La police turque a arrêté le rédacteur en chef du quotidien d’opposition Cumhuriyet, Murat Sabuncu, et les logements des dirigeants et des rédacteurs du journal ont été visés par des perquisitions, ont annoncé lundi 31 octobre, l’agence de presse progouvernementale Anadolu et le site Internet du journal. La chaîne CNN Turk a affirmé que 13 mandats d’arrêt avaient été délivrés à l’encontre de journalistes et de responsables du journal. Les motifs de cette arrestation et des perquisitions n’ont pas été précisés.
Les autorités sont à la recherche d’Akin Atalay, le président du directoire, et du journaliste Guray Oz, a expliqué Anadolu. Mais selon le journal, qui dit ignorer la raison de ces arrestations, M. Oz est déjà en détention. Anadolu a précisé que les domiciles d’Atalay et d’Oz avaient été perquisitionnés.
Vaste purge
D’après le journal progouvernementalal Daily Sabah, les opérations contre Cumhuriyet entrent dans le cadre d’une enquête sur les activités du quotidien en lien avec le mouvement de Fethullah Gülen – un prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé par les autorités d’être à l’origine du coup d’Etat manqué de juillet –, et des militants de la cause kurde.
Une vaste purge a été déclenchée en Turquie après cette tentative de renversement du régime du président, Recep Tayyip Erdogan, qui a touché tous les secteurs, et notamment de plein fouet la presse, avec l’arrestation de dizaines de journalistes et la fermeture d’une centaine de médias.
Condamnations en mai
En mai, deux journalistes du quotidien, Can Dündar et Erdem Gül, avaient été condamnés à de la prison par un tribunal d’Istanbul pour « divulgation de secrets d’Etat ». Ils ont fait appel. Ils sont également poursuivis, dans une autre procédure, pour « liens avec une entreprise terroriste ».
Le pouvoir leur reproche d’avoir publié des articles et une vidéo montrant une livraison d’armes, opérée en 2014 par les services secrets turcs (MIT) aux rebelles syriens. La femme de l’un d’eux, Dilek Dündar, avait été empêchée de prendre un vol pour l’Allemagne, au début de septembre. Son passeport lui avait été confisqué. L’état d’urgence instauré le 21 juillet dernier en réaction au putsch manqué permet aux autorités d’annuler les passeports des proches de personnes soupçonnées ou condamnées.
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