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Le Parisien, le 20/02/2018Â
Des troupes de Bachar al-Assad sont arrivées mardi dans la zone semi-autonome kurde au nord du pays. AFP/George OURFALIAN.
Les Kurdes de l’enclave syrienne d’Afrine ont désormais le soutien des forces de Bachar al-Assad face aux Turcs.
C’est confirmé. Après des années de relations très tendues, les Kurdes et les forces de Bachar al-Assad ont bel et bien scellé une alliance face à la Turquie. Mardi après-midi, des « centaines de combattants » pro-régime se sont déployés dans l’enclave d’Afrine, pilonnée par les Turcs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Un développement majeur qui rend encore plus complexe la guerre civile qui ravage la Syrie depuis bientôt sept ans.
Ces troupes seront positionnées le long de la frontière turque, ont indiqué les Unités de protection du peuple (YPG), la milice kurde qu’Ankara considère comme « terroriste ». La Turquie veut à tout prix chasser les forces kurdes d’Afrine à la faveur de son offensive qui est entrée mardi dans son deuxième mois.
Peu après leur arrivée à Afrine, les forces pro-régime ont été visées par l’artillerie turque, selon l’agence officielle syrienne Sana. A Ankara, les médias étatiques ont fait état de « tirs d’avertissement » contre ces forces.
« Ce soir des (forces pro-régime) ont tenté de se diriger vers Afrine avec quelques pick-up, mais après des tirs d’artillerie ils ont été contraints à reculer. Ce dossier est clos pour le moment », a déclaré à la presse le président turc Recep Tayyip Erdogan. En guise de menace à Damas, il avait pourtant affirmé dans la matinée que son armée « barrera (it) la route » à tout renfort extérieur arrivant à Afrine. Mais les forces loyalistes syriennes s’y sont déployées quelques heures plus tard.
Nouvelle donne ?
Le président turc a pourtant affirmé que ses troupes assiégeraient prochainement la ville d’Afrine. Ses plans risquent toutefois d’être contrariés par les derniers développements. On ignore pour l’instant si le déploiement syrien s’est fait avec l’aval de Moscou.
Moscou a beau avoir tacitement donné son feu vert à l’offensive d’Afrine, il n’a pas manqué de manifester déjà sa mauvaise humeur à l’égard d’Ankara en fermant l’espace aérien à ses avions pendant plusieurs jours après qu’un appareil russe a été abattu dans une zone du nord de la Syrie où des observateurs militaires turcs sont censés faire respecter une zone de désescalade.
La Russie et la Turquie coopèrent étroitement sur le dossier syrien, même si elles soutiennent des camps opposés dans le conflit. Erdogan s’est rapproché de Moscou après avoir été excédé par le soutien apporté par les Etats-Unis aux YPG, devenues leur fer de lance sur le terrain dans la lutte contre les djihadistes de Daech.
Bien qu’il ait reconnu avoir perdu 32 soldats, le président turc répète à l’envi que l’offensive avance « comme prévu ». Les forces turques ont certes pris à ce jour le contrôle de plus de 40 villages, mais ces localités sont situées pour la plupart dans des zones frontalières du nord de la région d’Afrine.
Tensions au sein de l’Otan
Sur le plan diplomatique, l’offensive a renforcé les tensions entre Ankara et Washington. A tel point que la Turquie menace d’ores et déjà d’avancer Minbej, ancien fief de Daech, à une centaine de kilomètres à l’est d’Afrine, où sont déployés des militaires américains aux côtés des YPG.
Pour tenter d’apaiser ces tensions avec un pays allié des Etats-Unis au sein de l’Otan, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a effectué en fin de semaine une visite à Ankara. A l’issue de cette visite, les deux pays sont convenus de travailler « ensemble » en Syrie pour surmonter leur crise, avec « en priorité » la recherche d’une solution pour Minbej.
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