Le premier ministre turc, Binali Yildirim, rencontre jeudi 28 juillet les plus hauts commandants de l’armée lors d’un conseil militaire suprême (YAS) pour remanierl’armée, purgée de près de la moitié de ses généraux depuis le putsch raté. Cependant quelques heures avant la tenue du conseil, deux importants généraux de l’armée ont démissionné.
Il s’agit de Kamil Basoglu et Ihsan Uyar, deux des généraux les plus étoilés de l’armée de terre, ajoute CNN-Türk sans donner la raison de leur départ.
Au même moment, le chef de la diplomatie turque annonçait le renvoi de quatre-vingt-huit fonctionnaires du ministère des affaires étrangères.
La réunion au sommet prévue survient alors que le pouvoir islamo-conservateur du président, Recep Tayyip Erdogan, a intensifié mercredi « le grand ménage »destiné à mettre hors jeu les partisans du prédicateur exilé Fethullah Gülen, qu’il accuse d’avoir ourdi la tentative de coup d’Etat il y a une douzaine de jours.
La purge est drastique dans les rangs de l’armée, dont une petite partie s’est soulevée contre le pouvoir dans la nuit du 15 au 16 juillet, s’emparant d’avions de chasse et d’hélicoptères et semant le chaos dans les rues d’Ankara et d’Istanbul.
Pression sur les médias
Hier, les autorités ont ainsi annoncé avoir limogé 149 généraux et amiraux pour leur « complicité dans la tentative de coup d’Etat » ; ce qui représente autour de 40 % du total de généraux et d’amiraux que compte l’armée. De plus, 1 099 officiers ont été exclus pour cause d’indignité. Le YAS devra donc remplacerune large partie de la hiérarchie lors de sa réunion, qui durera une journée. Des officiers de rang inférieur devraient être promus à des postes supérieurs.
Signe de la défiance du pouvoir, la réunion ne se tient pas comme d’habitude au quartier général de l’armée mais dans la résidence du premier ministre à Ankara.
L’armée n’est pas la seule touchée par les purges : mercredi, on a appris la fermeture de 45 journaux, 16 chaînes de télévision, trois agences de presse, 23 stations de radio, 15 magazines et 29 maisons d’édition. Ces mesures viennent s’ajouter aux 89 mandats d’arrêts émis contre des journalistes entre lundi et mercredi.
Au total, les autorités turques ont suspendu, renvoyé, arrêté ou placé sousenquête des dizaines de milliers de personnes au sein des institutions d’Etat, dont les ministères, les forces armées et la police.
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