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Le Monde, le 29/06/2018
L’universitaire turc analyse les raisons de la victoire du parti islamo-conservateur AKP, champion d’une Turquie nationaliste et pieuse, en rappelant les limites politiques et économiques de l’« hyperprésident ».
Après les élections en Turquie qui, le 24 juin, ont donné une nouvelle victoire au président Recep Tayyip Erdogan avec 53 % des suffrages et la majorité à son parti, l’AKP (Parti de la justice et du développement) et à ses alliés du MHP (Parti d’action nationale) au Parlement, l’universitaire turc Soli Özel, chercheur invité auprès de l’Institut Montaigne, à Paris, analyse l’impact de ce scrutin.
Propos recueillis par Marc Semo et Sylvie Kauffmann
La démocratie est-elle morte en Turquie ?
Elle est en panne, blessée, mais elle n’est pas morte. Pas plus que dans d’autres parties du monde, où des leaders populistes sont confortés par le suffrage universel, scrutin après scrutin. Les résultats de l’élection sont ce qu’ils sont, mais il faut aussi reconnaître l’immense énergie déployée par l’opposition, même si cela n’a pas été suffisant pour ébranler les partisans de Recep Tayyip Erdogan et de l’AKP.
Ce n’était pas une élection à la russe. Le peuple s’est mobilisé avec un taux de participation de 87 % et, pour autant que l’on sache, il n’y a pas eu de fraude majeure, même si les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont critiqué l’iniquité de la campagne, notamment dans l’accès aux médias. Les scores élevés recueillis par le MHP dans certaines zones du Sud-Est à majorité kurde n’en suscitent pas moins la perplexité.
De facto, Recep Tayyip Erdogan avait déjà tous les pouvoirs. Qu’est-ce qui change, avec ce scrutin ?
La concentration du pouvoir sera immense, plus encore qu’elle ne l’est, car elle est désormais institutionnalisée par la nouvelle constitution, approuvée d’une très courte majorité lors du référendum d’avril 2017. On ne sait pas encore exactement comment va être réorganisée l’administration, ni quelles seront précisément les fonctions des ministres choisis par le président et qui travailleront directement sous ses ordres. Mais l’on sait déjà que le cabinet sera réduit à seize ou dix-huit personnes et qu’il ne sera pas soumis à l’approbation du Parlement. La présidence a désormais de véritables pouvoirs exécutifs, comme aux Etats-Unis, mais sans réels contre-pouvoirs.
La Turquie est en train d’achever ce que le régime militaire avait commencé à faire après le coup d’Etat de septembre 1980 : celui-ci avait renforcé les compétences du président, mais aucun des prédécesseurs d’Erdogan n’avait osé les utiliser dans leur totalité. L’élection du président au suffrage universel en 2014, remportée par Erdogan dès le premier tour, avait encore renforcé ce processus. Il ne s’agit pas, cependant, d’un pouvoir total, car même si les compétences du Parlement ont été réduites, elles existent toujours. Il doit notamment voter le budget. L’opposition y est représentée, mais trop faible et surtout trop hétérogène pour pouvoir peser.
Après avoir atteint son objectif d’une hyperprésidence, Erdogan va-t-il se montrer plus conciliant ou, au contraire, plus autoritaire ?
C’est difficile à dire. Pendant sa campagne, il a promis une Turquie plus prospère, plus juste, plus démocratique, mais ce sont des propos de campagne. Dans son discours de victoire, il a alterné les ouvertures et les mises en garde. La libération conditionnelle accordée par la Cour de cassation à l’écrivain Mehmet Altan, initialement condamné à vie, est positive, même s’il ne faut pas oublier que quelque 50 000 personnes sont incarcérées pour leur implication présumée dans le coup d’Etat manqué de juillet 2016, ou pour leurs liens supposés avec la rébellion kurde.
Plutôt que spéculer sur la psychologie du chef de l’Etat, je préfère raisonner sur le contexte politique. Avec 293 sièges sur 600, l’AKP n’a pas la majorité à la chambre. Il lui faut donc le soutien du MHP, la droite nationaliste, qui n’entend pas libéraliser le système et qui réclame le maintien de l’Etat d’urgence. Les milieux d’affaires souhaitent la levée de cette mesure, qui inquiète les investisseurs étrangers. La majorité de l’opinion aussi. Ce sera un véritable test.
La Turquie est donc nationaliste comme jamais ?
Oui, comme aujourd’hui la Russie est de plus en plus nationaliste, la Chine est de plus en plus nationaliste, la Hongrie est de plus en plus nationaliste, les Etats-unis sont de plus en plus nationalistes. C’est une tendance générale. La France a choisi Emmanuel Macron, un pro-européen multilatéraliste, mais on verra ce qu’il en sera dans quatre ans.
Pourquoi un peu plus d’un Turc sur deux vote toujours pour Erdogan, après seize ans de pouvoir ?
La loyautédes électeurs d’Erdogan vis-à -vis de celui qu’ils appellent le « reis » [le roi] semble en effet absolue. La crise économique n’est pas encore évidente, et l’Etat a distribué les deniers publics à tout-va. Même des villes en pleine crise économique, dans le nord vers la mer Noire, continuent de voter pour lui. On ne peut donc pas expliquer le vote Erdogan par le fait qu’il ait multiplié par trois le revenu par habitant depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP, en 2002. Recep Tayyip Erdogan est celui qui leur a redonné la fierté et qui incarne le renouveau de la grandeur de la Turquie, tout en étant comme eux un homme du peuple, parlant comme un homme du peuple.
Ils aiment précisément ce que les étrangers détestent en Erdogan. Il défie cet Occident qui avait démantelé l’Empire ottoman. C’est un redoutable animal politique. Il a présenté l’élection présidentielle comme un duel entre lui et Muharrem Ince, le candidat du CHP (parti républicain du peuple), le parti créé par Mustapha Kemal, le fondateur de la République. Ince est un excellent orateur et il a réussi un demi-miracle en engrangeant 30 % des voix, mais son parti est un repoussoir pour cette Turquie conservatrice, pieuse, sunnite, nationaliste, qui est le socle électoral d’Erdogan, et qui pèse quelque 60 % de la société – un pourcentage qui ne varie guère.
A ses débuts, Erdogan était perçu comme une menace pour l’establishment. Aujourd’hui, il l’incarne. Que s’est-il passé ?
La Turquie a connu une véritable révolution sociale, ces seize dernières années. La base sociale du pouvoir politique a changé. Les cadres ont changé. L’idéologie a changé, avec la montée en puissance de ce que l’on appelle la « synthèse turco-islamiste », ce mélange de nationalisme et d’islamisme dont Erdogan est la parfaite incarnation.
L’arrivée au pouvoir de son parti marquait l’irruption sur le devant de la scène de la bourgeoisie anatolienne, celle des petites villes du centre du pays, longtemps marginalisée, mais surtout méprisée par les élites économiques d’Istanbul et administratives d’Ankara, surnommées les « Turcs blancs ». Le parti a cristallisé aussi bien les espoirs des classes moyennes nouvellement urbanisées et conservatrices que ceux du petit peuple des banlieues. C’était une lutte sociétale, économique, mais aussi une lutte culturelle. Erdogan pourfend volontiers ceux qui ont le capital culturel, mais qui sont étrangers à leur peuple. Nombre de pays émergents ont connu des phénomènes similaires.
Cet islamo-nationalisme éloigne-t-il toujours plus la Turquie de l’Union européenne et de l’OTAN ?
Au-delà de la politique et de l’idéologie, il faut être lucide sur les intérêts économiques et sécuritaires du pays. Economiquement, la Turquie fait partie de l’Occident. La plupart des investisseurs étrangers sont européens, les marchés les plus sûrs pour les exportations turques sont en Europe, d’autant que le Proche-Orient est en plein chaos.
Je crois aussi que la Turquie restera dans l’OTAN – en tout cas avec les Etats-Unis, car l’on peut s’interroger sur l’avenir de l’Alliance atlantique avec Donald Trump. Cela implique de régler les différends entre la Turquie et les Etats-Unis en Syrie, qui se cristallisent sur la question kurde. Mais après des mois de tensions, l’heure semble au compromis. Américains et Turcs ont trouvé un accord sur la petite ville contestée de Manbij, et les forces kurdes ont quitté les lieux. On ne parle plus, à Ankara, d’intervention à l’est de l’Euphrate contre les zones kurdes.
Vous ne croyez pas à un rapprochement avec la Russie ?
Si c’était réellement une option stratégique, pourquoi la Turquie se réinvestirait-elle à ce point dans l’OTAN, aussi bien dans le projet d’une force commune de réaction rapide qu’avec la participation de ses navires – pour la première fois – à des manœuvres dans l’Atlantique ? L’évolution de la situation en Syrie sera aussi déterminante.
Si, après avoir reconquis Deraa au sud, le régime de Damas lance avec le soutien russe une offensive au nord sur la région d’Idlib, la dernière encore sous contrôle de la rébellion, la Turquie affirme qu’elle quittera le processus d’Astana, où elle s’était engagée aux côtés de la Russie et de l’Iran. C’était le symbole de sa prise de distance vis-à -vis de ses alliés occidentaux. En outre, les Etats-Unis ont besoin de la Turquie face à l’Iran, leur principal ennemi dans la région.
Le président Erdogan continue de souffler le chaud et le froid avec l’UE. Qu’en est-il ?
D’un côté comme de l’autre, nous savons que le processus d’adhésion de la Turquie est gelé pour longtemps, même si cela pourrait changer dans dix ou quinze ans – s’il y a encore une Union européenne. Nombre de pays membres, à commencer par la France de Nicolas Sarkozy, ont très mal géré la candidature turque. Pourquoi l’ont-ils humiliée publiquement ? Pourquoi ont-ils souligné, dès le début du processus de négociation, qu’il n’irait pas à son terme ? Il y a eu de leur part une insincérité inouïe. Recep Tayyip Erdogan a eu alors beau jeu de dénoncer le « deux poids deux mesures » de Bruxelles !
Il faut désormais voir la réalité telle qu’elle est, en fonction des intérêts de l’Europe et de la Turquie, qui convergent sur de nombreux points. L’accord sur les réfugiés, quels que soient les problèmes éthiques qu’il pose, est à cet égard exemplaire, et il foctionne. Dans un contexte de crise transatlantique, l’Europe doit prendre ses responsabilités quant à la construction d’une architecture commune de sécurité : comment pourrait-elle se faire sans la Turquie ? Comment imaginer une politique vis-à -vis du Proche-Orient sans la coordonner avec la Turquie ? La Turquie demande un statut à l’Union européenne, même si ce n’est plus celui de membre.
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