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Le Figaro, le 02/02/2021
Par Delphine Minoui
RÉCIT – La nomination d’un proche du pouvoir à la tête de l’université du Bosphore est à l’origine d’une fronde sans précédent contre le contrôle accru d’Erdogan sur l’enseignement supérieur.
Étudiants et professeurs de l’université du Bosphore, à Istanbul, protestent contre la nomination de Melih Bulu à la tête du prestigieux établissement public. MURAD SEZER/REUTERS
Il y a d’abord ce chiffre, «159», brandi à bout de bras en allusion au nombre de jeunes brutalement arrêtés dans la soirée de lundi. Il y a ensuite tous ces dos tournés vers le bureau du nouveau recteur récemment imposé par Erdogan. Et puis ce slogan: «On ne baisse pas les yeux», affiché sur un panneau géant. Ce mardi midi, un vent de colère et d’effroi ratisse la pelouse de l’université du Bosphore (Bogazici en turc). À la dénonciation, désormais quotidienne, du parachutage il y a un mois du nouveau maître des lieux, s’est greffée l’indignation face à la soudaine interpellation d’étudiants venus défendre leurs camarades arrêtés pour avoir accroché un symbole LGBT à un tableau représentant la Kaaba de La Mecque.
«L’université du Bosphore s’est toujours distinguée pour son ouverture d’esprit, son sens critique et son indépendance. C’est une oasis au milieu du désert. Aujourd’hui, cette oasis est en danger», avance Can Candan, professeur de cinéma et pilier de cette mobilisation contre la colonisation de ce rare dernier bastion de la liberté d’expression en Turquie.
L’onde de choc remonte au 1er janvier. À la surprise générale, le président turc nomme par décret un pion de son clan, Melih Bulu, à la tête du prestigieux établissement public. «Nous n’acceptons pas, nous ne renonçons pas», s’insurgent élèves et professeurs en se rassemblant par milliers sur le campus, vite cadenassé par la police. Pas question, disent-ils, de se laisser imposer un universitaire extérieur à Bogazici et proche de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir, pour lequel il a été candidat aux législatives de 2015.
Je passe devant la police antiémeute, les mitraillettes et les véhicules blindés pour pénétrer sur le campus de Bogazici et me placer sur le gazon afin de protester
Lale Akarun, enseignant en ingénierie informatique
D’aucuns évoquent également des soupçons de plagiat dans sa thèse de doctorat. Début janvier, une première riposte s’abat sur les frondeurs: tirs de gaz lacrymogène, descente dans les dortoirs, arrestation d’une trentaine d’étudiants, ultérieurement relâchés. Depuis, policiers antiémeutes et cerbères en civil montent la garde dans l’enceinte du campus transformé en forteresse.
«J’ai une double vie. Le matin, je donne mes cours sur Zoom. À midi, je mets deux masques, je passe devant la police antiémeute, les mitraillettes et les véhicules blindés pour pénétrer sur le campus de Bogazici et me placer sur le gazon afin de protester contre la nomination d’un politicien comme recteur (…) C’est surréaliste», ironisait sur son compte Twitter Lale Akarun, enseignant en ingénierie informatique, avant que la nouvelle rafle de lundi n’érode encore plus le peu qu’il restait de la liberté universitaire.
Pensée plurielle
Perchée sur une colline surplombant le détroit dont elle porte le nom, l’incontournable Bogazici est un phare dans la brume politique du pays. Fondée en 1863 par un missionnaire américain, dont elle a gardé la langue, l’anglais, comme base d’enseignement, elle a toujours fait rempart contre la mainmise du pouvoir sur l’enseignement supérieur. Après le coup d’État de 1980, la junte militaire de l’époque tenta déjà d’injecter son venin idéologique: nouveau cursus aux accents patriotiques, expulsion d’enseignants, création du Conseil de l’enseignement supérieur, le YÖK. En 1992, Bogazici parvient à s’affranchir de la tutelle de ce monstre administratif en défiant sa nouvelle procédure de nomination des recteurs.
Depuis, elle n’a jamais cessé d’encourager la pensée plurielle: on y débat ouvertement sur les féminicides, le sort de la minorité kurde, la question arménienne ou l’homosexualité. «L’université fut également la première à défendre le droit pour les femmes de porter le foulard», rappelle Zeynep Gambetti, qui y enseigne la théorie politique, en référence au temps, pas si lointain, où les pro-Erdogan faisaient partie des opprimés.
Quand début janvier 2016, la fameuse «pétition des universitaires pour la paix» réclamant la fin des opérations militaires lancées par Erdogan dans le Sud-Est kurde se met à circuler à travers le pays, c’est sans hésiter que 117 enseignants de Bogazici y ajoutent leurs noms. Quand, au printemps 2018, des étudiants pro-AKP distribuent des pâtisseries en soutien à l’offensive turque contre l’enclave kurde d’Afrin, en Syrie, le petit show de propagande déclenche aussitôt une manifestation d’étudiants pacifistes.
À chaque reprise, le pouvoir épingle les insoumis, les accusant de «soutien au terrorisme». Il se retient pourtant de trop sévir: si les professeurs sont poursuivis en justice, ils sont épargnés par les purges massives imposées à d’autres universités ; si les étudiants sont placés en examen, ils sont rapidement libérés.
Fin du «statut d’exception»
À partir du putsch avorté de juillet 2016, l’étau s’est néanmoins resserré: activités estudiantines – dont LGBT – de plus en plus limitées, universitaires accusés de se «saouler au whisky» dans ce «grand repaire d’un petit milieu élitiste». Bogazici subit également le même régime infligé depuis quatre ans à toutes les universités: celui de se voir à nouveau imposer un recteur. «Mais jusqu’ici, nous étions parvenus à une sorte de compromis avec la nomination d’un professeur interne à l’université», relève Can Candan.
La récente nomination sans élection ni consultation de Melih Bulu met fin, dit-il, «au statut d’exception». Pire: elle fait craindre le formatage généralisé du milieu académique, rappelant le projet d’Erdogan de «façonner une nouvelle génération pieuse». Le président turc s’en cache à peine. «Nous allons mener vers l’avenir non pas une jeunesse LGBT, mais une jeunesse digne de l’histoire glorieuse de cette nation», a-t-il affirmé ce lundi aux cadres de l’AKP. «Au-delà de l’idéologie et de la religiosité, c’est aussi une certaine culture de la soumission et du conformisme qu’on nous impose», s’inquiète Zeynep Gambetti.
Nous continuerons à protester tant que la police n’aura pas quitté le campus
Can Candan, professeur de cinéma
Boudé par les professeurs et par les étudiants, le nouveau recteur se serait lancé, dit-on, dans une offensive de charme en promettant de doubler le budget de l’université et d’offrir des primes aux enseignants. Mais à Bogazici, la liberté d’expression ne s’achète pas. «Nous continuerons à protester tant que la police n’aura pas quitté le campus et que Bulu n’aura pas démissionné (…), insiste Can Candan. C’est l’avenir des étudiants, mais aussi du pays, qui est en jeu.»
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