Des dizaines de médias fermés, des centaines de militaires arrêtés, mais aussi des magistrats, des médecins, des industriels, des fonctionnaires de l’éducation… Les purges engagées par le président turc Recep Tayyip Erdogan ont touché plus de 50000 personnes depuis le coup d’État manqué du 15 juillet. Une répression généralisée qui inquiète.
Accusations d’Erdogan, et mandat d’arrêt contre Fethullah Gülen
En début de semaine, le président Erdogan avait attaqué les pays occidentaux avec virulence pour leur position vis-à -vis de la Turquie. « Malheureusement, l’Occident soutient le terrorisme et se range aux côtés des putschistes », avait-il déclaré en réaction aux critiques de l’Europe et des États-Unis.
La Turquie a lancé ce vendredi un mandat d’arrêt contre Fethullah Gülen, que le président turc accuse d’avoir orchestré le putsch manqué du 15 juillet. Or l’intellectuel musulman s’est exilé aux États-Unis pour éviter l’emprisonnement. Le régime turc avait fait parvenir à Washington des demandes d’extradition. Ankara accuse les États-Unis de soutenir le putsch.
Le pacte migratoire en question
Le 18 mars dernier, l’Union européenne a conclu avec la Turquie un accord destiné à réduire l’arrivée de migrants en Europe. Selon ce pacte, la Turquie doit contrôler le flux de migrants qui arrivent sur son territoire. Ceux qui sont arrivés illégalement sur les îles grecques et n’ont pas demandé l’asile doivent également être renvoyés vers la Turquie.
Mais les fortes répressions et les purges généralisées en Turquie font craindre à l’Union européenne qu’Ankara cesse de respecter cet accord. « Nous suivons la situation, et évidemment nous sommes inquiets », a admis mercredi le ministre grec de l’Immigration, Yannis Mouzalas. Pour l’instant, les chiffres n’indiquent pas que l’accord n’est pas respecté, mais « le risque est élevé » que cela ne se produise, a estimé le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.
Les négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’UE fragilisées
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré jeudi que l’arrêt des négociations avec la Turquie concernant son processus d’adhésion à l’Union européenne serait une « grave erreur de politique étrangère ». Plus tôt dans la journée, l’Autriche avait quant à elle déclaré qu’il fallait rompre ces négociations, considérant que l’adhésion de la Turquie n’était plus que « fiction » au vu de la situation.
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