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RFI, le 29/01/2018Â
Les forces turques et les membres de l’Armée syrienne libre brandissent des drapeaux sur le Mont Barsaya, au nord-est d’Afrin, le 28 janvier 2018.REUTERS/ Khalil Ashawi
Témoignages
L’opération sur Afrin en Syrie continue. Les Turcs affirment avoir gagné du terrain sur les combattants kurdes, tandis que le président Erdogan reste inflexible. Il ira jusqu’au bout pour se débarrasser de ceux qu’ils qualifient de « terroristes ». Rencontre avec deux Kurdes syriens, une jeune femme originaire d’Afrin et un journaliste. Ils vivent tous deux à Gaziantep dans le sud de la Turquie.
De notre envoyée spéciale à Gaziantep, Murielle Paradon
Elle préfère témoigner anonymement dans un parc de Gaziantep. Etre Kurde en Turquie aujourd’hui n’est pas évident. La jeune femme est originaire d’Afrin en Syrie. Elle est partie il y a deux ans à cause de la guerre, mais des membres de sa famille vivent toujours là bas, et subissent depuis plusieurs jours l’offensive des Turcs.
« Ils sont terrifiés par la guerre car il y a des frappes aériennes, des bombardements énormes, beaucoup de destructions dans la ville. Trop de gens ont perdu leur vie. Et puis il n’y aucun moyen de sortir d’Afrin. Les gens sont assiégés par l’armée syrienne libre d’un côté et par les soldats turcs de l’autre côté de la frontière. Ils ne peuvent pas fuir Afrin », raconte-t-elle.
La jeune femme accuse aussi les Kurdes du PKK en Turquie d’avoir exporté leur conflit avec Ankara, de l’autre côté de la frontière en Syrie : « Il y a une guerre entre deux parties : d’un côté des partis kurdes originellement de Turquie qui disent protéger Afrin, de l’autre côté, il y a le gouvernement turc. Et les gens d’Afrin sont entraînés dans ce conflit dans lequel ils n’ont aucun intérêt, ce n’est pas leur guerre ! ». Quant à la communauté internationale, elle assiste sans rien faire, déplore-t-elle, à cette bataille meurtrière contre Afrin.
Journalisme prudent
Baz Bakkari est, lui aussi, kurde et syrien. Il a fui son pays il y a plus de trois ans pour se réfugier à Gaziantep, où il travaille pour l’agence de presse Qasioun. Le fait d’être à la fois kurde et journaliste en Turquie le pousse à la prudence. Il se confie en toute discrétion dans un café. Baz suit de près les nouvelles à Afrin, d’autant plus qu’il a des amis là -bas.
« Mes amis sont sous pression, ils ont peur. Depuis le début de l’opération il y a des frappes aériennes des Turcs sur Afrin et la ville est assiégée, rappelle-t-il. Mes amis sont contre cette opération militaire car ils pensent que les civils sont des cibles. Certains ne soutiennent pas les groupes kurdes qui sont à Afrin mais ils sont avant tout contre l’opération turque. »
Comme journaliste, Baz Bakkari écrit sur le conflit d’Afrin, mais étant kurde et syrien, il fait très attention à ce qu’il publie. « J’ai des difficultés et des pressions dues à mes activités journalistiques. Sur les médias sociaux, mon compte Twitter et Facebook, comme journaliste, je dois être sûr de ce que je publie. Car je peux être ennuyé et arrêté si je donne de mauvaises informations. »
Les médias turcs qui couvrent le conflit d’Afrin sont tous acquis au pouvoir. La presse d’opposition est muselée en Turquie et de nombreux journalistes ont été arrêtés ces derniers mois. Une partie d’entre eux enquêtaient sur la situation des Kurdes dans le pays.
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