 au 5 juin, à Saint-Malo, le festival Étonnants Voyageurs accueille la Turquie littéraire dans une édition qui débattra des relations entre démocratie et littérature :on apprend ce vendredi matin que Murat Özyasar ne sera pas au festival, son passport ayant été confisqué au départ d’Istanbul. Hakan Günday, venu d’Istanbul, mais encore Azad Ziya Eren, actuellement en France, et le poète Seyhmus Dagtekin, exilé en France et dont il faut conseiller la lecture de son premier roman, sur son enfance kurde, À la source, la nuit seront présents, sans oublier l’écrivain Moris Farhi, Turc émigré en Angleterre. Enfin, le festival a choisi pour son affiche un tableau du peintre Omer Kalesi, qui a vécu longtemps en Turquie avant de s’installer en France, approchant le mystère des derviches et la poésie de Yunus Emre, ce qui l’a lié, parmi bien d’autres choses, à son ami Jacques Lacarrière.
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