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Zaman France, 09/03/2015
SAÏD DAOUI *, PARIS
Dans un contexte politique qui ne cesse de se cristalliser autour de questions identitaires, beaucoup parmi les citoyens de confession musulmane cherchent malgré tout à s’insérer, par des moyens divers, dans le politique. Cette notion dépasse la seule sphère de la confrontation partisane classique ; elle englobe l’entrée symbolique dans le champ de l’appartenance à une collectivité nationale et au partage d’une communauté de destin ainsi que la participation aux débats s’y afférant.
Après être passés par une phase de revendication de leur citoyenneté, ces musulmans, parmi les sphères pratiquantes, souhaitent entrer de manière pleine et entière dans l’ordre politique symbolique par une participation active. Cette participation prend différentes formes (associations, création de structures politiques ad hoc, engagement politique partisan…).
Le point commun de toutes ces initiatives est qu’elles se font à partir de l’identité musulmane des acteurs. Ces derniers misent effectivement sur leur identité religieuse pour opérer cette entrée dans le politique.
L’analyse plus approfondie de ce choix semble aujourd’hui nécessaire tant la visibilité musulmane est désormais devenue une variable d’ajustement de l’échiquier politique.
Le passage de l’identité ethnique à l’identité religieuse
L’Union des démocrates musulmans de France s’est retiré des élections départementales après une campagne négativement médiatisée.
Pendant longtemps et dans une certaine mesure aujourd’hui encore, les musulmans engagés dans le domaine associatif s’évertuaient à entrer dans le politique par la revendication de leur citoyenneté. Cette phase était elle-même la prolongation des actions des « premières générations » de musulmans socialisés en France des années 70 et 80.
Cette mobilisation d’alors portait essentiellement sur le droit à la différence sous couvert de revendications basées sur des valeurs universelles (lutte contre le racisme, pour l’égalité…). Ici l’origine arabe ou africaine était mise en avant plutôt que l’appartenance religieuse. L’égalité était déjà revendiquée à travers la reconnaissance des différences ethniques issues des différentes immigrations essentiellement maghrébines.
Par la suite, à partir des années 90, les actions ou discours publics des militants, mettent désormais en avant leur engagement religieux plutôt que leur origine ethnique. Ce passage de la mise en avant de l’identité religieuse au détriment de l’origine arabe ou africaine s’explique en partie par la fin de non recevoir assénée aux revendications des militants par les autorités publiques de l’époque et à la récupération politique dont le mouvement a fait l’objet.
Ces nouveaux militants s’évertuent bien souvent à mettre en avant la possible conciliation de leur identité musulmane avec une totale appartenance à la communauté nationale. Leur démarche citoyenne se fait même au nom de leur engagement religieux.
Aucune contradiction n’est perçue, à leurs yeux, entre la foi musulmane, souvent dépeinte négativement par une partie du corps social (en fait, une partie des médias et du personnel politique), et une visibilité politique affichée et assumée. Nous ne sommes pas à proprement parler face à un phénomène communautariste car il n’y a là aucune volonté de se couper du reste du corps social ni de se penser hors de celui-ci.
Au contraire, c’est l’inclusion dans la société qui est revendiquée mais en limitant les concessions en terme identitaire. Les individus ne voyant plus aucune contre-indication à la reconnaissance de leur identité par la société politique puisqu’ils se considèrent eux-mêmes comme Français à part entière.
Toutefois, le caractère communautaire est patent dans cette démarche. Il est même question d’expliquer que la citoyenneté des musulmans trouverait ses fondements dans les principes éthiques de la foi musulmane. « Un bon musulman ne peut être qu’un bon citoyen », est-il courant d’entendre dans le discours des partisans de cette posture. L’identité religieuse semble donc déterminante dans la représentation du politique.
Autrement dit, l’Islam, par son système de valeurs, présenté par les acteurs comme universel, devient le catalyseur des choix politiques et de la teneur de l’engagement. Ce schéma de pensée est encore en vigueur aujourd’hui chez bon nombre d’acteurs musulmans dans les sphères pratiquantes.
Des objectifs inconciliables ?
Dans les faits, les individus engagés dans ces mobilisations sont inévitablement confrontés à une dualité d’objectifs : la recherche de l’entrée pleine et entière dans le corps politique tout en réclamant la reconnaissance d’un « nous » identitaire ou communautaire. Cette dualité peut être interprétée comme contradictoire.
Autrement dit, comment revendiquer, de façon collective, l’appartenance à la citoyenneté dans une société où le primat de l’individu est érigé en principe fondateur ? Rappelons que l’idéal sur lequel se fonde la société politique française est celui de l’adhésion de l’individu à des valeurs républicaines communes ; idéal s’opposant de fait à la juxtaposition d’individus aux identités particulières, conformément à une conception rousseauiste qui décrit des individus abstraits ayant fait le choix de vivre ensemble.
Le cadre laïque dans lequel les acteurs musulmans essaient de se frayer un chemin est également à prendre en considération. Dans sa conception profonde et conceptuelle, la laïcité promeut l’émancipation de l’individu de tout déterminisme religieux qui lui dicterait mécaniquement une posture politique ; la loi de Séparation de 1905 cherchant à prémunir la société politique de toute implication et de tout militantisme directs d’une Eglise (à l’origine catholique).
L’élection à Mante-la-Ville du maire FN Cyril Nauth a été perçu comme un électrochoc auprès de la communauté musulmane.
Les musulmans qui mettent en avant leur appartenance à l’islam pour effectuer cette entrée dans le politique diffusent alors, malgré les réelles bonnes intentions, un discours inaudible aux résultats inverses à ceux escomptés : leur action est considérée comme le signe d’un communautarisme exacerbée.
Des réactions hostiles de la société prennent de l’ampleur. L’incompréhension mutuelle également. C’est ce qui va nourrir des ressentiments au sein d’une partie des musulmans engagés ; ancrant ainsi l’idée que « la France » ne souhaite pas la reconnaissance de sa réalité musulmane.
Les exemples sont nombreux. On peut citer celui de la participation massive d’une association étudiante d’obédience musulmane en 2002 aux élections estudiantines. L’association Etudiants Musulmans de France (EMF) s’était effectivement présentée aux élections étudiantes (CROUS) et avait créé la sensation avec des scores élevés (jusqu’à 11 élus à travers le pays) permettant ainsi son entrée aux instances nationales du CNOUS.
Il s’agissait de la première association musulmane à siéger dans des organes officiels de la République. La structure considérait alors la référence au terme « musulmans » de l’intitulé de l’association sous son aspect culturel et comme la référence à une éthique ; les activités de la structure s’adressaient d’ailleurs à toute la population étudiante sans distinction.
La réelle ouverture à la société était belle et bien présente mais elle se faisait sous l’égide d’une identité religieuse. Cet engagement a provoqué un véritable tollé médiatique et politique tant il était considéré comme l’expression d’un communautarisme exacerbé et la mise en péril du projet républicain…
En réalité, c’est la reconnaissance d’une identité qui était recherchée. La normalisation du fait musulman était effectivement le but escompté à travers l’investissement public d’une structure « identitairement » connotée afin de « démystifier » une confession objet de stigmatisation. Il était davantage question de voir une identité trouver une place positive et valorisée dans l’ordre symbolique du pays que de réussir ces élections estudiantines.
La réaction hostile du reste de la société n’a fait qu’accentuer une frustration de ne pas « ressentir » son identité trouver une place digne au sein de la collectivité nationale. Nous avions là une illustration de la dissonance qui peut survenir entre les aspirations des musulmans et le reste de la société. Cet exemple illustre également la portée éminemment psychologique que revêt l’engagement public de beaucoup d’acteurs musulmans : la recherche de reconnaissance.
Il n’est pas rare non plus d’entendre ou de lire des personnalités ou structures musulmanes qui appellent les fidèles à se mobiliser politiquement (par le biais des élections notamment) à l’aune de leur identité musulmane.
Là aussi, l’intention et la volonté sont sincères de décloisonner politiquement les musulmans. Mais une nouvelle fois, le discours et la stratégie des acteurs sont en déphasage avec les codes culturels ambiants car cela est perçu comme la preuve d’un communautarisme rampant.
L’identité musulmane comme clé d’entrée dans le politique et ses conséquences
On le voit, la question porte en filigrane sur la pertinence de la mise en avant de son appartenance religieuse pour revendiquer son entrée dans le politique ainsi que sa citoyenneté pleine et entière.
Le pari implicite ainsi fait se résume en la croyance que l’appartenance aux valeurs musulmanes est suffisamment déterminante et puissante pour permettre une entrée dans le politique. Le marqueur identitaire serait ainsi à même d’édicter une posture politique et permettrait de mobiliser autour de lui.
Les musulmans engagés sur le terrain public (associatif, politique, social…) gagneraient à interroger leurs pratiques et leurs discours. Au vu du contexte socio-historique dans lequel agissent les acteurs musulmans, placer au centre de son action publique une identité religieuse alimente une hostilité dans le reste du corps social et politique.
Cette hostilité peut être plus ou moins instrumentalisée mais il n’empêche que la posture de certains acteurs musulmans pose légitimement question. En effet, les musulmans adoptant une telle posture se placent irrémédiablement en marge du système profondément sécularisé. C’est d’ailleurs ainsi que sont rendues possibles toutes les manipulations de tout ordre.
On l’a vu notamment lors des débats autour de la « théorie du genre » avec l’émergence tonitruante d’une personne, au discours radical, alors méconnue dans les milieux pratiquants. Farida Belghoul, malgré sa très faible notoriété dans les milieux pratiquants, a en effet réussi à capter une grande et éphémère audience au sein de ceux-ci en surfant sur la fibre identitaire.
Elle a recentré son discours sur la donne musulmane pour emporter l’adhésion des fidèles sur sa critique radicale et globale du système éducatif. Une récupération politique s’est également opérée lors des alliances, en apparence contre-nature, entre des musulmans et les milieux chrétiens traditionalistes intégristes.
Cela a renforcé la marginalisation symbolique des musulmans car ils ont préféré une contestation radicale et frontale plutôt que chercher à faire entendre leurs voix par les canaux politiques classiques sur le terrain citoyen.
L’interpellation des élus ou même du ministre de l’Education ou encore une présence régulière et constructive dans les instances des établissements scolaires et parascolaires (association de parents d’élèves, conseils d’école…) n’ont pas été les modes opératoires préconisés.
L’islam et la présence musulmane sur le territoire français sont régulièrement stigmatisés par l’extrême-droite.
Dès lors, les musulmans sont cantonnés à la justification permanente de leur attachement aux valeurs républicaines ou alors, lorsque la frustration est grande, à critiquer avec virulence ces mêmes valeurs dont ils se sentent exclus. Le PIR (Parti des Indigènes de la République) est symptomatique de cette frustration extrême. Il juge le système républicain comme « ontologiquement » réfractaire à l’inclusion des musulmans en son sein.
Ce mouvement né des espoirs déçus de reconnaissance et d’ascension sociale a également opéré un re-calibrage de son discours pour capter un auditoire dans les quartiers populaires, autour de l’identité musulmane alors que ses soubassements idéologiques relèvent de l’extrême gauche areligieuse.
Les musulmans jouent ainsi le rôle de repoussoirs et donnent ainsi raison aux partisans d’un discours alarmiste sur le prétendu communautarisme des musulmans. Cette réalité aboutit à la relégation des musulmans hors du champ politique et social. Cela se traduit notamment lors des échéances électorales pendant lesquelles les musulmans sont transformés en enjeu.
Leur champ d’action se limite ainsi à la politique du choix électoral du « moins pire » ou alors dans le rejet en bloc de toutes les parties en présence sous le prétexte de la stigmatisation qu’ils exercent à l’endroit des musulmans. Par ailleurs, par effet miroir, tous les discours identitaires fermés d’une partie de la société française sont alimentés par la perception négative de l’attitude des musulmans.
Pour un passage au politique redéfini
Soyons clairs, les Français accordant une importance à leur identité religieuse musulmane ne sont pas totalement responsables des discours hostiles quant à leur présence ou du climat politique dégradé ; il n’empêche qu’ils ne peuvent faire l’économie d’être à l’écoute de leur environnement et d’adopter les codes culturels et politiques les plus adéquats pour faciliter leur insertion dans le politique.
Ainsi, le passage au politique des musulmans français n’appelle donc pas à une disparition totale d’une « identité » faisant référence à un univers culturel et religieux perçu comme exogène, mais plutôt à un remodelage de celle-ci dans son expression pour prendre sa place dans le paysage socio-politique.
En d’autres termes, il n’est nullement question de la négation ou à la disparition de l’identité musulmane pour pouvoir se « fondre » dans la communauté nationale. Il s’agit de débarrasser les discours publics d’une référence quasi-systématique à une identité religieuse pour qui veut entrer pleinement dans le politique.
Le passage au politique des citoyens de confession musulmane s’enrichirait à ne plus être connecté de façon aussi linéaire à leur identité religieuse. Un travail d’universalisation des référents musulmans (justice, liberté, équité, éthique…) reste encore à développer pour les traduire de manière intelligible dans l’ordre politique français.
Cela encouragera l’émergence de postures politiques les plus diverses, en fonction d’une multitude de variables dont la référence stricto sensu aux valeurs religieuses sera une composante avec d’autres (trajectoire sociale, position sociale, âge…)6. Il ne s’agit pas en effet de laisser penser que l’islam est producteur direct d’une vision politique déterminée.
D’ailleurs, les mouvements avec pour principal vecteur de mobilisation l’identité musulmane sont rarement dans une dynamique de propositions pour une réforme sociale ou sociétale. Ils sont essentiellement dans la contestation et/ou la revendication.
L’étude approfondie des processus d’entrée dans le politique des autres communautés religieuses (chrétiennes et juives), notamment après l’étendue de la sécularisation à toutes les sphères publiques de la société, pourrait démontrer que seule une complexification des discours et des modes opératoires leur a permis de trouver une place équilibrée.
Encore faut-il que les différents organes influents de la République (partis politiques, autorités locales et nationales…) facilitent cette insertion dans le politique en évitant des raccourcis dans l’analyse ou la stigmatisation. Et ce, afin d’éviter d’accroître le sentiment de frustration au sein des communautés musulmanes et la pression sociale et politique qu’elles subissent indéniablement.
Soldat montant la garde à proximité d’un lieu de culte musulman. La tension et l’inquiétude dans les mosquées étaient palpable après la série d’attentats du mois de janvier à Paris.
Une vision héritée du monde arabe et musulman inadéquate
Cette collusion linéaire entre l’identité religieuse et les représentations politiques est directement héritée des pays à majorité musulmane. Elle a été importée par des individus politiquement et religieusement formés dans les pays arabes, venus dans les années 70 et 80 pour finir leurs études en France ou fuyant la répression des dictatures régnant dans leurs pays.
A travers les structures associatives et mosquées qu’ils ont créées, ils ont formé les générations musulmanes nées et socialisées en France, leur transmettant cette vision du politique. Si la production d’une représentation du politique à partir de l’identité religieuse musulmane a été prépondérante à une époque donnée et sous une aire culturelle particulière (les pays à majorité musulmane), les citoyens français de confession musulmane sont amenés à dépasser cette vision importée inappropriée.
En effet, cette vision trouve racine dans un contexte de dépossession culturelle et politique née de la colonisation. Le refuge derrière l’identité musulmane comme élément mobilisateur et « civilisationnel » a permis de recréer un récit national audible pour les populations anciennement colonisées.
La référence apologétique de la civilisation musulmane, pendant son apogée, a été un des moyens pour valoriser l’identité musulmane. Seul un « retour aux sources » identitaires (en rejetant massivement l’influence occidentale liée à la colonisation) permettrait, selon ce discours, de restaurer une dignité perdue mais aussi et surtout un projet de société.
Autrement dit, en renouant avec cette identité perdue et agressée par le projet colonial, il serait possible de mettre sur pied une dynamique civilisationnelle. Si ce mécanisme a été (et est encore à certains égards) un puissant et efficace vecteur de mobilisation, force est de reconnaître qu’il est en perte de vitesse dans le monde arabe et musulman.
D’ailleurs, les mouvements politiques plaçant au centre de leur discours les valeurs islamiques ne sont aujourd’hui plus en position de force, surtout après les désillusions du « Printemps arabe » ; après avoir longtemps cherché à mobiliser politiquement sur la seule fibre identitaire, cela ne suffit plus face à la complexité des nouvelles réalités d’un monde changeant. Les échecs politiques et électoraux relatifs des partis à référence islamique dans les pays arabes démontrent cet état de fait.
D’évidence, la réalité des musulmans français est bien différente. Le pari est particulièrement risqué pour eux d’opérer cette entrée dans le politique selon un modèle importé ne correspondant en rien à l’histoire du pays. Ils peuvent d’ailleurs ouvrir la voie aux pays de l’autre rive de la Méditerranée en articulant un nouveau paradigme de passage au politique. Ils apporteront la preuve qu’il est possible d’avoir un engagement séculier tout en restant fidèle à ses valeurs profondes en passant d’un discours religieux à un langage universel. Une étude plus approfondie sur les contours de cet engagement séculier reste à mener par les intellectuels et penseurs musulmans.
Le défi est majeur pour qui aspire à un apaisement des tensions et des incompréhensions entre les citoyens de confession musulmane et la République. Cette dernière peut faciliter l’entrée pleine et entière des premiers dans le politique en réaffirmant avec force qu’ils sont totalement partie intégrante du récit national et en veillant à lutter contre la diffusion de discours clairement hostiles (et parfois belliqueux) envers la présence et la visibilité musulmanes.
Les musulmans, surtout dans les sphères pratiquantes, ont à relever le défi de trouver les formes d’une implication intelligente en harmonie avec le contexte socio-historique de leur pays.
* Saïd Daoui est titulaire d’une maîtrise de Science politique à l’université de Bordeaux IV et d’un master à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence. Il a notamment travaillé sur le passage au politique des musulmans de France et sur les mouvements de démocratisation en Egypte. Dans une analyse exclusive, il met en lien les raisons et les limites de l’engagement citoyen accompli publiquement au non de l’islam, comme le retrait récent de l’Union des démocrates musulmans de France l’illustre.
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