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Marianne, le 17/10/2020
Enquête
Par Anne Dastakian
De notre envoyée spéciale
Dans la capitale alsacienne, la Turquie d’Erdogan étend son influence : en plus des nombreuses écoles et mosquées, et après la création d’un gigantesque consulat général, place à un projet de campus islamique. Certains soupçonnent que cette influence ne s’arrête pas aux portes des institutions européennes.
En arrivant dans le quartier de l’Orangerie, où siègent les institutions européennes sises dans le nord-est de Strasbourg, impossible de rater les bulbes dorés de l’église orthodoxe russe, inaugurée en juin 2019. À un jet de pierre, au bord du bassin de l’Ill, un ensemble tout aussi imposant, mais plus discret, a été achevé le même mois : le consulat général de Turquie et son ambassade auprès des institutions européennes, mais aussi la représentation de la partie nord de Chypre. Les cinq bâtiments de l’ensemble consulaire s’étendent sur 8 900 m2, et sont plus vastes que les consulats de Russie et des Etats-Unis réunis. Un complexe un brin surdimensionné, en regard des 125 000 citoyens turcs recensés dans le Grand Est. De par ses dimensions, le consulat géant de Turquie dans la capitale alsacienne témoigne d’une volonté de peser dans le paysage local. Et peut-être même plus. Barricadés à l’extrême, bardés de caméras, les lieux, selon certains à Strasbourg, abriteraient en fait le siège du MIT (les services secrets turcs) en Europe…
30 000 TURCS ET FRANCO-TURCS
Première communauté étrangère dans l’agglomération, avec quelque 30 000 Turcs et Franco-Turcs, celle-ci n’est pourtant pas faite d’un bloc. Composée, estime-t-on, à 40 % de Kurdes et d’alévis (minorité religieuse), elle est très visible, avec ses commerces (tels les hypermarchés orientaux et halal Pro-Inter ou les supérettes Mutevelli) et plusieurs écoles et mosquées. « Toutes les confréries religieuses essayent d’avoir leur école ici, comme elles le font en Turquie » explique un éminent turcologue. Le chantier de la monumentale mosquée de style ottoman Eyyûb-Sultan, dans le quartier de la Meinau, commencé en 2017 par le Millî Görüs (une organisation islamique) est arrêté depuis août 2019, faute de financements. Mais ce mouvement proche des Frères musulmans continue à gérer, non loin de là, et depuis 2014, l’école privée Eyyûb-Sultan, qui vient d’ouvrir une classe de seconde. Quant à l’ex-lycée privé güleniste Selman-Asan, il a, pour sa part, fait les frais de la chasse implacable menée par Ankara contre les putschistes présumés de 2016. Forcée de quitter le bâtiment que lui louaient les magasins Pro-Inter, l’école a dû déménager et se rebaptiser « Harmonie ». Ses effectifs ont fondu : l’école, qui se flatte d’être laïque et républicaine, n’accueille plus d’enfants qu’en primaire.
À l’offensive depuis quelques années, la Ditib de Strasbourg (émanation locale de la Diyanet, la Direction des affaires religieuses du pays, rattachée directement au Premier ministre turc) a de grandes ambitions : un projet de campus islamique, avec faculté donc, mais aussi mosquée, lycée, centre des arts de l’islam et commerces. Pour ce faire, la Ditib a acquis cinq immeubles dans le quartier de Hautepierre, autour d’un ancien centre de formation de La Poste. En 2012 s’y ouvrait une « faculté de théologie », censée former des imams turcs pour la France. Rapatriée la même année en Turquie, la « pseudo-faculté » a cédé ses locaux, trois ans plus tard, au groupe scolaire Yunus-Emre, premier lycée musulman privé d’Alsace. Il peut accueillir 300 élèves, de la sixième à la terminale. Aux programmes français s’ajoutent trois heures de soutien scolaire et une heure et demie d’éthique et culture musulmanes pour les sixièmes, et jusqu’à quatre heures de religion en terminale. Si l’établissement affirme son ouverture, force est de constater qu’on y croise quelques fillettes voilées.
LOBBYING ET RÉSEAUX
Strasbourgeoise de naissance, assistante sociale de profession, élevée dans une famille progressiste d’origine kurde alévie, la communiste Hülliya Turan, 43 ans, maire adjointe à la mairie de Strasbourg, est chargée de l’éducation et de la petite enfance. Familière de la diaspora turque locale, qui « vit souvent en vase clos, dans le communautarisme et l’endogamie » elle a pour priorité que « les écoles des quartiers populaires, souvent dans un état désastreux, soient comme les autres ». Régulièrement attaquée sur les réseaux sociaux par des sympathisants locaux du régime d’Ankara, en raison de ses origines kurdes – synonymes pour eux de terrorisme –, la jeune femme a récemment goûté à la brutalité du régime turc. Partie en mission d’observation en Turquie, lors de la présidentielle et des législatives de juin 2018, elle a été interpellée puis retenue pendant sept heures par des militaires. La jeune femme a été interrogée et menacée, avant d’être relâchée, une fois les bureaux de vote fermés. Au passage, ses papiers d’identité, avec son adresse française, photographiés par les militaires, ont aussitôt été diffusés en France par les réseaux pro-Erdogan…
Représentant du Parti démocratique du peuple (le HDP, un parti de gauche) auprès du Conseil de l’Europe, Fayik Yagizay dénonce quant à lui le lobbying des réseaux de l’AKP auprès des institutions européennes. « La Turquie devrait être exclue du Conseil européen des droits de l’homme car elle en enfreint tous les principes : démocratie, État de droit et droits de l’homme » s’insurge-t-il, pointant du doigt le manque de coopération flagrant d’Ankara et une trop grande mansuétude des Occidentaux à l’égard du régime. Comme en témoigne la récente visite en Turquie du juge européen Robert Spano.
Le président de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a certes pu rencontrer le président Erdogan. Mais, après avoir mollement critiqué le non-respect par la Turquie des décisions de la CEDH, il n’a pas cherché à rencontrer ceux dont elle a ordonné la libération, tel le philanthrope Osman Kavala. À Mardin, Robert Spano a en revanche été reçu par le gouverneur de la province imposé par Ankara, en remplacement du maire HDP, destitué violemment, Ahmet Türk. Si ce dernier, âgé de 78 ans, n’est pas en prison – là encore, le juge Spano n’a pas trouvé le temps de le rencontrer –, 64 autres maires HDP, déchus par le gouvernement, croupissent dans les geôles d’Erdogan.
>> CONSEIL FRANÇAIS DU CULTE MUSULMAN : L’OMBRE DE L’AKP
Le 1er juillet 2017, une révolution de palais s’opère au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Pour la première fois depuis sa création en 2003, un Turc prend les rênes de cet organisme dont la tête est traditionnellement réservée à un leader originaire du Maghreb. La prise de pouvoir d’Ahmet Ogras, un proche de l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan, soulève alors beaucoup de questions. Il faut dire que l’homme d’affaires turc nage en eaux troubles. S’il n’est pas un grand connaisseur du Coran ni des hadiths, il est un politicien aguerri.
C’est lui qui en 2006 crée l’UETD (Union of European Turkish Democrats), branche française pro-Erdogan, et dont il sera le directeur jusqu’en 2012. C’est à ce titre, la même année, que l’actuel chef du CFCM conduira en France la mobilisation contre la loi pénalisant la négation du génocide arménien. Quoi que dise Ahmet Ögras – qui dément toute relation avec le « reis » –, la patte d’Erdogan n’est jamais bien loin. « Ce n’est un secret pour personne de dire qu’il entretient des liens très importants avec son beau-frère et sa belle-sœur, conseillers d’Erdogan au palais présidentiel confie à l’époque le journaliste turc Emre Demir sur l’antenne de France 24, et que, par ses connaissances importantes au sein de l’AKP, il est largement considéré par la communauté turque comme la “contact person” du parti d’Erdogan. »
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