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Le Monde – 09/02/2015
Par Hidayet Karaca, directeur du groupe de presse Samanyolu
Lorsqu’un terrible attentat terroriste a frappé la France en son cÅ“ur, des dirigeants du monde entier ont accouru à Paris pour participer à la Marche républicaine. Voir Ahmet Davutoglu, le premier ministre de mon pays, afficher sa solidarité avec le peuple français était louable en même temps qu’ironique.
Depuis plusieurs années, la Turquie figure en effet en haut de la liste des pays qui emprisonnent des journalistes à tour de bras. Le gouvernement prétend qu’ils sont détenus en raison de leurs «activités terroristes» et non de leurs activités journalistiques. L’auteur de ces lignes, journaliste depuis 22 ans, directeur de l’un des cinq plus grands groupes de médias en Turquie – qui comprend 14 chaînes de télévision diffusées en turc, en anglais, en arabe et en kurde -, fait désormais partie de ce groupe des «journalistes-terroristes». C’est que je me trouve actuellement dans une cellule de prison à Istanbul depuis 54 jours.
Depuis les manifestations de Gezi en mai 2013 et l’éclatement du scandale de corruption en décembre 2013, le président turc Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre, accuse toute opposition de vouloir comploter pour le renverser. Pas un jour ne passe sans qu’individus ou groupes critiques à l’égard du pouvoir ne soient qualifiés de «traîtres» ou « d’ennemis de l’Etat ». Le Hizmet (ou Gulen) un mouvement civil d’inspiration religieuse initié par le savant religieux Fethullah Gülen, fait désormais partie de cette longue liste de «traîtres». M. Erdogan a vu dans les enquêtes anticorruption une tentative orchestrée par ce dernier pour renverser son pouvoir.
Malgré les refutations du Hizmet, cela n’a pas empêché le premier ministre de l’époque de déclarer la guerre à toutes les organisations et individus affiliés au mouvement. Et nous, des journalistes réputés proches du Hizmet, sommes les dernières victimes de cette chasse aux sorcières.
Je ressens une profonde déception lorsque je constate où en est arrivé mon pays au cours des dernières années. Le pouvoir a dévié de sa trajectoire en démolissant ce qu’il avait construit depuis son accession au pouvoir en 2002. Notre groupe de presse, qui avait soutenu les réformes de l’AKP dans le passé, est devenu un média à abattre à partir du moment où nous avons refusé de cautionner cette nouvelle direction.
C’est le sourire aux lèvres que Thibaut, étudiant de 18 ans en terminal, raconte sa folle histoire.
Neanmoins, ce serait réducteur de lire les attaques contre nos groupes de presse comme un acharnement contre le mouvement Hizmet, car elles visent avant tout à étendre l’emprise gouvernementale sur toute la presse, quelle que soit sa tendance politique. Récemment, la journaliste Sedef KabaÅŸ et Frederike Geerdink a été placée en garde à vue pour un tweet, elles risquent cinq ans de prison.
A n’en pas douter, je fais face comme d’autres journalistes à un procès kafkaïen. Je suis en détention provisoire à cause de dialogues qui figuraient dans le scénario d’une série diffusée il y a cinq ans. Nous sommes accusés d’avoir faussement associé un obscur groupe religieux dénommé Tahsiye à al Qaida en 2009. Selon le procureur, le scénario de la série aurait envoyé un message crypté aux policiers pour qu’ils lancent une opération contre ce groupe. Officiellement, le chef d’accusation est «fonder et diriger une organisation terroriste». Or, d’autres organes de presse ont aussi couvert l’événement à l’époque.
Des accusations aussi farfelues qu’incohérentes lorsque l’on sait que le leader du groupe Tahsiye a participé à une émission télévisée après mon incarcération pour y déclarer qu’il «appréciait Ben Laden puisqu’il est musulman». En effet, le 14 décembre 2014, 23 personnes, des journalistes, des scénaristes, producteurs, assistants caméra, infographistes, ont été placées en garde à vue. Le rédacteur en chef de Zaman, le journal le plus diffusé de Turquie, Ekrem Dumanli, a également été arrêté, accusé d’avoir autorisé la publication de deux chroniques et un article. Il a été libéré mais il reste frappé d’une interdiction de sortie du territoire.
Nous sommes jugés par un tribunal d’exception. Le juge qui a délivré les mandats est connu pour éprouver une très grande sympathie pour le chef de l’Etat. J’ai posé une seule question au juge : «Vous nous accusez de faire partie d’un groupe terroriste armé. Où est le groupe ? Où sont les armes ?». Il n’a pas su me répondre… Comme le disait Kafka dans Le Procès, «avoir pareil procès, c’est déjà l’avoir perdu». Le système est tellement absurde que je ne sais même pas le temps que je vais passer en détention. Car, sous la pression du gouvernement, les procureurs retardent sciemment la clôture de leur enquête. De nombreux pays dans le monde entier ont condamné ces opérations policières contre Samanyolu Tv et Zaman. Le Parlement européen et le Conseil de l’Europe viennent d’adopter à la quasi unanimité une résolution allant dans ce sens.
Je ne suis pas le premier journaliste turc emprisonnée pour avoir fait son travail. Malheureusement, vu le tropisme autocratique d’Erdogan, je ne serai pas le dernier. Le nombre de journalistes détenus n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. La presse turque, dans sa quasi totalité, a été domestiquée par des méthodes plus sophistiquées que l’emprisonnement ou est passée sous le contrôle d’hommes d’affaires proches du gouvernement. Or le contrôle total des médias est un pilier central du régime autoritaire en Turquie. Il oblige non seulement la presse pro-gouvernementale à relayer une propagande mais pousse aussi la presse d’opposition à s’auto-censurer. Les quelques rares organes de presse indépendants ont subi des contrôles fiscaux à répétition, des amendes pécuniaires. Le groupe de presse que je dirige ne reçoit plus de publicités de la part des autorités publiques, il fait face à des amendes abusifs du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Les comptes Facebook et Twitter qui dérangent sont prestement interdits.
Plus menacée que jamais, une presse libre et plurielle en Turquie est impérieuse dans la voie qui est la sienne : un pays inscrit en Europe, un pays pétri des libertés fondamentales. Malgré les jours sombres que traverse la presse indépendante en Turquie, sa détermination à exister demeure intacte.
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