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Slate.fr, le 24/06/2019
Ariane Bonzon
Comme lors du scrutin annulé, le candidat du parti d’ErdoÄŸan a été défait.
Il y a, quand il s’agit d’expliquer la Turquie et les Turcs, deux sortes de personnages. Les premiers aux yeux desquels ce peuple, aujourd’hui comme hier, serait un peuple martial, génocidaire, voire barbare, enclin au despotisme et propice à tous les fanatismes. «Indécrottable» en quelque sorte. Et puis, tout en reconnaissant qu’il y a dans l’ADN turc une lourde composante, les seconds rappellent que l’histoire de ce peuple est aussi faite d’importantes embellies réformatrices et d’avancées démocratiques qu’il convient de ne pas escamoter, au risque sinon de tronquer le tableau.
Dimanche 23 juin au soir, la victoire d’Ekrem İmamoğlu, le candidat républicain d’opposition (CHP) au camp islamo-nationaliste, a donné raison aux seconds.
Ce n’était pourtant pas joué d’avance. La dérive autocratique du pays était reconnue par tous, les élections municipales du 31 mars dernier l’ont encore confirmé: une campagne électorale particulièrement déséquilibrée en faveur du pouvoir, l’intervention permanente du président ErdoÄŸan, son discours populiste et clivant du style «moi, mes candidats, face aux amis des terroristes…» et, last but not least, l’annulation contestée de la mince victoire obtenue à Istanbul par le candidat de l’opposition pour des motifs tirés par les cheveux. Un peu comme si l’on faisait annuler un match de foot parce que la licence d’un juge de touche n’était pas en règle alors qu’il n’a eu aucune influence dans le résultat, a excellement comparé l’éditorialiste turc, Kadri Gürsel.
Double revers
La partie se rejouait donc, donnant cette fois une large victoire, avec non plus 13.000 mais plusieurs centaines de milliers de voix d’avance, à Ekrem İmamoğlu, 47 ans. Un revers cinglant pour le Président Erdoğan, tout puissant depuis qu’il a pu en 2017 faire inscrire dans la Constitution le pouvoir personnel auquel il aspirait, et à se faire élire en 2018 par la population dès le premier tour. Un double revers même, puisque selon ses propres mots «qui tient Istanbul tient la Turquie», et que, mauvais joueur, il avait utilisé les moyens les plus scabreux pour faire annuler sa première défaite, ou plus précisément celle de son poulain, le fidèle Binali Yildirim.
Presque tout poussait donc à prévoir la victoire de ce dernier: les précédentes manipulations –notamment le référendum constitutionnel de 2017, où l’on avait vu modifier les règles de décompte des voix en cours de dépouillement lorsqu’il était apparu que le «non» allait l’emporter– et l’enjeu –la ville d’Istanbul, essentielle dans l’assise politique, économique et rhétorique de RT Erdoğan. Et puis plusieurs tentatives d’ordre tactique: l’acceptation d’un face-à -face télévisé des deux candidats, avant une nouvelle montée au créneau du président turc, lui-même, à la faveur de la mort , l’«assassinat» dira-t-il, de l’ancien président égyptien frère musulman Morsi, destitué par le général Sissi en 2013. Sans oublier le coup de théâtre de la lettre du leader kurde, Abdullah Öcalan, écrite de la prison où il est enfermé depuis vingt ans. S’adressant à ses «compatriotes», l’ancien chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, illégal) leur demandait de rester neutres dans ce combat entre le pouvoir et l’opposition. Si cet appel avait été suivi d’effet par la mouvance autonomiste kurde, cela aurait pu faire basculer le vote en faveur du candidat islamo-nationaliste.
Mais au lieu de se réduire, l’écart entre les deux candidats principaux s’est profondément creusé, le différentiel approfondi. Lorsque celui-ci est étroit, les manipulations sont plus aisées, lorsqu’il est important, il faut recourir à des procédés trop visiblement illégaux, compte-tenu de la vigilance des nombreux observateurs nationaux et internationaux présents.
Nouvelle maturité politique
Et ce d’autant plus que les ressorts démocratiques sont toujours vivants en Turquie, surtout dans les grandes villes, où les élections n’ont jamais été réellement contestées, même si des fraudes diverses sont régulièrement relevées. La vivacité des contre-pouvoirs sur les réseaux sociaux a bon an mal an contrebalancé le quasi monopole médiatique du pouvoir. Tandis que l’opposition, faisant front commun contre un pouvoir aux accents dictatoriaux, a fait preuve d’une assez nouvelle véritable maturité politique. En appelant, de prison, les militants de son parti à voter pour le candidat républicain du peuple (CHP), pourtant peu favorable à l’autonomie kurde, Selahattin Demirtas, l’ancien co-président du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche, majoritairement kurde) l’a particulièrement illustré. Non sans infliger indirectement une petite leçon aux enfants désabusés de nos démocraties occidentales, qui ne voient dans les élections qu’un «piège à cons», les citoyens turcs opposés au régime de RT Erdoğan ont ainsi manifesté leur attachement aux urnes dans le cadre d’élections démocratiques.
Il est un peu tôt, cependant, pour tirer les conséquences de ce vote important. Celui-ci entrainera certainement des répercussions au plan national: cet échec, d’autant plus retentissant qu’il a été d’abord refusé, est une défaite pour le président Erdoğan qui a toujours invoqué dans sa rhétorique populiste l’appui du peuple pour justifier son autoritarisme. Son camp n’est plus le bloc solide qu’il était, des fissures sont déjà perceptibles tandis que l’opposition doit se sentir plus confiante.
Mais il n’y aura plus d’élections nationales d’ici 2023, sauf dissolution du Parlement et destitution du Président. Celles-ci nécessiteraient que 60% des députés fassent front commun, ce qui est à l’heure actuelle arithmétiquement impossible mais pourrait le devenir en cas de scission du parti présidentiel, le parti de la justice et du développement (AKP) et de la fin de l’alliance de celui-ci avec les ultranationalistes (MHP).
Retentissement international
L’image du «Reis» turc va se trouver également écornée au plan international. Lui qui aimait à se présenter comme l’héritier tout puissant de l’Empire ottoman, soutenu par un peuple fier, sera sans doute amené à en rabattre quelque peu.
L’autorité des chefs des nouveaux états «illibéraux» suppose l’appui majoritaire d’un peuple peut-être abusé, mais convaincu. Dans cette perspective, RT ErdoÄŸan devra rapidement restaurer son image ternie. Car loin d’avoir entièrement disparu, sa légitimité n’est cependant plus absolue si son pouvoir l’est toujours largement. Quant à dire que le vote d’Istanbul signale un réveil de la démocratie et le glas des mobilisations «illibérales» contre les formes régulières de représentation politique, ce serait aller un peu vite en besogne.
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