Pourquoi reprendre ce mot « d’Occident« ? Quels sont les enjeux de la terminologie?
L’historien s’interroge :
Quel est « le risque d’amalgame, toutes périodes confondues, entre les mots « turc » et « ottoman » » ?
Et d’où vient le mot ottoman? Pourquoi le « concept nouveau d’Etat sublime »?
Comment l’empire ottoman survit-il et comment s’appuie-t-il sur l’art du calcul et de la « négociation »? Quelles sont les chausses-trappes qui guettent l’historien épris de curiosité et de liberté quand il aborde l’histoire turque et ottomane?
Dans sa leçon inaugurale, Edhem Eldem, professeur à l’université du Bosphore, titulaire de la nouvelle chaire, Histoire turque et ottomane, a présenté la difficulté des historiens face au rapport frénétiques des Turcs à l’histoire, le « domaine étant vicié par l’emprise du politique et de l’idéologique », notamment par la vision kémaliste déformante ou l’islamo-nationalisme du pouvoir. Il a aussi posé le cadre du « long XIXe siècle » qu’il propose d’étudier pour aborder la transformation de l’empire ottoman face à l’Occident.
Dans la vidéo qui présente son cours, l’historien explique que :
« L’objectif est d’analyser, d’examiner dans le détail, les dynamiques de ces relations entre un Empire que l’on dit mourant et une Europe qui est extrêmement puissante, qui est de plus en plus arrogante,. C’est donc une relation assez conflictuelle mais aussi une relation d’amour, d’admiration puisque la modernisation ottomane va se faire à l’aune de l’Occident, c’est-à -dire qu’on va copier, on va émuler et on va essayer d’imiter ce que l’on considère être une formule de réussite. »
Dans sa leçon inaugurale, il a distingué trois phases :
- Une relation de « flirt », la découverte superficielle de l’Occident passe par les innovations technologiques.
- L’union, les Ottomans se lancent « dans un remaniement, une reconstruction de l’Etat au milieu du XIXe siècle », mais un essoufflement économique et politique, alors que les nationalismes s’affirment, brise cet élan enthousiaste.
- Un « divorce », en quelque sorte, explique encore Edhem Eldem ; l’empire ottoman pensant être trahi par l’Europe va se replier sur lui-même.
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L’historien s’attache aux problèmes de fond et de méthode que pose son sujet complexe, à commencer par le monopole de fait que s’est arrogé la Turquie sur l’histoire ottomane et les amalgames opérés par les Européens.