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Le Monde, le 16/07/2019
Ghazal Golshiri (Envoyée spéciale, Van)
La ville du sud-est de la Turquie accueille de nombreux ressortissants de l’Iran voisin, venus en touristes ou pour échapper aux problèmes économiques et politiques de leur pays.
La ville de Van est de celles qui prennent un air moins morose la nuit. Au coucher du soleil, dans cette agglomération turque à majorité kurde, l’obscurité dissimule la poussière de ses rues désolées. Les néons des enseignes donnent un peu de joie aux grandes artères.
Situé à une bonne heure de route, l’Iran paraît tout proche. La langue persane est omniprésente dans le brouhaha des boulevards Cumhuriyet et Kazim-Karabekir. Agences de voyage, hôtels, magasins de vêtements et restaurants portent presque tous des affiches en persan. « Terminal disponible pour cartes bancaires iraniennes », peut-on lire dans les vitrines de nombreuses boutiques. Van est, en effet, le premier point de chute des Iraniens, exemptés de visa en Turquie. La cité donne à voir les différentes facettes de l’Iran contemporain : ses problèmes économiques et politiques, son absence de liberté et un peuple avide de normalité.
La jeune Neda s’est installée à Van il y a quatre mois. En Iran, elle a travaillé pendant trois ans dans un hôpital de Téhéran, comme assistante médico-administrative. « Mes horaires étaient dingues pour ne gagner que 1,8 million de tomans par mois [ou 180 000 rials, la monnaie officielle, soit 125 euros], et mon salaire n’a jamais été augmenté. Toutes ces années d’études dans la santé et la sécurité au travail pour ça ? Ça ne valait pas la peine de continuer », dit-elle, sans jamais regretter sa décision de venir en Turquie, alors que les tensions s’accumulent entre Téhéran et Washington depuis que Donald Trump a décidé de se retirer de l’accord sur le nucléaire, en mai 2018.
Voilà un mois, elle est allée rendre visite à sa mère en Iran, et la hausse des prix, alimentée par le retour des sanctions américaines voici un an, l’a choquée : « Ils sont devenus fous. La situation économique des gens, riches ou pauvres, est terrible. Les salaires ne couvrent pas les dépenses. Ils ont du mal à trouver des pâtes. Vous imaginez ? L’aliment le plus basique ! »
En 2017, Neda a voté pour le président modéré Hassan Rohani, mais elle n’a plus d’espoir pour l’Iran. « Dans le quartier de ma famille, Narmak [nord-est de Téhéran], la police des mœurs est beaucoup plus présente qu’avant. Ils nous embêtent beaucoup plus qu’à l’époque de Mahmoud Ahmadinejad [l’ancien président ultraconservateur]. Il faut avouer qu’ici, à Van, c’est aussi beaucoup mieux en termes de liberté. »
Boire et danser librement
Neda a obtenu une autorisation de séjour d’un an, mais n’a pas le droit de travailler. Elle le fait quand même, illégalement, comme tous les autres Iraniens rencontrés à Van. Tous les soirs, à partir de 17 heures, elle prend ses quartiers sur le boulevard Cumhuriyet. Avec ses lèvres et son nez refaits, elle scrute les passants et aborde les touristes en provenance de son pays. « Venez dans notre discothèque iranienne », les invite-t-elle. Pour chaque client, elle touche la moitié des entrées, soit 20 livres turques (3 euros) pour les femmes, et 50 pour les hommes.
« Il y a quelques jours, un agent de police est venu dans la boîte, raconte la jeune femme. Avec les autres filles, nous nous sommes tout de suite assises parmi les clients. Mais la police a viré tout le monde et fermé l’enseigne. Ce soir-là , personne n’a été payé. Nous avons perdu 4 000 livres. »
Dans les rues alentour, les badauds iraniens se promènent, en général en groupe. Les femmes, souvent lourdement maquillées, sont parfois voilées à l’iranienne, avec un foulard laissant entrevoir un peu les cheveux, signe de leur attachement aux traditions ou à la religion. L’été, les hommes sont souvent en short et débardeur, interdits en République islamique d’Iran.
Ici, les prix étant beaucoup plus bas qu’ailleurs, les Iraniens de passage font surtout du shopping, d’autant que les marques étrangères sont de moins en moins disponibles dans leur pays, à cause des sanctions américaines. Les plus fêtards boivent et dansent librement dans les discothèques « iraniennes ».
« Le paradis »
En cette soirée de fin juin, Neda accompagne au « disco » un groupe de touristes qu’elle a réussi à convaincre. Au 10e étage d’une tour sans âme, une Iranienne aux cheveux décolorés et au maquillage prononcé, assise à la réception, négocie avec un homme. « Pour les célibataires, je prends 100 livres », dit-elle avec un clin d’œil à son interlocuteur. A l’intérieur, la salle est sombre.
Autour des tables, hommes et femmes, parfois voilées, et quelques enfants attendent le début des festivités. Un peu avant minuit, enfin, un homme prend le micro : « Je veux savoir quelle est la région d’Iran la plus représentée ce soir. Les régions kurdes ? » Les gens applaudissent et poussent des cris. « Le nord, la mer Caspienne ? », demande-t-il. « Ah oui, les voix sont plus fortes. » Les gens sifflent. « Applaudissez, si vous avez bu de l’alcool ! »
L’homme laisse tomber son sondage et commence à chanter un tube iranien. Les gens l’accompagnent. « Nous avons horreur de cette ville, mais, pour certains, ici, c’est le paradis, glisse Soheila, qui travaille aussi dans la discothèque. Les Iraniens continuent à venir ici pour s’éclater. » Originaire d’une ville kurde iranienne dont elle préfère taire le nom, cette femme de 36 ans dit être partie de son pays natal pour échapper à un mariage forcé il y a deux ans. Elle a demandé l’asile, mais l’attente est interminable. « Je bosse comme une chienne, de 11 heures jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. Ici, c’est la fin du monde. »
« Même pas des sandales »
Assis à une table, Arezu et Siyamak regardent avec stupéfaction le menu. « C’est extrêmement cher. Attendons un peu », glisse Arezu, femme au foyer de 27 ans. Originaire de Bandar-e Anzali, dans le nord de l’Iran, le jeune couple est venu à Van à bord de sa propre voiture pour quatre jours de vacances. S’ils ont choisi Van, c’est parce qu’ils n’ont guère les moyens d’aller à Istanbul, qui est, « il faut le dire, plus européen », constate Siyamak, pompier de 30 ans. « Pour aller à Istanbul, il nous faut, à tous les deux, 14 millions de tomans. Impossible », déclare-t-il. « Notre monnaie a perdu tellement de sa valeur que même ici je n’arrive plus à acheter une paire de sandales », ajoute Arezu.
A ces touristes s’ajoutent ceux qui fuient des menaces politiques ou sociétales en Iran, et ont demandé l’asile. « Je suis les infos, le drone américain abattu par l’Iran [en juin], l’envoi des troupes américaines au Moyen-Orient et le reste, explique Behnam, réfugié politique iranien, dans un café du boulevard Cumhuriyet. Nous avons tout le temps l’inquiétude qu’une guerre éclate. »
Le jeune Iranien de 37 ans dit avoir été arrêté chez lui et détenu pendant une dizaine de jours pour les textes politiques qu’il avait publiés sur Internet. Sa demande d’asile a été acceptée en 2017 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui a transmis son dossier au consulat des Etats-Unis. Mais depuis l’arrivée à la Maison Blanche de M. Trump et son décret qui interdit le visa américain à tout Iranien, il attend.
« Si Barack Obama était resté six mois de plus, je serais déjà là -bas », lâche-t-il, dégoûté. Mais à Van, il continue d’enchaîner les petits boulots mal payés dans les hôtels et les restaurants. « Si les Turcs sont payés 1 200 livres par mois, pour le même boulot, moi je ne gagne que 750, compare-t-il. Je regarde les photos d’avant la Turquie et vois à quel point j’ai changé. Aujourd’hui, j’ai plein de cheveux blancs. Je suis devenu déjà vieux dans cette ville. »
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