Plusieurs centaines de milliers de manifestants se sont réunies à Istanbul dimanche pour défendre l’indépendance de la justice et dénoncer la dérive autoritaire du pouvoir.
Sous un soleil de plomb, ils étaient plusieurs centaines de milliers, casquettes blanches et fanions rouges frappés du drapeau turc ou de l’effigie du fondateur de la République turque Mustafa Kemal, rassemblés dans le quartier de Maltepe, au nord-est d’Istanbul. Ils répondaient à l’appel des principaux partis d’opposition à se mobiliser autour du mot d’ordre de « Justice ».
Celal et Birgül, un couple de fonctionnaires, sont présents avec leurs trois enfants : « Nous sommes venus défendre la liberté, la laïcité et la République, contre l‘autoritarisme et la politisation du système judiciaire », clame la mère de famille, qui arbore un tee-shirt bardé du mot « Justice ». Comme la majorité des participants, la famille est sympathisante du principal parti d’opposition social-démocrate, le CHP (parti républicain du peuple).
C’est l’arrestation, il y a 26 jours, d’un député de ce parti qui a poussé l’opposition à organiser une grande marche. Menée par Kemal Kiliçdaroglu, le chef du CHP, elle a relié la capitale Ankara à Istanbul, la plus grande ville du pays.
« La justice concerne tout le monde »
Au-delà du CHP, la manifestation de dimanche, qui concluait l’arrivée des marcheurs à Istanbul, a rassemblé quelques élus et activistes pro-kurdes, ainsi que des militants de gauche. « Que personne ne pense que cette marche est la dernière », a déclaré à la foule Kemal Kiliçdaroglu, en guise de nouveau défi au pouvoir qui avait déployé 15 000 policiers pour encadrer la manifestation.
Veysel et Ahmet, 19 ans, couraient à droite et à gauche pour distribuer la brochure de leur petite organisation d’extrême-gauche. « La justice concerne tout le monde, pas uniquement le CHP ou le HDP (parti pro-kurde), et rien ne nous empêchera de la défendre, ni les menaces du pouvoir ni celles des parrains de la mafia et des fascistes qui lui sont alliés », ont asséné les jeunes hommes.
Malgré le succès de la marche et du rassemblement d’hier, l’impact et l’avenir politique du rassemblement demeurent incertains. Cihan, ingénieur à la retraite, préférait ne pas se faire d’illusions : « Je ne pense pas que ça va changer les choses, mais c‘est important de se rassembler, de voir que l‘on est nombreux et d‘essayer de faire entendre notre voix. »
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