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Goal.com.fr, le 27/01/2018
İstanbul Büyükşehir Belediyesi Spor Kulübü. Au premier abord, ce nom pourrait donner quelques migraines. En 2017-2018 il est surtout synonyme de réussite insolente et de bouleversement dans le monde du football turc, qui a toujours vu trois équipes se partager l’essentiel du gâteau. Quatre après sa remontée en première division, la formation d’Aurélien Chedjou s’est installée en tête du championnat, au nez et à la barbe du Besiktas, champion en titre, mais également de Fenerbahçe et de Galatasaray, qui ont perdu de leur notoriété avec des soucis financiers et sportifs (plusieurs amendes et suspensions par l’UEFA).
Méconnu, l’entraîneur fait l’unanimité
Comme dans tout secteur, la perte d’influence et résultats a profité aux autres. L’équipe de la capitale turque a su s’engouffrer dans la brèche et devenir un acteur de poids sur les bords du Bosphore. Tandis que le Besiktas s’attire les lumières sur la scène européenne avec un huitième de finale à venir contre le Bayern, l’équipe entraînée par Abdullah Avci a su se faire un nom sur le plan national, avant de viser plus haut à l’avenir. Tactiquement, il est probablement l’entraîneur le plus en vue ces derniers mois en Turquie. Après l’emblématique Fatih Terim, il fallait un technicien pour incarner le renouveau du pays qui a échoué à se qualifier au Mondial 2018. En créant un esprit collectif au milieu de nombreuses stars (Adebayor, Emre, Clichy et désormais Turan), il a su mettre tous les atouts de son côté.
Il est légitime de se demander alors comment le club a su sortir de l’anonymat, notamment financièrement, dans un pays où rien n’est évident sur cet aspect. D’abord lié à la municipalité, la formation adopte le nom de Basaksehir après un règlement interdisant aux villes d’être impliquées dans des structures de football. Le président GümüşdaÄŸ est habile et voit plus haut pour s’entourer et développer son club. Ainsi des membres proches du gouvernement gravitent autour de la sphère Basaksehir. Un poids politique non-négligeable et qui a certainement pesé au moment du retour d’Arda Turan au pays. « C’est un modèle pour la Turquie et nous voulons donner l’exemple, insistait le principal dirigeant de l’équipe lors de la signature de l’ancien Barcelonais. Nous avons un club en pleine croissance au cours des quatre dernières années. Nous grandissons et gagnons de l’argent chaque année. » Les ventes commencent même à rapporter au club stambouliote, à l’image de Cengiz vendu l’été dernier à l’AS Roma pour 15 millions d’euros.
Petit à petit, l’effectif s’est étoffé en commençant par prendre un symbole : Emre BelözoÄŸlu, passé par l’Inter Milan et surtout demi-finaliste du mondial astiatique en 2002. Malgré ses 37 ans, le milieu offensif est resté un joueur très apprécié par le peuple turc. L’installer comme pierre angulaire du projet a été un coup bien senti par les dirigeants qui se sont ensuite attaqués à des profils d’un autre calibre comme Emmanuel Adebayor et Gaël Clichy. « C’est un élément très important de notre collectif, rapportait un dirigeant dans l’Équipe. Comme Emmanuel Adebayor, on comptait sur lui vu son passé. Il apporte aussi son agressivité dans le jeu. On est très contents. Il mène l’équipe dans les moments difficiles et son expérience est vraiment un plus. » L’arrivée en prêt d’Arda Turan début janvier a été perçue comme la cerise sur le gâteau. Courtisé par les mastodontes comme Besiktas et Galatasaray, le barbu de 30 ans a fait le choix de rebondir à Basaksehir. Pour reprendre pied avec un pays qu’il a quitté en 2011, le plaisir était le mot d’ordre de celui qui a été en échec au Barça. Séduisant et attractif, le club de l’ouest d’Istanbul a de solides arguments pour attirer de jolis CV.
Quand Erdogan marquait un triplé pour inaugurer le stade
Du coup quelle place occupe le chef d’état de la République de Turquie au sein de Basaksehir ? La famille est un facteur primordial. Le président du club, Göksel GümüşdaÄŸ, est marié à la nièce de la première dame, Emine ErdoÄŸan. Aucune prise de risque donc au moment d’annoncer la proximité avec Recep Tayyip Erdogan et son parti politique, l’Adalet ve Kalkınma Partisi, plus connu sous le nom d’AKP. Ce dernier a été aperçu à l’inauguration du stade Fatih-Terim en 2014 et s’était livré à un véritable show. Présent sur la pelouse, il avait marqué trois buts pour une foule acquise à sa cause. Le timing était adéquat puisque c’était quelques semaines avant l’élection présidentielle. Diffusé sur la plupart des chaînes de télévision nationale, le triplé a servi de promotion électorale. On retrouve ainsi des photos du président ErdoÄŸan avec un maillot du club, dans les travées du stade.
Damada Kıyak Satış
80 milyon euroluk BaÅŸakÅŸehir Emine ErdoÄŸan’ın yeÄŸeniyle evli GümüşdaÄŸ’a 7 milyona ihalesiz satıldıhttps://t.co/TL2jsIBbsepic.twitter.com/ozS6P7Qm7Q— Gazeteport (@Gazeteport_com) 16 janvier 2018
Justement, cette enceinte a été financée par l’état. Pas de favoritisme prononcé cependant puisque c’est une pratique tout à fait courante en Turquie. Ainsi les stades de Galatasaray, Trabzonspor et Bursaspor ont reçu des aides de la République turque. Seul Besiktas a eu recours au parraine de la société Vodafone Spor Toto, une entreprise de paris sportifs liée à l’état. Derrière des enjeux nationaux, il y a bien le terrain qui donne un avantage à Basaksehir. Personne ne considère que le club bénéficie de coups de pouce notamment au niveau de l’arbitrage. Les supporters adverses continuent simplement d’utiliser les adjectifs « artificiel » et « plastique » pour désigner Gaël Clichy et les siens. Le manque d’histoire reste un fardeau pour le leader du championnat turc. Un trophée en fin de saison devrait grandement remédier à cette image négative aux yeux des passionnés en Anatolie.
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