“Des mesures extraordinaires en circonstances extraordinaires, même selon des critères turcs”, écrit Hürriyet Daily News au vu de la déclaration de l’état d’urgence par Recep Tayyip Erdogan. Le 20 juillet, le président turc a décrété l’état d’urgence pour trois mois. Cette mesure n’avait pas été décrétée depuis près de quinze ans.“La perception à Ankara est que même si, pour l’heure, le putsch [du 15 juillet] a échoué, le gouvernement continue de se sentir en danger”, explique le quotidien.

Le chef d’Etat “prépare le chemin pour d’autre purges”, titre pour sa part Turkish Weekly. A quoi doit donc s’attendre la population ? De quels droits l’exécutif disposera-t-il ? Ce sont les questions que se pose Spiegel Online en Allemagne. Le journal donne un bref aperçu de ce que permet la Constitution turque.

• Le gouvernement, sous la direction du président, peut invoquer l’article 120 pour décréter un état d’urgence de six mois maximum. Le Parlement peut modifier sa durée et le prolonger de quatre mois sur demande du gouvernement.

• Le gouvernement peut édicter des décrets à force législative qu’il présentera devant le Parlement pour approbation.

• Des droits fondamentaux peuvent être limités ou suspendus. Les engagements pris dans le cadre du droit international doivent être respectés, de même que le droit à la vie.

• Parmi une sélection de mesures qui peuvent être décidées par le gouvernement, le site énumère : des couvre-feux, des limitations de la circulation, l’interdiction de rassemblements et manifestations, des perquisitions, l’évacuation de certains secteurs, l’interdiction de publication de journaux, magazines et livres ainsi que le contrôle d’émissions de radio et de télévision.

• Parmi les droits qui restent intouchables, Spiegel Online liste : “Nul ne peut être obligé de dévoiler sa religion, sa conscience, ses pensées ou avis et ces derniers ne peuvent pas entraîner de sanctions. Aucune sanction ne peut être prononcée de manière rétroactive. La présomption d’innocence continue de s’appliquer.”

Pour sa part, le chef de l’Etat a assuré dans une interview avec Al-Jazira que “la démocratie turque n’est pas en danger”