Parmi les nombreuses questions qui se posent après la tentative de coup d’Etat en Turquie survenue le 15 juillet, le New Yorker en retient une : celle de la sécurité internationale. La Turquie, membre de l’Otan et alliée de taille dans la lutte contre l’organisation terroriste Etat islamique, pourrait représenter un nouveau risque, notamment à cause des armes stockées sur son sol.

Une question a une implication directe en matière de sécurité nationale pour les Etats-Unis et pour le reste du monde : comment sécuriser les bombes à hydrogène [américaines] entreposées dans une base aérienne turque ?”

 

 

Dans les heures qui ont suivi la tentative de coup d’Etat, les autorités turques ont arrêté le commandant de la base, le général Bekir Ercan Van, ainsi que 11 autres haut gradés et un officier de police travaillant à Incirlik.

 

Selon le Wall Street Journal, la base turque représente “une installation clée pour la coalition contre l’Etat islamique menée par les Etats-Unis”. Si ce n’est pas la seule base abritant l’arsenal militaire de l’Otan dans la région – des équipements militaires sont répartis en Europe, notamment en Allemagne et en Belgique –, Incirlik est un symbole stratégique, assure le New Yorker : La symbolique de ces bombes est plus importante que leur utilité militaire […] car les bombes B-61 démontrent l’engagement sans faille des Etats-Unis dans l’alliance, intimide la Russie et décourage les membres de l’Otan de développer leur propre bombe H.”

Construite par des ingénieurs de l’armée américaine, la base a joué un rôle historique. “Quand la Turquie a rejoint l’Otan en 1952, c’est devenu une base cruciale pendant la guerre froide”, précise le site américain.

 

Mais depuis la succession d’attentats en Turquie, plusieurs militaires américains ont été rappelés aux Etats-Unis, ce qui a diminué le contingent sur place. Et même si la base ne détient pas les équipements nécessaires au transport des bombes, le risque reste présent, pour le New YorkerLe problème fondamental réside dans le fait que les bombes de l’Otan sont “gardées par des troupes du pays d’accueil”. En d’autres termes, si l’appareil militaire turc est réduit ou affaibli, la base d’Incirlik se trouvera en danger.

Bien qu’Incirlik possède probablement plus d’armes nucléaires que la plupart des autres bases de l’Otan, elle n’a pas d’avions adéquats permettant de les délivrer. Les bombes sont donc entreposées dans la base en sous-sol, attendant d’être utilisées ou détournées. […] En quelques heures et avec les bons outils et le bon entraînement, vous pouvez ouvrir une des enceintes de stockage des armes nucléaires et vous emparer d’une arme […]. En quelques secondes, vous pourriez placer un engin explosif au-dessus de l’enceinte, détruire l’arme et déclencher un nuage nucléaire.”

 

Au-delà de l’arsenal nucléaire, la tentative de coup d’Etat pose la question du rôle militaire de la Turquie sur l’échiquier international. Est-ce que le pays est toujours un allié militaire fiable ? La réponse de Sonor Cagaptay, directeur d’un think tank américain spécialisé sur le Moyen-Orient, interrogé par le Wall Street Journal, est sans appel : “L’emprisonnement, la démission de dizaines – si ce n’est de centaines –de généraux va affaiblir l’efficacité militaire.

La revue américaine Foreign Policy, de son côté, précise :

Suite au coup d’Etat manqué, l’appareil militaire sera miné de polémiques internes, d’enquêtes sans fin […]. Il devra déjà survivre en tant qu’institution. Cela aura un impact paralysant sur la préparation et les capacités militaires.”