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Le Figaro, le 12/11/2018
Par Reyhan Atay
Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République laïque de Turquie, disparaissait le 10 novembre 1938. Les Turcs lui ont rendu hommage samedi, jour du lancement de la semaine dédiée à celui qui fit entrer le pays dans l’ère moderne. Il est pourtant l’objet de contestations depuis l’arrivée au pouvoir, en 2002, des islamo-conservateurs. Au risque de rompre avec son héritage.
Quatre-vingts ans après sa mort, Mustafa Kemal semble toujours vivant. Chaque 10 novembre, à 9h05, tout est réuni pour rendre hommage au premier président de la République de Turquie, qui réforma le pays en profondeur: laïcité, abolition du sultanat et du califat, interdiction du port du fez, changement de l’alphabet, droit de vote des femmes (avant la France)… Les sirènes retentissent dans tout le pays tandis que, sur le Bosphore, celles des bateaux sont au diapason. Le pays se fige pour observer deux minutes de silence à la mémoire d’Atatürk, «père des Turcs» qui, en 1923, sur les ruines d’un Empire ottoman écroulé, a construit un État-nation empreint de modernité s’inspirant de la Révolution française.
Le rituel continue avec les cérémonies officielles au mausolée d’Anitkabir, à Ankara, qui abrite sa dépouille, et où des milliers de Turcs sont venus s’incliner devant leur «grand réformateur». Dans le cadre de la semaine dédiée à Atatürk (jusqu’au 16 novembre), dans les écoles, les élèves vont reprendre en chÅ“ur des chants à la gloire de ce leader, qui inspira Gandhi dans son mouvement d’indépendance de l’Inde, et différentes conférences seront organisées dans le pays pour évoquer ses réformes.
Fermer la parenthèse Atatürk
Dans le préambule de la constitution turque, le héros militaire de Gallipoli est qualifié de «leader immortel et héros incomparable». C’est une icône intouchable. Et pourtant. Fermer la parenthèse Mustafa Kemal est le vÅ“u le plus ardent de l’AKP, parti des islamo-conservateurs, au pouvoir depuis 2002. Ils en rêvaient. Recep Tayyip Erdogan l’a fait. L’homme fort d’Ankara est considéré comme l’un des principaux fossoyeurs de son Å“uvre et n’hésite pas à le contester en le qualifiant d’«ivrogne»: «On nous a volé notre alphabet arabe. Et nos mosquées ont été transformées en étable par le CHP [parti républicain formé par Atatürk, ndr] et nos imams pendus pour avoir refusé le port du chapeau!» peste-t-il. «Les propos d’Erdogan sont truffés d’inexactitudes», tance vertement Sinan Meydan, historien et spécialiste de la Turquie contemporaine. Dans les années 1925, les chefs religieux Cheikh Saïd et Iskilipli Atif ont été à l’origine de révoltes armées visant à renverser la République et à instaurer le califat. De plus, les mosquées auxquelles Erdogan fait référence ont été profanées par les armées étrangères et 126 mosquées ont été rénovées sous la houlette de Mustafa Kemal. Il poursuit: «Sous l’Empire ottoman, on écrivait le turc, langue agglutinante, via un alphabet arabo-persan qui ne rendait ni l’écriture ni la lecture aisées. Grâce au changement d’alphabet par Atatürk, inspiré des alphabets göktürk, étrusque et latin, le taux d’alphabétisation de la population est passé de 7 à 27% entre 1928 et 1935, un record mondial.»
Convaincu de bâtir une «Nouvelle Turquie», Erdogan s’est attiré les foudres de ses adversaires pour avoir considéré le traité de Lausanne, signé en 1923, comme une victoire à la Pyrrhus, alors qu’il reconnaissait le pays dans ses frontières actuelles, entérinant les victoires militaires du père de la Turquie moderne, qui venait d’éviter le dépeçage de l’Empire ottoman, prévu par le traité de Sèvres (1920). Le chef d’État s’attaque même au symbole: il rebaptise une dizaine de stades qui portaient le nom d’Atatürk ou remplace le centre culturel d’Istanbul dédié à Mustafa Kemal, inauguré en 1969. Et dans son palais présidentiel, construit en 2014 sur un complexe conçu par le «Gazi (le «victorieux»), Erdogan n’hésite pas à s’afficher avec Kadir Misiroglu, thuriféraire des islamistes connu pour sa virulente opposition à Mustafa Kemal et à la tête de la fondation La Science et la sagesse des Ottomans.
Réécrire l’histoire en détricotant les faits
Les attaques contre Atatürk surviennent dans un contexte, selon les laïcs, de prises de mesures visant à minimiser les références aux valeurs républicaines dans les écoles, tout en favorisant l’islam: la théorie de l’évolution, jugée «controversée», est bannie des livres scolaires, et remplacée par la notion de «djihad» («lutte spirituelle, effort sur le chemin de Dieu»). «Tout comme le père des Turcs a façonné le paysage sociologique du pays, Erdogan veut transformer le pays pour en faire une société musulmane», estime Soner Cagaptay, auteur de New Sultan et responsable du Washington Institute. En 2017, 75.767 élèves ont rejoint les 4112 écoles religieuses (Imam Hatip) contre 3110 en 2016, soit au total 1.555.932 jeunes formés pour devenir des imams.
Un certain aspect du monde dystopique du roman 1984, imaginé par George Orwell, résonne dans la Turquie de Recep Tayyip Erdogan: réécrire l’histoire en détricotant les faits. Un modus operandi efficace pour rompre dans certains milieux avec les valeurs républicaines. En effet, dans les villes conservatrices, les bustes d’Atatürk sont l’objet de profanation, de dégradation ou de destruction. «L’idolâtrie n’est pas dans notre religion», s’exclame Mehmet Malbora en coupant à la faucille une statue à Şanlıurfa. Même sur les réseaux sociaux, les internautes s’affichent aisément pour insulter Mustafa Kemal avant d’être inquiétés par la justice. La loi protégeant sa mémoire n’a pas suffi à dissuader des académiciens islamistes, poursuivis, puis relâchés, à se montrer injurieux à la télévision, à l’égard d’un homme qu’ils accusent d’avoir trahi la cause de l’islam en abolissant le califat.
Réhabilitation de l’Empire ottoman
La relecture de l’histoire ottomane survient au moment même où l’Empire, qui s’étendit à son apogée sur un territoire jusqu’à six fois l’actuelle Turquie, connaît un regain d’intérêt, qui se manifeste de multiples façons. L’AKP soutient des productions télévisuelles en phase avec sa propre vision historique: treize séries sur le faste ottoman sont diffusées. Et, même quand il s’agit de baptiser les constructions modernes, les autorités se targuent de convoquer le panthéon des figures ottomanes, comme Abdulhamid ou Selim Ier. Un passé prestigieux qu’ils cherchent aussi à valoriser avec le musée panoramique Istanbul 1453, inauguré en 2009, qui exalte la prise de Constantinople par Mehmet le Conquérant. Sur les collines de Güneysu, ville natale d’Erdogan, on peut observer la somptueuse mosquée Haci Hafiz Yusuf Yilmaz, inspirée d’une autre, dédiée à Semsi Pacha, gouverneur ottoman. Sa nostalgie de la Sublime Porte, Erdogan l’a montrée à nouveau en accueillant à Istanbul le 27 octobre Macron, Poutine et Merkel – en marge d’un sommet sur la Syrie – au palais Mehmet VI, abandonné par ses prédécesseurs. Celui-ci est le dernier sultan de la dynastie ottomane, «un traître que l’on veut héroïser», selon l’historien Sinan Meydan. Destiné à remplacer l’aéroport Atatürk, le nouvel aéroport, Istanbul, le plus grand du monde et paré de touches néo-ottomanes, a été inauguré par le président le 29 octobre, date qui coïncide avec la proclamation de la république fondée par Mustafa Kemal.
Même si ce dernier n’a jamais fait partie de son corpus idéologique, Recep Tayyip Erdogan revendique toutefois épisodiquement son héritage. Réconciliation tardive ou pur opportunisme? «Le gouvernement a compris qu’une politique anti-Atatürk ne servait à rien. Des millions de personnes veillent à son héritage», martèle l’historien Sinan Meydan, ajoutant que «l’intérêt soudain d’Erdogan était destiné à séduire le centre droit, une médiane entre les laïcs et les conservateurs pendant l’élection présidentielle». En se faisant réélire président de la Turquie au premier tour, le 24 juin, jour marqué par le basculement d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, Recep Tayyip Erdogan a gagné son pari, mais peine à effacer la mémoire d’Atatürk. Quatre-vingts ans après sa disparition, l’homme qui a été élu aux États-Unis «leader du XXe siècle» parmi 337 politiques étrangers reste plus que jamais adulé en Turquie. Son portrait quasiment sacralisé continue d’orner les rues de cette république laïque.
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