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Le Figaro, le 18/02/2020
Par Delphine Minoui
Correspondante à Istanbul
TÉMOIGNAGE – Seize accusés, dont Yigit Aksakoglu, comparaissent ce mardi à la sixième audience du procès lié aux manifestations de 2013. Il dénonce «un procès sans fondement».
Des militaires turcs montent la garde, en janvier 2019, devant le tribunal de la prison de haute sécurité de Silivri où se tient le procès Gezi, à la lisière d’Istanbul. Marie Tihon/Marie Tihon
Des rires d’enfants dévalent en cascade la petite rue Postacilar d’Istanbul. L’aînée dans une main, la plus jeune dans l’autre, Yigit Aksakoglu aime ce rituel matinal où leurs trois corps ne forment qu’une seule et même ombre qui croise les chats errants, taquine les goélands et réveille les pavés encore endormis du chemin de l’école. La vie dans toutes ses couleurs. Cette sensation d’innocence. D’éternels lendemains. Mais ce mardi 18 février, le rituel pourrait brutalement toucher à sa fin. «Aujourd’hui, je suis un parent comme un autre qui dépose ses filles avant d’aller travailler. Demain, je risque de me retrouver en prison pour toujours à cause d’un procès sans fondement», s’inquiète Yigit, qui représente en Turquie la fondation néerlandaise Bernard von Leer.
Ce mardi, il a de nouveau rendez-vous au tribunal de la prison de haute sécurité de Silivri, à la lisière d’Istanbul. Il y est convoqué pour la sixième fois – et probablement la dernière – dans le cadre de l’affaire «Gezi». Le procès, qui s’est ouvert le 24 juin 2019, met en cause 16 personnalités de la société civile dans l’organisation en 2013 de manifestations nées d’une opposition à la destruction du parc du même nom, près de la place Taksim. Yigit et ses compagnons d’infortune y sont accusés de «tentative de renversement du gouvernement». Malgré un dossier d’accusation vide de preuves, le procureur a présenté, il y a quelques jours, son réquisitoire en demandant la prison à perpétuité pour trois personnes: le philanthrope Osman Kavala (incarcéré depuis plus de deux ans), désigné comme le «leader» du mouvement, ainsi que l’architecte Mucella Yapici et Yigit Aksakoglu. «Ce procès ne fait aucun sens! C’est une farce. L’État de droit n’existe plus en Turquie», se désole-t-il.
À 43 ans, Yigit et ses coaccusés se retrouvent pris au piège d’un pouvoir qui, pour survivre, se fabrique des ennemis. Né à Aydin, sur la côte égéenne, l’élégant Stambouliote d’adoption n’est affilié à aucune organisation ni parti politique. Son seul «crime»: s’être intéressé, dès le plus jeune âge, aux mouvements sociaux et aux notions de citoyenneté et de meilleure qualité de vie. Il étudie dans un lycée franco-turc d’Izmir, rejoint l’université technique de Yildiz, avant de rallier la London School of Economics, puis l’université de Barcelone. Après avoir enseigné à l’université Bilgi d’Istanbul, il rejoint la fondation Bernard von Leer et développe des programmes liés à l’éveil des enfants. C’est l’époque où l’AKP d’Erdogan est encore en pleine ascension. Un temps – révolu – où le futur président turc, alors premier ministre, démultiplie les réformes, y compris en matière de droits de l’homme, en vue d’une adhésion à l’Union européenne. Quand, en 2013, surviennent les événements de Gezi, des millions de personnes manifestent pour la première fois contre le pouvoir du «reis» avant d’être sévèrement réprimés. «J’habitais à côté de la place Taksim. J’y suis évidemment allé. Je voulais voir ce qui se passait. C’est la première fois que je pouvais observer en direct un mouvement social», raconte Yigit. Son nom est d’ailleurs absent de la première enquête policière, lancée peu de temps après, puis abandonnée.
Torture psychologique
Mais dans la foulée du putsch raté de 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, un ex-allié d’Erdogan, le dossier «Gezi» est soudain rouvert. Pointé du doigt comme le «meneur en chef», Osman Kavala est mis sous les verrous en octobre 2017. À sa grande surprise, Yigit est à son tour arrêté le 16 novembre 2018, puis libéré au bout de 7 mois et demi. Sa détention est un sinistre tunnel. «Je me suis retrouvé dans une cellule isolée de 10 mètres carrés, avec, hormis une visite hebdomadaire derrière une vitre froide, un seul droit de visite familial par mois pour pouvoir embrasser mes enfants. Et une fois par semaine, dix minutes de conversation téléphonique. Le plus dur, c’est quand la plus grande, Deniz, 8 ans, me demandait au bout du fil: tu rentres quand, papa?», raconte-t-il. L’attente, une torture psychologique dont il craint la répétition: «J’ai peur. La prison, c’est un trou noir dans lequel on veut me renvoyer sans raison. Si je suis de nouveau incarcéré, qui sait quand – et si – j’en sortirai?».
L’arbitraire de sa situation le fait sortir de ses gonds. «On m’accuse d’avoir organisé des actions non violentes pour renverser le gouvernement par la force. Mais les seules “preuves” sont basées sur des transcriptions de conversations téléphoniques enregistrées cinq jours après la fin des événements, pendant lesquelles je commentais la situation à un ami!», dit-il. Pire: ces transcriptions (dont les enregistrements n’existent plus) ont, à l’époque, été ordonnées par des policiers et procureurs gülenistes, aujourd’hui désignés comme ennemis d’État, et qui sont soit en prison, soit en cavale. «Absurde!», poursuit Yigit.
Que veut Erdogan? Réduire au silence la société civile? Intimider les voix critiques? Reconsolider son pouvoir, chahuté par les dernières élections municipales, en désignant de présumés «agents de l’étranger»? Pour Yigit, une seule raison fait sens: «Dans cette affaire, ils ont fait de Kavala, toujours en prison, leur cible privilégiée. Mais faute de preuve, et sous pression de la Cour européenne des droits de l’homme qui a demandé, en décembre 2019, sa libération immédiate, ils se trouvent obligés de revoir leur mise en scène en allant chercher des “figurants” comme moi pour étoffer ce dossier monté de toutes pièces».
Depuis sa mise en liberté provisoire en juin 2019, Yigit n’a jamais récupéré son passeport, annulé. Il doit également pointer toutes les semaines au commissariat. Mais ce spécialiste de la petite enfance s’était relancé de plain-pied dans ses projets liés au bien-être de la nouvelle génération. L’un d’eux, Urban95, consiste à penser une ville idéale aux yeux d’un petit de trois ans. «Aujourd’hui, je ne sais que dire à mes propres enfants. Comment leur annoncer que je risque de ne plus rentrer à la maison, que je ne pourrai plus les emmener à l’école? On a détruit mon passé. On me vole mon avenir. En me punissant injustement, on punit toute ma famille», dit-il.
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