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Le Figaro, le 23/06/2018
Par Delphine Minoui
REPORTAGE – Au nord de la Turquie, où l’AKP est puissamment ancré, le double scrutin présidentiel et législatif se présente comme un test pour le chef de l’État, aujourd’hui contesté pour sa mauvaise gestion et sa soif de pouvoir.
Le taxi jaune file à flanc de colline, longeant des vergers inondés de soleil. «Ne vous fiez pas au paysage! La réalité est bien moins bucolique», peste Shenel, accroché au volant de sa Peugeot. La voiture freine, se gare à l’orée d’un jardin. «Et voici mon champ de noisettes! Par le passé, mon grand-père pouvait vivre de sa seule récolte. Aujourd’hui, je dois faire le chauffeur de taxi pour payer les travailleurs saisonniers. Que fait Recep Tayyip Erdogan? Où sont passées ses promesses économiques?» poursuit l’agriculteur de Gülyali, bourgade de 10.000 âmes aux bords de la mer Noire. Dans cette province côtière du nord de la Turquie, où l’AKP est puissamment ancré, le double scrutin présidentiel et législatif se présente comme un test pour le chef de l’État, aujourd’hui contesté pour sa mauvaise gestion et sa soif de pouvoir.
«À quoi bon faire des aéroports quand la population meurt de faim ?»
Shenel, agriculteur de Gülyali
Faisant fi des critiques, l’enfant du pays (la famille d’Erdogan est originaire de Rize, plus à l’est) refuse de courber l’échine: ce lundi 18 juin, il s’est déplacé jusqu’à la ville d’Ordu, où son principal rival, le candidat de centre gauche Muharrem Ince avait rassemblé les foules, la semaine d’avant, en scandant «Taman» («Assez!») sous une pluie d’applaudissements. Mais ni ses discours ni ses posters géants dressant la liste des «prouesses» de son islamo-capitalisme (constructions de nouveaux ponts, parcs et aéroports) ne séduisent comme avant. «À quoi bon faire des aéroports quand la population meurt de faim?» s’emporte Shenel, le producteur de noisettes. Celui d’Ordu, justement, en est le meilleur exemple: inauguré il y a deux ans sur une île artificielle, il permet de rallier Istanbul en une heure (contre dix de plus en voiture). «Sauf que je n’ai pas les moyens de me payer un vol. Tout ceci n’est qu’un jeu de dupe», enrage Shenel.
«Au lieu de proposer des solutions viables,
les autorités nous stigmatisent en nous accusant de semer la zizanie»
Kutsi Yasar, le président du syndicat des producteurs de noisettes
L’incapacité de l’ex-premier ministre, élu président en 2014, à gérer la crise des noisettes nourrit la grogne anti-Erdogan. Dans cette province fertile du nord de la Turquie, c’est le gros des revenus. Or la production fléchit et les prix ont chuté de moitié en deux ans. La moindre manifestation de contestation est aussitôt quadrillée par la police. En septembre dernier, une marche de trois jours entre Ordu et Giresun, baptisée «Justice pour les noisettes», a néanmoins rassemblé quelque 4000 participants. «Le gouvernement s’est alors résigné à augmenter d’une livre turque le prix au kilo. Mais il en faut plus pour satisfaire les gens», prévient Necati Tigli, le représentant du parti d’opposition CHP dans la ville de Giresun. «Au lieu de proposer des solutions viables, les autorités nous stigmatisent en nous accusant de semer la zizanie», déplore Kutsi Yasar, le président du syndicat des producteurs de noisettes. Le problème, insiste-t-il, est pourtant grave: «90 % des cultivateurs sont endettés et nous sommes la région du pays où le taux de chômage est le plus élevé.»
«Ça devient invivable»
Au siège de l’AKP, lové dans une rue grouillante de Giresun, on dit miser sur la diversification et l’industrialisation pour créer de nouveaux emplois. «Nous sommes en train de construire une nouvelle zone industrielle qui sera prête dans moins de deux ans», se targue Nete Bahadir Yilmaz, son représentant, peu sensible aux nombreuses mises en garde écologiques. Cet ingénieur de la région affiche fièrement ses liens privilégiés avec le pouvoir. «Nous avons l’entier soutien de Nurettin Canikli, l’actuel ministre de la Défense. Nous sommes honorés de l’appeler notre “frère”. C’est un enfant du pays, lui aussi», avance-t-il. Un clanisme assumé qui irrite l’opposition, déjà remontée contre la politique AKP d’encadrement social et d’islamisation d’une population déjà largement conservatrice.
«En s’imposant comme le leader mondial des musulmans opprimés,
Erdogan cherche à fédérer les masses plus religieuses et populaires autour de lui»
Kutsi Yasar, le président du syndicat des producteurs de noisettes
«Chaque élection est systématiquement précédée de distribution de sucre, de farine et d’aides en tout genre. Une façon d’acheter les votes», grogne Kutsi Yasar. Il ne peut, non plus, rester aveugle à ce qu’il appelle ouvertement «une manipulation de la religion à des fins politiques». Et de citer, pêle-mêle, les privilèges accordés aux diplômés des lycées religieux Imam Hatip, la démultiplication de célébrations comme «la conquête de La Mecque» ou encore ces banderoles pro-Palestine récemment brandies par l’équipe de football locale. «En s’imposant comme le leader mondial des musulmans opprimés, Erdogan cherche à fédérer les masses plus religieuses et populaires autour de lui», dit-il.
Mais cette tactique, source de polarisation croissante, trouve ses limites. «Si l’AKP parvient à consolider sa base, il peine à l’élargir», observe le politologue Yuksel Taskin. La campagne électorale a même révélé certaines fissures parmi ses propres partisans. «Voter pour Erdogan, hors de question!», prévient Hayri, la soixantaine. Assis dans un café enfumé de Gülyali, cet ex-fan du reis hésite aujourd’hui entre Muharrem Ince et l’ex-nationaliste Meral Aksener. La raison de ce revirement? «Économique, évidemment! Vous avez vu le prix des oignons et des pommes de terre? Ça devient invivable», dit-il, en dénonçant l’affairisme de celui qui se disait, à ses débuts, «au service du peuple».
«Pour beaucoup, Erdogan reste celui qui a sorti notre région de l’isolement»
Le politologue Yuksel Taskin, originaire de la mer Noire
Mais sa déception a d’autres motifs. «En fait, c’est l’an passé, au moment du référendum sur la nouvelle Constitution que j’ai changé de clan. Cette idée d’un pouvoir renforcé du président me chiffonne. Comment un seul homme peut-il gouverner tout un pays, quand je ne suis même pas capable de gérer ma propre maison!» ironise-t-il. C’est surtout l’immensité des purges, orchestrées depuis le putsch raté de juillet 2016 qui a provoqué sa mue politique. «Regardez toutes ces personnes arrêtées qui n’ont même pas eu la chance de se défendre. C’est inacceptable!», ajoute-t-il. Autour de lui, les clients opinent de la tête.
Cette déception croissante est-elle suffisante pour renverser la tendance? «Ce n’est pas gagné», concède Yksel Taskin, lui-même originaire de la mer Noire. «Pour beaucoup, Erdogan reste celui qui a sorti notre région de l’isolement», observe-t-il. Et de rappeler qu’au référendum, le «oui» l’a emporté haut la main avec 60 % des voix (contre 51,41 % à l’échelle nationale). À l’entrée du village de Turnasuyu, à quelques kilomètres de Gülyali, un portrait géant du reis donne le ton. «Ici, nous aimons tous Erdogan!» prévient Mehmet Köksal, un habitant. «Il a tué la culture de noisettes. C’est sa seule erreur. Mais pour rien au monde, je ne voterai pour un autre candidat qu’Erdogan!» dit-il sans hésiter.
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