Zaman Vandaag, l’édition néerlandaise du journal turc Zaman qui avait fermé ses portes sous la pression du régime turc, renaît sous une autre forme. Depuis le 5 mai, la publication hebdomadaire s’appelle De Kanttekening (“le commentaire”). Dans son premier éditorial, intitulé “un nouveau départ”, le journal se présente comme un journal “émancipatoire” qui entend “traiter de toutes les cultures, religions et courants de pensée, en ayant toujours le même recul”.

“Harcelés, menacés, insultés”

Après la tentative de coup d’État de juillet 2016 en Turquie, Zaman Vandaag était sur le fil du rasoir, explique Trouw. “De nombreux lecteurs avaient résilié leur abonnement”, et les recettes publicitaires avaient chuté, car “les annonceurs turcs ne voulaient pas être associés à un journal ouvertement güléniste”.

“Des sympathisants du mouvement aux Pays-Bas étaient harcelés, menacés et insultés. Le rédacteur en chef de Zaman, Mehmet Cerit, ouvertement proche du prédicateur Fethullah Gülen, a reçu des menaces et été traité de traître à la patrie”, rappelle NRC Handelsblad.

Mais le coup de grâce pour le journal était cependant venu du mouvement Gülen lui-même : après les mauvais résultats financiers et les menaces émanant du régime turc, le groupe de presse néerlandais Time Media Group, qui éditait le journal, avait décidé de le fermer. L’édition néerlandaise ne fut pas la première, les versions belge, allemande et française ayant déjà mis la clé sous la porte.

 

“Las des infos sur la Turquie”

L’ancien rédacteur en chef de Zaman Vandaag, Mehmet Cerit, dirige aujourd’hui le nouveau journal De Kanttekening. Il explique que l’objectif du nouveau journal est de moins couvrir les actualités turques en faveur d’autres sujets, afin d’attirer des lecteurs au-delà de la communauté turque des Pays-Bas. C’est un pari, car 80 % des lecteurs de Zaman étaient des Turco-Néerlandais hautement qualifiés, souvent critiques à l’égard du régime d’Erdogan, qui risquent de déplorer le changement de cap du journal. Mais M. Cerit, cité par Trouw, se veut confiant :

Je ne pense pas que [nos lecteurs] vont décrocher. J’entends dire que le lectorat turc s’est un peu lassé des infos sur la Turquie. Nous vivons aux Pays-Bas. Notre avenir est ici.”

Judith Sinnige