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Courrier International, le
Un an après la tentative ratée de coup d’État, l’AKP a organisé dans tout le pays des cérémonies d’une ampleur inégalée pour célébrer la victoire du peuple contre les putschistes. Pour Ilker Küçükparlak, psychiatre, l’AKP a enfin trouvé le traumatisme collectif sur lequel bâtir un nouveau récit fondateur.
La tentative de putsch du 15 juillet 2016 a constitué un véritable traumatisme pour la société turque, en ce sens qu’elle est survenue sans crier gare et a ébranlé le sentiment que tout un chacun éprouvait de tenir les rênes de son existence.
C’est un évènement qui présente plusieurs dimensions. Dans un premier temps, la population, en se retrouvant exposée aux tirs des tanks et avions de combat des putschistes, s’est sentie démunie et a fait l’expérience d’un sentiment d’impuissance extrême. Dans un second temps, la déroute subie par les putschistes a renforcé le sentiment des Turcs qu’ils étaient capables de faire face aux évènements.
“Ils sont venus à cinq, j’en ai allongé trois mais j’ai été dépassé par le nombre”… Ce genre de clichés belliqueux a pour fonction de protéger le sentiment d’agentivité [agency], c’est-à-dire la certitude d’être le sujet de sa propre existence. Or cette dimension joue un rôle fondamental pour nous protéger des traumatismes ou nous permettre de les surmonter. C’est pour cette raison que l’on préfère désormais qualifier les rescapés d’une catastrophe de “survivants” plutôt que de “victimes”.
Un évènement traumatique se dépose dans la mémoire sous forme de flashs, de ressentis, de perceptions. Un crissement de frein, une odeur de brûlé, l’obscurité, un mot, le sentiment de peur s’ancrent indépendamment du vécu traumatique et peuvent ressurgir à tout moment, plongeant la personne concernée dans une terreur soudaine. Il arrive également qu’un traumatisme soit complètement ou partiellement effacé de la mémoire, obligeant le thérapeute à le reconstituer au travers des silences ou des trous émaillant un récit biographique.
De “survivants” à “héros”
Lorsque ces récits prennent une dimension historique, les “survivants” se muent en “héros” dont on considère que le sacrifice a eu des répercussions durables : ainsi ce serait aux héros américains que nous devrions de pouvoir vivre aujourd’hui dans un monde libre.
Pour cette raison, il n’est pas bienvenu en Turquie de rappeler que la victoire des Dardanelles [de l’Empire ottoman] contre les Britanniques et les Français [avril 1915-janvier 1916], qui a permis à Istanbul d’échapper à l’invasion, s’est soldée, deux ans plus tard, par une défaite et une occupation en règle.
Ces récits visant à souligner le pouvoir d’action d’une communauté, sa capacité à parvenir à ses fins en opérant comme un seul homme, renforcent le sentiment d’agentivité. Or un même évènement peut aussi bien déboucher sur un mythe héroïque ou sur un traumatisme collectif selon la manière dont il est mis en récit.
Le psychiatre et psychanalyste chypriote-turc Vamık Volkan a forgé le terme de “traumatisme électif” pour désigner les cas où un groupe victime d’une agression se retrouve démuni, déprécié et en incapacité de surmonter le traumatisme qui en découle. Ce type de traumatisme se transmet de génération en génération et constitue généralement une composante essentielle de l’identité collective.
D’après Volkan, le traumatisme électif placé au cœur de l’identité nationale turque serait l’effondrement de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale et l’occupation qui s’en est suivie. Bien que Volkan considère que cette dynamique est largement inconsciente, il nous paraît indéniable que l’État joue un rôle notamment via l’enseignement public et l’histoire officielle.
Le sociologue Kulcsár László évoque ainsi l’épisode biblique de la chute de Massada [en 73], au cours duquel des zélotes juifs préférèrent se suicider en masse plutôt que de se livrer à l’envahisseur romain. Ce récit joua un rôle clé de restauration du narcissisme juif lors de la création de l’État d’Israël.
Un traumatisme électif
L’AKP a toujours ambitionné de refonder l’identité collective turque. Le discours sur la “Nouvelle Turquie”, les dates jalons telles que 2023 [centenaire de la fondation de la République de Turquie] ou 2071 [millénaire de la bataille de Manzikert entre l’Empire byzantin et les Turcs seldjoukides], les grandes victoires alternatives telles que Kut Al-Amara [contre les Britanniques pendant la Première Guerre mondiale], les fêtes religieuses alternatives telles que la semaine de Mawlid [naissance du prophète Mahomet] sont le fruit de cette ambition et ont fleuri un peu partout, alors que dans le même temps, les célébrations des fêtes nationales turques avaient tendance à être annulées ou reportées pour des raisons de sécurité.
Manquait toutefois un élément primordial : un traumatisme électif. Pendant longtemps, on s’est contenté de critiquer la “tutelle kémaliste” [du nom de l’idéologie fondatrice de la République de Turquie] en dénonçant l’oppression exercée par les kémalistes sur la question du voile, en évoquant les mosquées transformées en étables, l’interdiction de l’appel à la prière ou l’ivrognerie d’Atatürk [fondateur de la République de Turquie] et d’Ismet Inönü… Or cela ne s’est pas révélé très efficace. Et c’est alors que survint le 15 juillet 2016, que le président Erdogan qualifierait lors de sa première intervention de “bénédiction”.
Enfin on disposait d’un traumatisme, consécutif d’un putsch s’étant soldé par des centaines de morts et des milliers de blessés civils. On s’empressa alors de faire figurer le 15 juillet dans les programmes scolaires en faisant fi des préoccupations légitimes des parents et de la communauté enseignante. On se mit à monter des spectacles où de jeunes enfants incarnaient des civils morts devant les tanks des putschistes. L’échec de ces derniers à s’emparer de sa personne fut même comparé par Erdogan à l’épisode coranique au cours duquel Mahomet échappe à ses poursuivants en se réfugiant dans une grotte dont l’entrée est magiquement couverte de toiles d’araignées.
La première date anniversaire approchant, le président turc a comparé le 15 juillet aux victoire ottomanes et turques des Dardanelles, de Dumlupinar et de Sakarya. Plus rien ne serait comme avant. En un mot : “Nous resterons ou nous mourrons”, comme l’a dit Erdogan, ajoutant que le courage et la hardiesse acquis ce jour-là nous mèneraient tous ensemble vers notre prochaine victoire, fixée à 2023.
Payer pour éviter le service militaire
Les affiches créées pour l’occasion évoquent tout à la fois les combats ayant opposé civils et putschistes et l’instant de la victoire. Certaines scènes, en dépeignant le bombardement du Parlement et les civils blessés, plongent l’observateur au cœur des combats, et rappellent le traumatisme qu’a constitué ce putsch raté. Le 15 juillet est une aubaine pour l’AKP, qui a trouvé ce qu’il a toujours cherché : un nouveau mythe fondateur.
Il y a tout lieu de penser que l’armée aura à pâtir de ce nouveau mythe fondateur. En Turquie, le service militaire est un marqueur d’entrée dans l’âge adulte et débouche traditionnellement sur le mariage et le début de la vie active. Dans ce cadre, être réformé ou ne pas effectuer son service militaire est une source de honte. Or, suite au coup d’État, les militaires ont commencé à être dépeints de manière hostile.
Avec nombre de possibilités d’être exempté moyennant paiement, le service militaire est de plus en plus perçu comme un fardeau réservé aux pauvres qui n’ont pas eu les moyens d’épargner suffisamment pour en être exemptés. C’est probablement l’une des causes de l’augmentation des suicides constatée chez les militaires. Dans un pays où le service reste de rigueur, il est probable que cet état de fait débouche sur des crises futures.
Ilker Küçükparlak
“Un Jour” a été lancé en 2004 grâce à des fonds réunis par un groupe d’intellectuels turcs. Situé clairement à gauche, le titre est proche de la sensibilité des Verts européens…
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