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L’Equipe, le 12/07/2015
Podolski, Nani, Mbia ou encore Eto’o ont rejoint la Turquie cet été. La Süper Lig s’apparente de plus en plus à un nouvel eldorado pour des joueurs qui veulent se relancer ou signer un dernier gros contrat.
Lukas Podolski, la nouvelle recrue de Galatasaray. (D.R)
Cet été, la Turquie est la destination à la mode chez les footballeurs. Pas pour y passer leurs vacances, mais aussi dans l’optique de donner un nouvel élan à leur carrière ou de signer un dernier contrat juteux, tout en évoluant dans un Championnat compétitif avec des stades pleins et des ambiances enflammées. Traditionnellement, la Süper Lig – même si elle était souvent considérée comme exotique- a toujours attiré d’excellents joueurs.
Taffarel, Gheorghe Hagi, «Jay Jay» Okocha, dans les années 90, Roberto Carlos, Nicolas Anelka, Édouard Cissé, dans les années 2000, Mamadou Niang, Guti ou Felipe Melo dans les années 2010, tous ont expérimenté le football turc. Les noms annoncés pour la saison 2015-2016 sont plus ronflants même si certains joueurs arrivent déjà au crépuscule de leur carrière: Samuel Eto’o (Antalyaspor), Lukas Podolski (Galatasaray), Nani (Fenerbahçe) ou encore Stéphane M’bia (Trabzonspor) vont découvrir le Championnat turc, en attendant peut-être Robin van Persie (Fenerbahçe).
L’argument financier n’est pas négligeable
Carl Medjani est arrivé à Trabzonspor l’an passé dans les valises de son ancien sélectionneur en équipe d’Algérie, Vahid Halilhodzic. Il justifie son choix d’opter pour la Turquie après avoir évolué – entre autres- à Ajaccio, Monaco, l’Olympiakos ou Valenciennes. «Si on compare avec l’Europe et les pays du Golfe, la Turquie c’est une sorte d’antichambre. Il y a des moyens financiers qui sont aujourd’hui beaucoup plus importants qu’en Europe et qui peuvent se rapprocher de ce qui se fait dans les pays du Golfe mais avec un niveau de compétitivité qui reste meilleur».
Les clubs ont des moyens et s’en servent pour attirer de grands noms. Il y a dix ans, Fenerbahçe faisait déjà venir Nicolas Anelka en provenance de Manchester City. Deux ans plus tard, c’est Roberto Carlos qui rejoignait le «Fener». En janvier 2013, Galatasaray avait réalisé un joli coup en achetant Wesley Sneijder à l’Inter Milan (7,5 millions d’euros).
Même si elle est moins importante qu’au début de la décennie, la croissance de la Turquie continue d’être positive (+ 3% en 2014). Les clubs de foot et leurs propriétaires millionnaires en profitent. Le président de Fenerbahçe, Aziz Yildirim, qui a été condamné à de la prison dans des affaires de matches truqués, a fait fortune dans la construction. En 2000, le club a créé Fenerium, une entreprise de prêt-à -porter qui compte 64 magasins à travers le monde et qui génère d’énormes revenus. «Fenerbahçe a des fans partout. On parle de 20 à 25 millions de supporters dans le monde. Même quand je suis en France, je m’en aperçois. C’est un immense club», témoignait Moussa Sow dans L’Équipe en mars 2014.
Galatasaray, le rival historique, n’est pas en reste. En 2011, l’action du club était cotée à 182 euros, soit une hausse de 40% depuis son introduction en bourse en 2000 selon L’Express. Le club, propriétaire d’un îlot sur le Bosphore, a aussi investi dans plusieurs terrains immobiliers. En 2014, Galatasaray occupait la 18e place du classement des clubs les plus riches avec 161,9 millions d’euros de revenus selon le cabinet Deloitte qui établit chaque année le classement des clubs de football les plus riches du monde. De son côté, Trabzonspor, l’un des rares clubs à pouvoir rivaliser avec les trois mastodontes d’Istanbul, affichait en 2011 la cinquième capitalisation boursière d’Europe avec 59 millions d’euros, toujours selon L’Express.
Autre avantage pour les clubs: la fiscalité. Considérés comme des associations, ils payent peu ou pas d’impôts, ce qui leur permet d’offrir des salaires très confortables à leurs joueurs (12,6 millions d’euros pour Drogba quand il évoluait à Galatasaray, 3,2 millions d’euros pour Sneijder, hors primes, 4 millions pour Eto’o selon la presse turque…). Ces derniers voient aussi leurs impôts plafonnés à 15%. «Ici on est exonéré d’impôts. Cela offre une meilleure possibilité de gagner sa vie par rapport au Championnat français par exemple», confirme Medjani.
Sportivement, les clubs sont compétitifs
Carl Medjani n’a pas perdu au change en signant en Turquie. Le capitaine de l’Algérie l’assure le Championnat truc «n’a rien à envier à ce qui peut se faire en Europe, surtout dans le haut du tableau. On ne s’ennuie pas, il y a des suprises à chaque journée. Les matches sont très ouverts. La notion tactique n’est pas la plus importante. Ce qui compte, c’est surtout l’attractivité pour les supporters et le plaisir de jouer, de marquer des buts, d’avoir du jeu et des actions».
Cette saison, le règlement autorisera 14 joueurs étrangers par équipe (au lieu de 8), 11 sur la feuille de match (au lieu de 6). De quoi créer une nouvelle dynamique dans un Championnat qui pointe au 14e rang à l’indice UEFA, entre les Pays-Bas et la Biélorussie? «Ça va rendre le rendre plus attrayant, prédit Medjani. C’est spectaculaire, il y a de grosses ambiances quand vous jouez les meilleures équipes. Le football en Turquie c’est le sport phare. Quand on voit qu’Eto’o signe à Antalyaspor, que Van Persie risque d’arriver, Podolski, Nani… ça va faire parler. Ce sera un Championnat qui sera peut-être plus en vue. C’est bien pour le football turc. J’espère que les clubs qui sont engagés en Coupe d’Europe pourront briller pour apporter plus de lumière sur le Championnat».
Un cadre de vie incomparable
La Turquie offre également un cadre de vie qui a charmé de nombreux footballeurs. À Antalya, où il devrait prochainement s’engager, Ronaldinho se retrouverait dans l’une des plus belles stations balnéraires du pays. Pour Carl Medjani ,qui vit à Trabzon une ville «très conservatrice de la religion musulmane et des cultures ancestrales turques», «vivre à Istanbul, Ankara, Antalya, dans le sud de la Turquie c’est vraiment plaisant. Istanbul est une ville magnifique. Elle est belle à voir, à visiter, avec beaucoup d’histoire. Si vous descendez dans le sud côté Antalya, Izmir, ce sont des villes où il fait beau, chaud, en bord de mer, c’est aussi agréable d’y habiter».
L’ancien Ajaccien a lui trouvé son compte sur les bords de la Mer Noire. «Les joueurs musulmans qui y viennent sont épanouis. La vie est plaisante, pas chère, on mange très bien, les gens sont respectueux. Ce sont des choses importantes», souligne le défenseur. Les stars qui ont signé en Turquie l’ont bien compris.
Syanie DALMAT
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