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Le Monde, le 01/06/2020
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Inauguré en grande pompe, ce lieu à forte charge historique, devenu un vaste complexe de béton, sera fermé aux citoyens ordinaires. Le président y recevra ses hôtes de marque.
C’est en grande pompe que le président Recep Tayyip Erdogan et son allié politique Devlet Bahçeli, le chef de l’extrême droite ultranationaliste, ont inauguré, mercredi 27 mai, « l’île de la démocratie et des libertés », un îlot rocheux de la mer de Marmara à quelques encablures d’Istanbul, censé faire entrer la Turquie dans une nouvelle ère.
Présentée comme un événement d’importance historique, la cérémonie a été largement relayée par les chaînes de télévision. Toutefois, les commentateurs politiques au service du régime se sont bien gardés de révéler que ce havre de démocratie, limité à 18 hectares, sera fermé aux citoyens ordinaires et que seuls les bateaux privés de quelques VIP seront autorisés à y accoster.
Situé dans l’archipel des îles des Princes, l’îlot, appelé jadis Yassiada, est l’un des 39 arrondissements administratifs d’Istanbul. Cinq ans de travaux ont rendu l’endroit méconnaissable. La forêt a été entièrement rasée pour faire place à un vaste complexe comprenant un hôtel de 125 chambres, des salles de conférences, des cafés, des restaurants, des bungalows, un musée, des installations portuaires et une mosquée susceptible d’accueillir 1 200 personnes. Le président y recevra ses hôtes de marque de façon contrôlée.
Bétonisation effrénée, arrachage systématique des arbres, architecture clinquante sont les principales caractéristiques des réalisations architecturales pharaoniques menées par le président turc. En dix-huit ans d’un règne sans partage, ce dernier n’a eu de cesse de vouloir laisser son empreinte sur Istanbul, mégapole de 16 millions d’habitants, ville dont il fut maire (1994-1998) et qui servit de tremplin à sa carrière politique.
L’Histoire convoquée
Sous sa houlette, la Turquie a investi des dizaines de milliards de dollars dans des infrastructures géantes (aéroports, ponts, routes) et dans des édifices tape-à -l’œil, telle la monumentale mosquée de Çamlica érigée sur la rive asiatique d’Istanbul. Dotée de 63 000 places, soit presque l’équivalent du Stade de France, elle parvient difficilement à faire le plein.
Affaibli politiquement par la perte de l’ancienne capitale ottomane, passée aux mains de l’opposition kémaliste lors des municipales du printemps 2019, le numéro un turc entend bien redorer son blason auprès de son électorat désenchanté.
Menacé par la récession économique qui se profile, il cherche à distraire la population de ses soucis quotidiens, à savoir la perte de son pouvoir d’achat, la montée du chômage et la hausse des prix, avec un taux d’inflation qui ne décolle pas des deux chiffres (encore 10,9 % d’inflation en avril).
Pour y parvenir, l’Histoire a été convoquée. Il y a soixante ans à Yassiada, s’est tenu le procès du premier ministre de l’époque, Adnan Menderes, et de deux de ses ministres, Fatin Rüstü Zorlu et Hasan Polatkan, destitués par un coup d’Etat militaire le 27 mai 1960. Accusés d’avoir violé la Constitution, tous trois furent condamnés à mort puis pendus seize mois plus tard dans l’île voisine d’Imrali.
Volonté de rupture avec l’héritage kémaliste
Malgré une réhabilitation collective en 1990, ces exécutions sont restées gravées dans la mémoire collective comme l’une des pages les plus sombres de l’histoire du pays. « La loi a été assassinée », a rappelé le président Erdogan avec emphase dans son discours d’inauguration. Dans le musée kitsch consacré à la mémoire du premier ministre Adnan Menderes, la scène du procès a été reconstituée façon Musée Grévin, avec des mannequins de cire dans le rôle des juges et des accusés.
Agé de 7 ans au moment des faits, Recep Tayyip Erdogan a été marqué par le culte que sa famille vouait au « martyr » Menderes, éliminé par une junte militaire au nom de la défense des principes d’Atatürk. Plus d’une fois par le passé il a confié avoir vu son père pleurer à l’évocation du supplicié.
Toutes proportions gardées, la trajectoire politique d’Adnan Menderes n’est pas sans rappeler celle de Recep Tayyip Erdogan. Connu pour sa volonté de rupture avec l’héritage kémaliste, le premier ministre Menderes a gouverné le pays entre 1950 et 1960 par le biais d’une politique économique libérale (privatisations, ouverture aux capitaux étrangers, accès facilité aux crédits) et d’une plus grande tolérance envers les religieux.
Couronnée de succès dans un premier temps, cette politique de rupture a fini par déraper (déficit des comptes publics, épuisement des réserves en devises), contraignant son auteur à resserrer la bride. L’administration publique a été purgée, les droits des journalistes ont été restreints, les manifestations ont été interdites. Ulcérés par cet excès d’autoritarisme, les intellectuels et l’establishment kémaliste en ont profité pour ruer dans les brancards, ce qui a mené à des affrontements puis au coup d’Etat militaire du 27 mai 1960.
L’hégémonie du parti présidentiel menacée
A chaque fois que le président Erdogan se sent menacé dans les urnes, la référence à Adnan Menderes resurgit. Jusqu’ici, l’allusion au « martyr » s’est révélée payante en période d’élections.
Mais, alors que la Turquie s’enfonce dans la répression, le déni de justice et la récession économique, la cote de popularité du Parti (présidentiel) de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) ne fait que baisser dans les sondages. Crédité désormais de 32,2 % des suffrages – selon un récent sondage de l’institut d’études de l’opinion MAK –, il n’est pas certain qu’il parvienne à maintenir son hégémonie.
Prévues pour 2023, les prochaines élections – présidentielle et législatives – pourraient voir le déclin du régime Erdogan qui, depuis dix-huit ans, promet l’avènement de la démocratie et des libertés. « Le problème le plus crucial du pays est l’absence de liberté », a résumé récemment Ali Babacan, un ancien compagnon de route du président, devenu un opposant déclaré.
Après avoir créé son propre parti (DEVA, qui signifie « remède »), cet ancien ministre de l’économie affiche ses ambitions. Lors d’une interview diffusée sur YouTube, M. Babacan a assuré qu’une fois élu, il libérerait les prisonniers d’opinion « en un tournemain ». Journalistes, chroniqueurs, politiciens d’opposition, avocats, blogueurs pourront alors « écrire et dessiner ce qu’ils veulent, conformément au droit universel ». Un projet incomparablement plus généreux et rassembleur que « l’île de la démocratie et des libertés ».
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