Istanbul
Deux semaines après l’évacuation des rebelles et des civils d’Alep-Est, négociée et gérée par Moscou et Ankara, le duo diplomatique russo-turc est de nouveau à la manÅ“uvre en Syrie. Et cette fois encore, l’Administration du président américain sortant, Barack Obama, ne semble pas avoir été consultée par les deux puissances régionales, l’une – la Russie – soutenant le régime de Bachar el-Assad, tandis que l’autre – la Turquie – a pris le parti de l’opposition dès le début du conflit.
Mercredi, huit jours après une rencontre à Moscou où ces deux pays et l’Iran s’étaient engagés à «œuvrer à la mise en place d’un cessez-le-feu dans l’ensemble du pays et à organiser des négociations de paix», la première phase du plan semblait en bonne voie. «La Turquie et la Russie se sont entendues sur les termes d’un cessez-le-feu général en Syrie», a annoncé l’agence semi-officielle turque Anadolu, précisant que l’accord pourrait entrer en vigueur à minuit le jour même.
Ce compromis, qui devait encore être présenté aux belligérants, exclurait les «groupes terroristes». La chaîne privée NTV, citant elle aussi des sources diplomatiques turques, avançait «qu’une fois le cessez-le-feu instauré, il serait attendu de toutes les forces étrangères – à l’exception des pays garants que sont la Russie et la Turquie – qu’elles quittent le territoire syrien.»
Mevlüt Çavusoglu, chef de la diplomatie turque, a confirmé l’existence d’un accord «pouvant être appliqué à tout moment», sans donner de détails, ni de calendrier. «Nous sommes proches d’un cessez-le-feu durable et d’une solution politique en Syrie», a déclaré le ministre, dont les propos n’ont toutefois pas été confirmés de source officielle russe. En cas de succès, ce plan pourrait servir de base à de nouvelles négociations politiques entre le régime de Bachar el-Assad et l’opposition, que Moscou et Ankara veulent organiser début 2017 à Astana, la capitale du Kazakhstan.
En froid après la chute d’un bombardier russe à la frontière turco-syrienne en novembre 2015, la Turquie et la Russie scellent leur amitié retrouvée par une coopération de plus en plus étroite en Syrie ces derniers mois. Le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe, Vladimir Poutine, se téléphonent chaque semaine pour évoquer ce dossier et, d’Ankara à Moscou, les diatribes anti-Occident se répètent d’écho en écho.