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Le Monde, le 02/11/2017
Par Jean-François Bayart (professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement, IHEID, Genève)
Dans une tribune au « Monde », le politologue Jean-François Bayart voit dans l’arrestation de l’homme d’affaires turc le signe que le chef de l’Etat truc veut en finir avec la solidarité entre les cultures.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 1er novembre 2017. HANDOUT / REUTERS
Tribune.
Osman Kavala a été arrêté le 18 octobre. Une arrestation parmi quelque 90 000 autres, depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 ? Ce n’est pas faire injure aux autres détenus politiques que d’y voir un signe particulier. Osman Kavala est un homme d’affaires qui a consacré une bonne part de sa fortune à la cause de la paix et du dialogue. La paix entre Turcs et Kurdes. Le dialogue entre Arméniens, d’une part, Turcs et Kurdes, de l’autre : il a été l’un des initiateurs de la campagne de reconnaissance du génocide de 1915. Le dialogue entre le gouvernement et son opposition : en 2013, il a été l’un des médiateurs entre les manifestants de Gezi et l’irascible Recep Tayyip Erdogan.
Le dialogue, enfin, entre la Turquie et les autres pays européens, dans lesquels il a voyagé inlassablement pour faire savoir que se menait, sur les rives du Bosphore, l’une des plus importantes batailles démocratiques du Vieux Continent. Ces dialogues, Osman Kavala les a nourris par la culture, dont il a été un architecte majeur par le biais de sa fondation Anadolu Kültür, du lieu d’exposition qu’il a ouvert dans le quartier de Tophane, le Depo, des festivals de Kars et de Diyarbakır qu’il soutient, de la maison d’édition Iletişim qu’il a contribué à créer, et de toutes ses activités de mécénat.
L’incarcération d’Osman Kavala scelle le refus de ces dialogues par le président Erdogan qui, ce faisant, se condamne lui-même. Osman Kavala a été l’un des meilleurs représentants de l’alliance qu’avaient nouée avec lui les libéraux soucieux de tourner la page du régime issu du coup d’Etat de 1980, et de réconcilier la République kémaliste des Turcs « blancs » avec la masse « noire » des croyants qu’avaient reléguée dans la subalternité sociale et culturelle une conception étatiste et autoritaire de la laïcité et le refoulement du passé ottoman.
Pendant longtemps, Recep Tayyip Erdoğan a hésité entre une conception universaliste de la République de Turquie, ouverte à toutes ses composantes ethnoreligieuses, et la conception nationaliste et ethniciste de la République turque, qu’avaient fini par faire prévaloir Mustafa Kemal et ses successeurs. Aucun homme d’Etat turc n’était allé aussi loin que lui dans l’acceptation du fait kurde et de la mémoire arménienne.
C’est à ces avancées qu’il a renoncé en écrasant le mouvement de Gezi, en rompant les négociations qu’il avait ouvertes avec le PKK, en imposant un régime présidentialiste dont l’opinion ne veut pas, comme l’ont montré les résultats pour le moins mitigés, et sans doute trafiqués, du référendum du 16 avril, et en purgeant l’appareil d’Etat, sur un mode quasi stalinien, à la faveur de la répression de la tentative de coup d’Etat de 2016.
En embastillant Osman Kavala, en le traitant de « Soros turc » quitte à flatter la fibre souverainiste de l’anticapitalisme primaire, de la xénophobie et de l’antisémitisme, il entend maintenant liquider la « société civile », déjà mise à mal par le musellement des médias. Les défenseurs des droits de l’homme, les universitaires, les créateurs, mais aussi les grandes entreprises de la Tüsiad, dont la relative autonomie par rapport à l’instrumentalisation politique des partenariats public-privé l’irrite, sont dans son viseur.
Une insulte à l’Europe
Après avoir concouru à l’en sortir, le président Erdogan replonge donc son pays dans l’ornière de la situation autoritaire qui s’est reproduite en Turquie depuis le règne absolutiste du sultan Abdülhamid II, la dictature du Comité union et progrès (CUP) et le régime de parti unique de Mustafa Kemal. Sans peut-être le savoir, il reprend certaines techniques de gouvernement de ce dernier, du culte de la personnalité à la réinvention très soviétique du passé historique, de la purge de masse à l’inféodation de la religion, et de l’économie au pouvoir politique. Il tourne aussi le dos à l’Europe, qu’il insulte tout en prétendant dialoguer avec elle.
Mais les démonstrations de force de Recep Tayyip Erdogan cachent mal son isolement croissant. Il dirige un Etat dont il a décapité l’armée, l’administration et la magistrature. Désormais affaibli dans les urnes, il s’est aliéné la vieille garde de son propre parti et ne gouverne plus qu’à travers son entourage familial en s’appuyant sur une majorité de députés qui sont ses obligés, mais incapables de le protéger de ses excès. Il a contraint à la démission les maires des grandes villes du pays pour les punir du non en faveur duquel elles se sont prononcées lors du référendum constitutionnel du 16 avril.
Ne risque-t-il pas maintenant d’être déposé par ceux-là mêmes qui l’ont fait président et craignent d’être frappés par la prochaine purge ? Si ce jour-là devait survenir, Recep Tayyip Erdogan comprendrait que l’arrestation d’Osman Kavala aura été celle de trop.
Jean-François Bayart
est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont
« L’Impasse national-libérale. Globalisation et repli identitaire » (La Découverte, 230 pages, 13 euros).
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