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Le Point, le 03/07/2020
ENTRETIEN
Pour l’ex-diplomate turc Sinan Ulgen, le président s’attaque à Ankara pour réaffirmer son statut de leader d’une Europe qui s’émancipe des États-Unis.
Rarement les propos du président français ont été aussi virulents. Qui plus est à l’égard d’un allié de l’Otan. Lundi, Emmanuel Macron a dénoncé la « responsabilité historique et criminelle de la Turquie, qui prétend être membre de l’Otan ». Le chef de l’État visait l’implication de l’armée turque en Libye, où Ankara intervient militairement depuis le mois de janvier en soutien au gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par les Nations unies, avec l’aide de miliers de miliciens syriens, tchadiens et soudanais.
Si Paris se tient officiellement également aux côtés du GNA, il apporte aussi une aide discrète à ses adversaires de l’armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar, un ancien général kadhafiste au pouvoir dans l’est du pays. Khalifa Haftar bénéficie également du soutien des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, et peut compter au sol sur l’appui de milliers de mercernaires russes de la compagnie privée Wagner, de combattants soudanais, tchadiens et syriens (pro-Damas). À ce jeu, la supériorité militaire de la Turquie, et notamment de ses drones, a permis aux forces du GNA de repousser au printemps dernier l’ANL du maréchal Haftar de Tripoli. Un succès militaire de rang qui a renvoyé la France à ses ambiguïtés dans le conflit libyen.
La sortie d’Emmanuel Macron traduit également l’exaspération de Paris après l’incident dont a été victime la frégate Le Courbet il y a trois semaines. Le 10 juin dernier, le bâtiment français qui patrouillait au sud-ouest de la Crète dans le cadre d’une mission de l’Otan, a été illuminé à trois reprises par le radar de tir d’une frégate turque. Il s’apprêtait à contrôler le Cirkin, un navire marchand battant pavillon tanzanien, soupçonné de transporter une cargaison d’armes à destination de la Libye, en violation de l’embargo de l’ONU.
Président du Center for Economics and Foreign Policy Studies (EDAM) à Istanbul, Sinan Ulgen est un ancien diplomate turc qui a été affecté à la délégation permanente de la Turquie auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Dans une interview au Point, ce chercheur associé au Carnegie Europe (le centre européen de la Fondation Carnegie) à Bruxelles décrypte les tensions actuelles entre Paris et Ankara.
Le Point : Sommes-nous à un tournant de la relation franco-turque ?
Sinan Ulgen : En effet, nous sommes arrivés à un tournant, et c’est malheureux. Je ne vois personnellement pas en quoi ce type de discours agressif de la part du président Emmanuel Macron peut servir les intérêts stratégiques de la France. Jusqu’ici, le président français s’était fait remarquer pour son sens de la stratégie sur le long terme, aussi bien pour son pays que pour l’Europe. Concernant l’Otan, l’intérêt de Paris serait de renforcer sa position au sein de l’alliance, en discutant avec ses alliés pour tenter de les convaincre. C’est comme cela qu’elle pourrait y agrandir son influence. Or, ce type d’attaques choquantes est aux antipodes de cette d’ambition. Avec ce discours agressif, la France s’isole au sein de l’Otan.
Mais la tonalité de la réponse française n’est-elle pas à la hauteur de la gravité de l’incident avec la frégate le Courbet ?
Il y a eu à ce sujet des étourderies des deux côtés. Mais il faut rappeler que c’est la marine française qui est à l’origine de cet incident, et qu’il y a donc une responsabilité de la France. La frégate Le Courbet a eu une trajectoire en zigzag autour des navires turcs [ce que dément l’armée française, NDLR], ce qui a provoqué la réponse turque. Autrement, l’Otan aurait réagi de manière beaucoup plus sévère à l’égard d’Ankara. Manifestement, Paris n’a pas reçu assez de soutien de la part de ses alliés de l’Alliance quant à cet incident. Seuls huit pays ont appuyé sa position, contre 22 qui s’y sont opposés.
Les vives critiques d’Emmanuel Macron visent surtout le rôle de la Turquie en Libye…
En Libye également, la position de la France dessert ses intérêts stratégiques. Paris y soutient le maréchal Haftar, une figure de l’opposition armée, contre un gouvernement qui, malgré tous ses défauts, est le seul qui soit reconnu par les Nations unies. Par ailleurs, la France s’affiche dans un camp où figure également la Russie, lui permettant d’étendre son influence dans ce pays. Or, cela va à l’encontre des intérêts de l’alliance transatlantique en Méditerranée orientale. Ainsi, beaucoup de pays de l’Otan, dont l’Italie, ne comprennent pas ce positionnement.
A contrario, l’intervention turque en Syrie en octobre 2019 n’a-t-elle pas elle aussi affaibli l’Otan ?
Ce ne sont pas les intérêts de l’Otan qui sont menacés. Il y a en Syrie des forces turques, américaines, ainsi que des forces spéciales françaises qui n’agissent pas dans le cadre de l’Alliance atlantique. Cela aurait d’ailleurs été beaucoup plus facile pour la Turquie si l’Otan s’y était engagé. Mais il n’y a pas d’appétit pour cela. Voilà pourquoi Ankara a dû s’allier avec la Russie et l’Iran. À la différence de l’Europe, la Turquie est directement en ligne de mire des instabilités en Syrie.
La France fait un calcul stratégique erroné et ne comprend pas le positionnement de la Turquie
Sous couvert d’aide au gouvernement de Tripoli, la Turquie n’est-elle pas en train d’en profiter pour s’implanter durablement en Libye et y rétablir son influence passée sous l’Empire ottoman ?
Il existe effectivement une stratégie visant à élargir l’influence régionale de la Turquie avec ce type de coopération avec le gouvernement libyen, mais cela n’est pas lié à son passé ottoman. Le projet politique imaginé par l’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, avec un soutien à certains mouvements au début du Printemps arabe, dont les Frères musulmans, a échoué. Le regain d’intérêt pour un élargissement du champ d’action de la Turquie en dehors de ses frontières s’explique surtout par une motivation de politique intérieure. Il est lié à l’alliance au pouvoir entre l’AKP [le Parti de la justice et du développement du président Erdogan, NDLR] et le MHP, le Parti d’action nationaliste. En outre, l’intervention militaire turque en Libye, après avoir été beaucoup critiquée en Turquie car elle ne répondait pas aux intérêts stratégiques d’Ankara, est de plus en plus saluée en raison de ses succès militaires.
Outre la Libye et la Syrie, la Turquie est également critiquée par la France pour ses violations régulières des eaux territoriales de Chypre, où se trouvent des champs gaziers.
Encore une fois, la France fait un calcul stratégique erroné et ne comprend pas le positionnement de la Turquie. En Méditerranée orientale, la Turquie réagit à ce qui apparaît comme une coalition formée contre elle (Grèce, Chypre, Israël, Égypte) qui l’exclut du partage des ressources de la région. Là -dessus, la manière dont la France a apporté son soutien sans ambiguïté à ce camp anti-turc creuse le fossé entre Paris et Ankara. La Turquie ne permettra jamais que ces pays imposent leur propre interprétation du partage des ressources, si besoin en usant de son pouvoir militaire. À travers ces actions, le but d’Ankara est de convaincre les Européens, notamment Chypre et la Grèce, d’accepter de négocier avec elle pour trouver une solution politique à cette issue. Un pays comme la France, avec tout le poids politique qu’il a au sein de l’UE, aurait dû pousser pour organiser des pourparlers entre Ankara et Athènes.
La France s’inscrit pourtant dans le cadre du droit international, la zone économique exclusive de Chypre étant régulièrement violée par la marine turque…
C’est le point de vue de Paris, pas celui d’Ankara. La Turquie n’accepte pas le partage des zones économiques exclusives réalisé par ces pays (ZEE) et qu’on lui impose selon une vision unilatérale. Elle possède une autre interprétation de sa ZEE. Par conséquent, Ankara met en place ce type de mesures [de rétorsion, NDLR] pour amener ces pays à changer d’avis et va continuer à le faire. Ainsi, la seule solution à ce problème est de mener des négociations politiques pour trouver une solution équitable.
Pourtant, les ZEE, défendues par la France, se basent sur le droit de la mer…
Oui, mais la Turquie rétorque qu’elle n’a pas signé ce traité. Par conséquent, un pays tiers ne peut pas s’appuyer sur le droit de la mer avec Ankara.
Emmanuel Macron est-il en train de prendre le leadership en Europe du front anti-Erdogan ?
Malheureusement, en observant la tonalité des discours prononcés des deux côtés, on se rend compte que l’affaire est devenue assez personnelle entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan. Les deux dirigeants ont un esprit assez animé. Il faut un retour à une diplomatie saine avec une perspective de négociation politique. Or, on s’éloigne de cela.
La crise actuelle ne s’explique-t-elle pas également par l’effacement des États-Unis de Donald Trump ?
Depuis quatre ans, l’administration américaine démontre qu’elle n’est plus un allié sûr pour l’Europe, ni même l’Otan. Cela a permis de développer la vision selon laquelle il est indispensable de renforcer les capacités de défense et les ambitions militaires de l’Europe. Cela ouvre un espace politique pour avancer sur la thèse d’une Europe qui renforce graduellement son autonomie stratégique dans le domaine de la défense militaire vis-à -vis des États-Unis. Et c’est Emmanuel Macron qui mène cette ambition. C’est comme cela qu’il faut interpréter ses propos sur la « mort cérébrale de l’Otan » en novembre dernier au magazine The Economist, expression qu’il a d’ailleurs répétée la semaine dernière. Vu de Turquie, le président français instrumentalise la crise avec Ankara pour avancer sur ses ambitions stratégiques, avec le désir de faire de l’Europe un acteur stratégique plus autonome par rapport aux États-Unis.
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