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Courrier International, le 20/06/2018
par CUMHURIYET
Dessin de Ramsès Morales, Cuba
Une journaliste du quotidien d’opposition Cumhuriyet part à la découverte d’un quartier déshérité de la ville de Konya, un des bastions du président Erdogan. Plongée dans l’Anatolie profonde.
Nous sommes dans un café, au détour d’une des ruelles de Muhacir Pazar, l’un des plus vieux quartiers de Konya [au sud d’Ankara]. Ce quartier, qui a historiquement été largement peuplé par des migrants venus des Balkans, d’où son nom originel [muhacir signifie “migrants” en turc] que la prononciation locale a transformé en “maajir”, traîne une réputation peu reluisante. Pas le genre d’endroit que l’on indique à des touristes de passage. Mais, après tout, la première règle pour un voyage réussi n’est-elle pas de se rendre dans les endroits déconseillés ?
Pour prendre le pouls de Konya, il faut d’abord flâner autour des monuments historiques, faire un passage obligé au tombeau de Mevlana [Djalal Ad-Din Rumi, le plus célèbre des poètes et mystiques soufis], avant d’aller respirer l’air différent de Muhacir Pazar.
Nous sommes aux premières heures du matin, les ouvriers du chantier voisin prennent le thé dans un café. Un homme de petite taille, la tête passée par une fenêtre, nous observe en riant. “N’ayez pas peur, entrez, ce n’est que Yasar”, nous interpelle Cemal Çinardagli, le patron des lieux. Yasar fait le ménage dans les débits de boissons du quartier. En échange on le laisse finir les bières que les clients n’ont pas terminées. Il aime aussi danser dans la rue, en habits de danseuse. D’après ce qui se dit, il aurait été jugé pour un double homicide. En tout cas, personne ne vient lui chercher des noises.
Le soutien général au gouvernement
Muhacir Pazar est un des rares quartiers de la ville où on peut trouver des établissements servant de l’alcool. C’est un quartier mal famé où vivent les voleurs, les chômeurs et les indigents. Ces dernières années, de nouveaux venus, des réfugiés originaires de Syrie ont aussi élu domicile dans le quartier. Cemal, le patron, a 61 ans, et gère son café depuis quarante ans. “Qui vient dans votre café ?” lui demandé-je. “Des gens de tous les horizons, me répond-il, des gens à la recherche d’un emploi, des fonctionnaires, des retraités… Ici, les gens viennent discuter, ils parlent de choses dont ils ne parleraient nulle part ailleurs. Autour de la table, ils font des gouvernements et ils en renversent !”
En renversent-ils, vraiment ? À vrai dire, non. Dans cette ville, on soutient le gouvernement. L’AKP [le parti islamiste modéré du président Erdogan] et sa branche locale sont très bien implantés à Konya. Si certains sont mécontents du pouvoir, ils ont intérêt à le garder pour eux. Je pose néanmoins la question : “Comment se passent les débats politiques entre les clients ?” “Très bien”, répond Cemal, sans hausser la voix, en rigolant même. “Et vous, vous donnez votre avis ?” “Non, dit-il en riant, je me contente parfois de relancer un débat, de provoquer les débatteurs.”
“Si certains sont mécontents du pouvoir, ils ont intérêt à garder cela pour eux”
Le café ouvre tous les jours, à l’heure de la prière, se remplit peu à peu et reste ouvert jusqu’à la moitié de la nuit. Il y a ceux qui jouent aux cartes ou au Okey [Rummikub], ceux qui, assis seuls, les yeux au loin ou dans le vague, restent des heures à boire thé sur thé, d’autres qui discutent à toute vitesse, penchés les uns sur les autres. La télévision est allumée.
Les grands-parents de Cemal sont des immigrés de Salonique. Lui est né à Konya, et a grandi dans le quartier. Maintenant il vit dans un autre endroit, mais passe encore le plus clair de son temps ici. Comme lui, beaucoup d’anciens habitants ont déménagé dans des quartiers plus aisés. Les réfugiés syriens sont venus habiter les maisons délaissées. “Dans d’autres villes que Konya il peut y avoir des problèmes avec les réfugiés, mais ici ils ont été bien accueillis, dans notre quartier on aide les plus nécessiteux d’entre eux”, souligne Cemal.
Tous les matins, quand les enfants syriens l’aperçoivent sur le chemin de son café, ils se passent le mot : “Papi arrive !” et il leur distribue gaufrettes, biscuits et chocolat. “Bien sûr, parfois il y a des tensions entre les jeunes, mais ça ne va jamais trop loin. Après tout, nos grands-parents aussi ont connu la guerre et l’exil, nous ne pouvons pas les abandonner à leur sort, et encore moins les diaboliser”, estime-t-il.
“Ce sont ces forces étrangères qui nous poussent les uns contre les autres”
“À qui vont les voix des habitants du quartier ?” lui demandé-je. “Vous savez, ici, en général, les gens sont toujours du côté du parti au pouvoir. Maintenant, notre peuple aime Tayyip Erdogan, notre président.” Cemal est-il content de l’état du pays ? Il l’est. Il parle de l’époque où on ne trouvait rien, des files d’attente pour l’huile, pour l’essence, des maisons sans téléphone ni télévision. “Et aujourd’hui, vous voyez un peu la différence ! Nous avons tout désormais. Même les enfants en bas âge se promènent avec des téléphones, les maisons ont plusieurs postes de télévision, on trouve de tout dans les magasins.” Et qu’en est-il du pouvoir d’achat ? “Ce n’est pas la faute des politiques de l’État, ce sont les gens qui sont trop dépensiers et qui veulent consommer plus qu’ils ne produisent.”
Puis Cemal raconte son voyage à Çanakkale [le principal lieu de la bataille des Dardanelles, qui opposa l’armée turque aux forces françaises, anglaises, australiennes et néo-zélandaises en 1915-1916]. Il nous explique comment, là-bas, il a pleuré sur la tombe d’un soldat kurde venu de Van, à l’extrême est de la Turquie, pour mourir au front. “Ce pays est à nous, à nous tous”, dit-il. “Et on devrait le laisser aux Américains ? Ou alors le donner aux Français, notre beau pays ? Turcs ou Kurdes, nous sommes les mêmes, nous avons les mêmes ancêtres. Ce sont ces forces étrangères qui nous poussent les uns contre les autres. Ces forces étrangères, elles n’existent pas peut-être ?” Elles existent, bien sûr. Mais elles ne sont pas la cause du problème. C’est avant tout nous-mêmes qui nous affaiblissons de l’intérieur. Mais je n’arrive pas à le lui dire. Alors on se contente de reprendre quelques thés, que l’on boit en regardant par la fenêtre.
Des femmes syriennes passent, des enfants pendus à leurs jupes. À l’angle de la rue, de jeunes fiers-à-bras sont assis sur des chaises qu’ils ont installées là et les regardent. Yasar a fait une provision de cinq bières entamées qu’il termine peu à peu. Dans Muhacir Pazar, la vie est plus dure qu’elle n’en à l’air. Mais de cela non plus, personne ne parle.
Mine Söğüt
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SOURCE
CUMHURIYET
Cumhuriyet
Istanbul
Quotidien
40 000 exemplaires
turc
www.cumhuriyet.com.tr
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