Le rédacteur en chef du quotidien d’opposition turc Cumhuriyet a annoncé sa démission, lundi 15 août, expliquant ne plus croire en la justice de son pays. En mai, Can Dündar avait été condamné en première instance à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d’Etat, dans une affaire qui avait provoqué la colère du président Recep Tayyip Erdogan. Il avait été autorisé à rester en liberté en attendant la décision de la cour d’appel.
Dans une tribune publiée lundi dans le quotidien, il a fait savoir qu’il ne se rendrait pas au tribunal « tant qu’il y aura l’état d’urgence », imposé à la suite du putsch manqué du 15 juillet. Il estime que cette situation l’empêche d’avoir droit à unprocès équitable :
« Faire confiance à un tel pouvoir revient à mettre sa tête sous la guillotine. (…)  Désormais, nous ne faisons pas face à la justice mais au gouvernement. Aucun tribunal supérieur ne pourra s’opposer au non-droit qui s’installe. »
Le journaliste a aussi annoncé qu’il continuerait d’écrire des tribunes en tant que chroniqueur.
Perquisitions dans des tribunaux à Istanbul
Le même jour, la police turque a mené des perquisitions dans trois tribunaux d’Istanbul à la recherche de plus de 170 juges, procureurs et employés, soupçonnés de liens avec le coup d’Etat avorté en juillet contre le président Recep Tayyip Erdogan. Selon l’agence de presse privée Dogan, des perquisitions ont été menées au sein du palais de justice de Caglayan ainsi que dans deux autres tribunaux d’Istanbul dans les quartiers de Gaziosmanpasa et Bakirkoy.
Les 173 mandats d’arrêt visaient des personnes soupçonnées d’avoir des liens avec prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être le cerveau du coup d’Etat manqué, ce que l’intéressé nie. Le nombre de personnes arrêtées au cours de ces perquisitions n’a pas été précisé.
D’après les chiffres officiels, plus de 35 000 personnes ont été arrêtées à ce jour dans le cadre d’une vaste purge menée depuis le coup d’Etat qui a fait 273 morts. Parmi elles, 11 597 ont toutefois été libérées, mais l’ampleur de la purge, qui a touché l’armée et la police mais aussi l’enseignement, les médias, la justice, a été vivement critiquée à l’étranger et dénoncée comme une chasse aux sorcières.
♦