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Le Monde avec AFP, le 07/03/2020
Ankara maintient cependant sa décision de ne pas intervenir pour empêcher les migrants de quitter le pays par voie terrestre.
La Turquie continuera à laisser les migrants tenter de rejoindre l’Europe, mais pas par la mer. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a donné l’ordre samedi 7 mars aux gardes-côtes d’empêcher les migrants de traverser la mer Egée « en raison des dangers que cela comporte ». « L’approche consistant à ne pas intervenir pour empêcher les migrants de quitter la Turquie [par voie terrestre] reste valable », a cependant précisé le service des gardes-côtes.
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Les gardes-côtes ont affirmé avoir sauvé jeudi 97 migrants en danger, accusant les Grecs d’avoir « dégonflé leurs trois bateaux et les avoir laissés dériver, à moitié en train de couler ». Le président Erdogan avait déclaré quelques jours plus tôt que les Grecs avaient « recours à tous les moyens pour empêcher les migrants d’entrer sur leur territoire – allant jusqu’à les noyer ou les tuer à balles réelles », ce qu’Athènes a nié.
Ankara et Athènes échangent continuellement des accusations concernant les migrants qui tentent de passer la frontière entre les deux pays depuis que le président Erdogan a annoncé qu’il cessait de respecter l’accord de 2016 prévoyant que les migrants restent en Turquie. Aux Turcs qui dénoncent la brutalité des Grecs, ces derniers répondent en fustigeant des « fausses nouvelles fabriquées par la Turquie », qu’ils accusent de pousser les migrants à l’émigration vers la Grèce, et même de les y aider. « La Turquie, au lieu de réduire les réseaux de passeurs de migrants et réfugiés, s’est transformée elle-même en trafiquant », a lancé le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas, dimanche dernier.
Deux nouveaux camps construits en Grèce
Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants tentent d’entrer en territoire européen depuis l’annonce de la décision de Recep Tayyip Erdogan et se retrouvent bloqués à la frontière gréco-turque. De nouveaux heurts les ont opposés samedi à la police grecque, qui a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour repousser ceux qui tentaient de franchir les grilles au poste-frontière de Pazarkule. Les migrants leur jetaient des pierres et criaient « ouvrez les portes ».
La frontière terrestre étant fermée à double tour, plusieurs centaines de réfugiés ont entrepris de gagner les îles égéennes depuis la Turquie en prenant la mer, suscitant une explosion de colère des habitants. En une semaine, plus de 1 700 migrants sont ainsi arrivés à Lesbos et quatre autres îles de la mer Egée, venant s’ajouter aux 38 000 déjà présents et qui surpeuplent les camps de réfugiés dans des conditions de plus en plus précaires.
Pour répondre à cet afflux d’arrivées sur son sol, la Grèce a par ailleurs annoncé samedi qu’elle construirait deux nouveaux camps provisoires d’accueil avec 1 000 places dans la région de Serres (nord) et dans la région d’Athènes. « Nous ne pouvons pas laisser tous ces gens sur les îles », a déclaré le ministre des migrations, Notis Mitarachi.
Ceux qui ont tenté la traversée par voie terrestre se massent à la frontière dans des campements de fortune érigés côté turc, dormant souvent à l’air libre malgré le froid.
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