Les Néerlandais ont fermement réagi à un projet d’Ankara d’organiser un enseignement pour la diaspora turque dans le monde.

Ingénieuse, la dernière trouvaille du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour accentuer sa mainmise sur la diaspora turque a fait réagir aux Pays-Bas. Ankara entend, en effet, créer des écoles dans une quinzaine de pays occidentaux pour fournir un enseignement à la communauté turque à l’étranger. La plupart des pays d’Europe sont concernés, mais aussi les Etats-Unis, le Canada et l’Australie.

Cette annonce faite par l’agence gouvernementale turque chargée des relations avec les Turcs à l’étranger, YTB, a produit le plus mauvais effet aux Pays-Bas. Elle intervient, en effet, quelques semaines seulement après la réouverture des représentations diplomatiques respectives des deux pays à Ankara et à La Haye. Les relations néerlando-turques étaient tendues depuis des mois suite à une série d’incidents.

Cette fois-ci, Ankara entend replonger les Néerlandais d’origine turque dans leurs racines avec cinq ou six heures d’enseignement durant les week-ends. Le projet que détaille YTB évoque notamment deux heures d’enseignement du turc par semaine, une heure de religion et une autre d’histoire de la Turquie.

 

Une menace pour l’intégration de la communauté turque

Selon Joost Lagendijk, consultant spécialisé sur la Turquie, « les cours d’histoire et de culture sont le plus susceptibles d’accentuer le fossé culturel et social entre la communauté turque et la société néerlandaise Â».

A côté du gouvernement, plusieurs partis politiques sont aussi montés au créneau pour dénoncer ces écoles du week-end, même si, d’un point de vue juridique, rien n’interdit a priori l’organisation d’un tel enseignement aux Pays-Bas.

« C’est inquiétant de voir comment le président d’un pays autoritaire et non démocratique veut se rallier les Néerlandais d’origine turque, ce qui va à l’encontre de leur intégration Â», a critiqué un député du parti libéral du Premier ministre, Mark Rutte.

De son côté, La Haye a réagi avec fermeté. « Nous ne voulons pas d’un enseignement qui soit un frein à l’intégration aux Pays-Bas ou qui propage des idées antidémocratiques. Si des signaux nous l’indiquent, le gouvernement réagira Â», a menacé Wouter Koolmees, ministre des Affaires sociales néerlandais chargé de l’intégration.

Celui-ci même a déjà eu maille à partir avec Recep Tayyip Erdogan au printemps dernier. Juste avant les élections de juin en Turquie, l’homme fort d’Ankara avait envoyé une lettre sujette à caution à ses « concitoyens Â» néerlandais, les enjoignant de participer au scrutin. Le ministre avait alors évoqué « une ingérence étrangère malvenue Â».