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La Croix, le 08/09/2020
Analyse
François d’Alançon
Dix-sept ans à la tête du pays, le président de la République turque incarne la synthèse entre islamisme et nationalisme. Pour lui, la réalisation des intérêts nationaux turcs ne passe plus par les alliances avec l’Occident.
Quatre fois la taille du château de Versailles. Une superficie de 300 000 m2, au moins 1 150 pièces, un jardin botanique, une salle de situation avec des systèmes de communication par satellite, des bunkers capables de résister aux attaques d’armes biologiques, nucléaires et chimiques. C’est là, dans son gigantesque palais de Bestepe, à la périphérie d’Ankara, que Recep Tayyip Erdogan dirige la manœuvre.
« Les Grecs vont comprendre, soit par le langage de la politique et de la diplomatie, soit sur le terrain via d’amères expériences », martelait le président turc, samedi 5 septembre, lors d’une allocution télévisée. Au cours de son entretien téléphonique, dimanche 6 septembre, avec le président du Conseil européen Charles Michel, l’homme fort du pays a exhorté « les institutions et les États membres de l’UE à rester équitables, impartiaux et objectifs et à agir de façon responsable sur les problématiques régionales, en particulier, en Méditerranée orientale ».
Bras de fer en Méditerranée orientale
Le bras de fer sur les gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale continue. Depuis le 10 août, Ankara a déployé un bateau sismique et une escorte de navires de guerre pour procéder à des explorations au large de l’île grecque de Kastellorizo. La Turquie mène aussi des prospections dans la zone économique exclusive (ZEE) de la République de Chypre, et son armée a lancé, dimanche 6 septembre, « Orage méditerranéen », des manœuvres annuelles en République turque de Chypre du Nord.
Une semaine plus tôt, la Turquie célébrait la Journée de la victoire, une fête nationale marquant la mise en déroute des forces grecques par l’armée de Mustafa Kemal Atatürk. L’année dernière, de retour d’un important exercice naval, des bâtiments de la marine turque ont salué au canon, dans le détroit du Bosphore, le mausolée de Hayreddin Barbarossa, corsaire et amiral de la marine ottomane au XVIe siècle, reprenant une tradition remontant à l’époque de l’Empire ottoman.
« Un projet personnel de puissance »
« La Turquie obtiendra sa juste part en Méditerranée, dans la mer Égée et dans la mer Noire », a affirmé le chef de l’État turc, dans un discours, mercredi 26 août, pour commémorer la victoire contre l’Empire grec byzantin à la bataille de Manzikert en 1071. « Si nous disons que nous allons faire quelque chose, nous le ferons et nous en paierons le prix », a-t-il ajouté.
L’Islam, le passé ottoman, les sultans, Mustafa Kemal Atatürk : Erdogan n’en finit pas de convoquer le passé et de revisiter l’histoire à l’appui de son ambition de puissance. « L’ultima ratio de ce répertoire de légitimation, c’est beaucoup d’opportunisme, avec un côté “bête politique” qui fait des coups et exploite les points faibles de l’Occident », affirme Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie contemporaine et Moyen-Orient de l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Erdogan est un islamiste et un nationaliste, mais il ne faut pas surestimer la cohérence de sa doctrine. Tout cela est arrivé en cours de route, pour consolider un projet personnel de puissance. La référence au passé ottoman, c’est de la com. »
Un père autoritaire et violent
Pour comprendre l’histoire de Recep Tayyip Erdogan, selon certains experts, il faut se pencher sur son rapport archaïque au père. Issu d’un milieu modeste, le reis a grandi dans le quartier populaire de Kasimpasa, à Istanbul, sous la coupe d’Ahmet Erdogan, capitaine dans la marine, un homme pieux, conservateur, autoritaire et violent.
L’enfant obligé de vendre dans la rue des petits pains aux grains de sésame, pour se payer des chaussures à crampons et pratiquer le football, se sent méprisé par la bourgeoisie laïque au pouvoir.
Champion de la « Turquie noire »
Inscrit dans le lycée confessionnel d’Istanbul, destiné à la formation de religieux, l’adolescent dévore les écrits du poète Necip Fazil Kisakürek, idole de plusieurs générations d’islamo-nationalistes turcs, et fait son ascension dans les milieux islamistes. Fondateur en 2001 du Parti de la justice et du développement (AKP), maire d’Istanbul entre 1994 et 1998, Recep Tayyip Erdogan rafle la majorité absolue au Parlement en 2002.
En dix ans, le champion de la « Turquie noire », la petite bourgeoisie industrielle et islamique de l’Anatolie, fait exploser le PNB du pays. Pragmatique, il s’appuie sur la candidature à l’Union européenne pour réduire l’influence de l’armée.
Dérive autoritaire
En 2013, c’est le point d’inflexion. Les événements du parc Gezi, les querelles avec les tenants de la confrérie de l’imam Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis, accélèrent la dérive autoritaire du régime. Après s’être servi des partis islamistes et des confréries, Erdogan se retourne contre une partie d’entre elles.
Le coup d’État avorté du 15 juillet 2016 lui donne l’occasion d’une vaste purge dans l’armée, la justice, la police et l’enseignement. Au cours de ces métamorphoses successives, Erdogan se sert des situations et des individus pour consolider son pouvoir. Son stratège, Ahmet Davutoglu, ex-ministre des affaires étrangères et ex-premier ministre, l’a aidé à promouvoir le rayonnement extérieur turc avant d’être limogé.
Fuite en avant et stratégie de free rider
Depuis les élections de 2018, le Parti de la justice et du développement (AKP) a perdu sa majorité absolue à l’assemblée nationale, ce qui l’oblige à compter sur son allié ultra-nationaliste, le Parti du mouvement nationaliste (MHP) de Devlet Bahceli.
« Erdogan pratique la fuite en avant, un peu comme les généraux argentins au moment de la crise des Malouines », analyse Jean-François Bayart, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève (1). « À partir du moment où la porte de l’Union européenne lui a été définitivement fermée, il ne lui restait plus qu’à incarner la synthèse entre islamisme et nationalisme. La réalisation des intérêts nationaux de la Turquie passe désormais par une stratégie de free rider, émancipée des alliances établies avec le camp occidental et européen et des institutions multilatérales. »
« Une notion de puissance retrouvée »
Au sein de l’armée, dans les élites islamistes et chez les ultranationalistes, la doctrine militaire de la « patrie bleue » a le vent en poupe. Théorisée en 2006 par Cem Gürdeniz, un contre-amiral à la retraite, ancien directeur de la planification dans la marine, elle met en avant la défense des droits maritimes de la Turquie. Cem Gürdeniz, un « kémaliste », adepte de la séparation entre religion et politique, partage les vues du courant eurasien, selon lequel les intérêts nationaux turcs divergent de ceux des États-Unis et de l’Europe.
« C’est une notion de puissance retrouvée, celle d’une puissance du milieu qui traite à la fois avec la Russie, la Chine, l’Europe et les États-Unis », explique Marc Pierini, chercheur associé à Carnegie Europe et ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie. « Le renforcement de la puissance militaire liée à l’expérience acquise dans les interventions en Syrie et en Libye et à de nouvelles capacités produites par l’industrie de défense turque donne une confiance nouvelle. »
Face au maître d’Ankara, des Européens dispersés
Tensions avec Paris et Athènes. Plusieurs pays de l’UE connaissent de vives tensions avec la Turquie, tant sur le dossier libyen et les questions migratoires que sur la sécurité et les réserves de gaz en Méditerranée orientale. C’est en particulier le cas de la France et de la Grèce.
Menace de sanctions européennes. Le représentant de l’UE pour la diplomatie, Josep Borrell, a menacé, le 28 août, Ankara de nouvelles sanctions, s’il n’y avait pas de progrès dans le dialogue avec Athènes sur la crise en Méditerranée orientale. Le Conseil européen des 24 et 25 septembre sera notamment consacré à l’étude de ces sanctions, a confirmé, dimanche 6 septembre, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Les efforts de médiation d’Angela Merkel. Lors d’une visioconférence bilatérale, le 4 septembre, le président turc a affirmé à la chancelière allemande être favorable à un partage équitable en Méditerranée orientale, où les droits de la Turquie et des Chypriotes turcs seront protégés et où tous les pays côtiers seront « gagnants ».
(1) L’Islam républicain, Albin Michel, 2010, 24,30 €
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