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Le Monde, le 13/08/2015
Par Allan Kaval (Nusaybin – Turquie, envoyé spécial)
Des jeunes kurdes dans les rues de Nusaybin, à la frontière Turquie-Syrie, en août 2015. EMILIEN URBANO / MYOP POUR « LE MONDE »
Les miliciens kurdes qui affrontent les forces de sécurité revivent la guerre de leurs pères contre l’Etat turc
De longues rafales d’arme automatique viennent de retentir dans la nuit, tirées depuis un blindé léger de la police positionné au bout de la rue obscure. Une dizaine d’adolescents et de jeunes adultes masqués, armés de bombes incendiaires fabriquées à partir de bouteilles de bière vides, courent se mettre à couvert dans le désordre et la panique.
Ces apprentis miliciens, dont le plus vieux n’a pas 20 ans, vêtus d’uniformes dépareillés, de maillots où ils ont cousu l’effigie du  » président  » Abdullah Ocalan – le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel le Mouvement de la jeunesse patriote révolutionnaire (YDG-H) est affilié – ont couvert leurs visages, qui du foulard noir et blanc de la guérilla kurde, qui d’une cagoule militaire, qui d’un simple châle aux motifs fleuris. Ce soir, la consigne est de boucler leur quartier pauvre et périphérique, d’en interdire l’accès aux véhicules de police, d’en éloigner l’Etat. Quelques heures plus tôt, ils creusaient des fossés, amassaient des sacs de terre, sous les regards résignés de leurs aînés.
 » La police du peuple  »
Depuis le 20 juillet et l’attentat de Suruç attribué à l’Etat islamique (EI) par Ankara et où 32 militants prokurdes ont trouvé la mort, s’est ouverte en Turquie une nouvelle phase de violences, qui met fin à deux années de cessez-le-feu. L’Etat bombarde massivement la guérilla kurde. Dans les campagnes, les combattants du PKK multiplient les attaques contre les forces de sécurité, tandis que dans les quartiers les plus défavorisés des villes kurdes, les YDG-H se heurtent quotidiennement à la police.
Du haut de leurs 15 ou 20 ans, ils arrêtent les voitures, ordonnent à certains chauffeurs d’abandonner leurs véhicules en travers des rues pour créer de nouveaux obstacles, contrôlent les identités.  » Nous sommes la police du peuple « , clamera l’un d’entre eux. Ils transportent des caisses de bombes incendiaires, se lancent des ordres puis traversent à la hâte, de l’ombre d’une rue à l’autre, les lignes de mire policières.
Il ne s’agit pourtant pas d’un jeu. Le 26 juillet, un commandant de cette milice de jeunesse, détaché de la guérilla du PKK pour encadrer clandestinement ces militants, a été abattu lors d’échanges de tirs avec la police. Les jeunes ont décidé de renommer leur quartier en son honneur :  » Martyr Gelhat Gever « , un nom de code inscrit à la bombe sur les murs. Son visage juvénile imprimé sur des affiches rouges apparaît au détour des rues, un  » martyr  » de plus dans des rues hantées par les fantômes de trente années de guerres livrées par le PKK à l’Etat turc et traversées par l’écho des combats actuels contre l’Etat islamique, en Syrie. Cette guerre syrienne a attiré nombre de jeunes du quartier dans les rangs du parti. Elle se déroule tout près de Nusaybin : de l’autre côté de la frontière, à travers 500 mètres de champs de mines bordés de clôtures barbelées et de miradors, s’ouvrent les périphéries de Kamechliyé, la capitale des régions kurdes de Syrie où le PKK s’est imposé et où il livre bataille aux djihadistes avec le soutien de l’aviation américaine.
Quelques blocs de ciment marquent la silhouette du cadavre de Gelhat à un carrefour où les membres des YDG-H montent la garde. Un blindé de la police équipé d’une mitrailleuse est positionné à proximité, quelque part dans la nuit. Des rafales retentissent à intervalles irréguliers quand des militants ou de simples passants traversent sa ligne de tir, tandis que se font entendre depuis une salle de mariage voisine les rythmes saccadés d’une musique de fête.  » Baissez-vous, mettez-vous à couvert, l’ennemi est proche ! « , crient les militants à ceux qui approchent.
 » Torturés à l’électricité  »
Nés Kurdes et pauvres dans les années 1990, ces jeunes hommes masqués ont passé les premières années de leur vie aux heures les plus sombres de l’insurrection du PKK. Comme bien d’autres à travers les villes kurdes, ce quartier de Nusaybin, Abdul Kadir Pasha, est habité par des familles qui ont été expulsées, à l’époque, de leurs villages situés dans des régions d’action de la guérilla kurde.  » Nous vivions dans une zone de guerre. Mon père a refusé de travailler avec l’Etat, alors l’armée turque a détruit notre village en nous accusant d’aider le PKK, et ma famille est venue s’installer à -Nusaybin, raconte le responsable de la position, qui souhaite garder l’anonymat. En ville, on n’avait plus rien, mais l’Etat était toujours après nous. Un jour, les gendarmes sont entrés chez nous, ils ont battu mon père et mon oncle et ils les ont emmenés. Ils ne sont rentrés que plusieurs jours plus tard à la maison. Ils nous ont dit qu’on les avait torturés à l’électricité.  »
Le récit de ce petit commandant fait écho à tous ceux que nous avons recueillis le long des barricades du quartier, des souvenirs d’enfance emplis de bruits de bottes, de cris, d’arrestations et de tortures. Chacun connaît ici l’histoire du  » pont des martyrs  » de -Nusaybin où, en 1996, des dizaines de personnes sont mortes sous les chenilles de chars de l’armée turque lors d’un rassemblement.  » Quand je vois une voiture de police, je me souviens du jour où les gendarmes ont frappé la tête de mon père contre la carrosserie de leurs véhicules devant notre maison avant de l’emmener « , nous confiera l’un des jeunes militants qui se fait appeler Mazlum, avant d’asséner :  » Pour nous, l’Etat, c’est l’ennemi. Avant, nous étions faibles, maintenant, nous pouvons nous venger.  » Dans la nuit de -Nusaybin, les guerres du passé se mêlent à celle que l’on prépare et à celles que l’on mène déjà ailleurs.
Une mère accompagnée de sa petite fille se glisse dans la nuit pour s’adresser au commandant. Elle veut des nouvelles de son garçon de 17 ans, parti sans laisser de trace en septembre 2014 pour s’engager dans la guérilla.  » Je ne sais même pas s’il est ici ou en Syrie, s’il est vivant ou mort.  » Elle veut savoir. Elle reste. Le jeune chef, d’abord déférent, prendra son numéro de téléphone et le nom du garçon, mais, embarrassé devant cette mère qui ne veut pas partir, lui apprendra d’un ton dur ce qu’elle sait déjà :  » C’est la guerre, mère, ton fils est sûrement en Syrie, il ne reviendra pas.  » Sa petite fille silencieuse au bout du bras, elle disparaît bientôt sans un bruit dans l’obscurité de la rue.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/08/12/les-jeunes-kurdes-de-turquie-entre-guerres-d-hier-et-d-aujourd-hui_4721751_3218.html#KUZIOqLgLvUriyL6.99
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