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TRT Français, le 20/01/2018
Etude de Can Acun
La Turquie a entrepris des démarches importantes pour aplanir les tensions en Syrie dans le processus d’Astana qui progresse sous l’égide de la Turquie, de la Russie et de l’Iran. Le processus d’Astana est l’initiative la plus importante entreprise jusqu’à présent pour l’interruption des conflits et l’établissement de la paix en Syrie. Suite à un consensus établi entre les trois pays, plusieurs zones de désescalade ont été décrétées en Syrie et la tenue à Sotchi du Congrès national de paix avec la participation de tous les groupes ethniques et confessionnels de Syrie a été décidée. Néanmoins, les récents conflits qui se sont produits à Idleb qui a pourtant été décrétée zone de désescalade, complique le processus d’Astana.
Le régime syrien et les milices pro-régime ont pris le contrôle de plusieurs localités suite à l’opération d’Idleb lancée avec le soutien aérien de la Russie. La progression des milices pro-régimes qui se sont approchées de l’aéroport Abou Douhour, a été partiellement stoppée face à la contre-attaque des opposants syriens. Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré que l’opération menée par le régime syrien à Idleb est contraire au consensus sur les zones de désescalade.
La Turquie demande à la Russie de faire pression sur le régime syrien en vue d’interrompre leur opération. La contre-attaque des groupes opposants syriens soutenus par la Turquie peut être interprétée, dans ce contexte, comme un avertissement à la Russie et au régime syrien.
D’autre part, les propos tenus ces derniers jours par le président de la République Recep Tayyip Erdogan sur Afrine, renforce les attentes sur une éventuelle opération à Afrine. Il a déclaré qu’une opération pourrait être lancée à tout moment à Afrin et Minbij. « Si Dieu le veut, nous allons rapidement détruire un à un tous les nids terroristes en Syrie, en commençant par Afrin et Minbij » a-t-il dit. En plus des déclarations d’Erdogan, le porte-parole de Faylaq al-Cham a déclaré que 20.000 membres de l’ASL étaient prêts à l’opération d’Afrine ; ces déclarations sont importantes.
M. Erdogan a également fait une déclaration adressé aux Etats-Unis. « Ne vous interposez pas entre les terroristes et nous, n’intervenez pas entre ces bandes d’assassins et nous. Faute de quoi, nous ne serons pas responsables des événements indésirables qui pourraient se produire. Retirez vous-mêmes vos drapeaux qui flottent sur les bases de l’organisation terroriste pour que nous n’ayons pas à vous les remettre. Retirez vos insignes sur les uniformes pour que nous ne soyons pas obligés de les enterrer avec les terroristes ». Cette déclaration est très forte et très importante car elle expose la détermination de la Turquie.
Selon les dernières déclarations faites par les Etats-Unis, elles prévoient de fonder une soi-disant armée de 30.000 hommes dans les régions contrôlées par le YPG. Cette initiative baptisée « armée de protection frontalière » démontre que les Etats-Unis ont renoncé à l’intégrité territoriale de la Syrie et prévoit de poursuivre son engagement avec le YPG également pour la période post-Daesh. Or, la Turquie, la Russie, l’Iran, les opposants syriens et le régime syrien ont sévèrement réagi aux plans américains sur la création d’une soi-disant armée.
Dans le processus d’Astana, l’idée principale du processus placé sous la garantie de la Turquie, de la Russie et de l’Iran, est de protéger l’intégrité territoriale de la Syrie. Le plan américain qui consiste à créer une nouvelle armée qui représentera le YPG en vue d’être positionné sur la frontière syrienne, irakienne et turque, est absolument contraire au processus d’Astana. Les Etats-Unis qui tentent d’établir par un fait accompli et sous l’image de lutte contre Daesh un corridor terroriste en pleine guerre en Syrie, semble de plus en plus s’isoler sur le terrain en Syrie. Les Etats-Unis tentent de combler cet isolement avec les pays du Golfe tels que l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ainsi qu’Israël.
Les militants du YPG à Afrine étaient plutôt en contact étroit avec la Russie au lieu des Etats-Unis et leur région abritait des bases militaires russes. Ils étaient davantage protégés par la Russie que par les Etats-Unis pour l’opération d’Afrine. Après les déclarations du président Erdogan, la Russie a affiché une réaction modérée. Le porte-parole du Pentagone a précisé en réponse à la question d’un journaliste que la zone d’Afrine n’entrait pas dans le champ d’opérations des Etats-Unis.
Le lancement d’une opération par la Turquie avec les forces de l’ASL face au YPG dans la région d’Afrine, est attendu à chaque instant. L’opération d’Afrine consistera probablement à encercler la présence du YPG à Afrine en s’emparant des régions dans les alentours d’Afrine. Les zones dans les alentours d’Afrine sont contrôlées par le YPG, pourtant la majorité de la population est arabe. En raison de l’invasion du YPG, la population civile a quitté la région pour s’installer dans des camps à la frontière turque. La population locale qui vit dans ces camps demande depuis longtemps de la Turquie et de l’ASL, la libération des environs d’Afrine et de ses localités du YPG.
D’un point de vue général, un processus dynamique est attendu en Syrie. Le processus d’Astana est maintenu malgré certaines difficultés. Malgré les violations du régime syrien, les pays garants semblent être déterminés à poursuivre le processus et à établir une confiance réciproque. D’autre part, la Russie, l’Iran, la Turquie, les opposants syriens et le régime syrien ont sévèrement réagi à l’armée que les Etats-Unis comptent créer avec le YPG. L’opération de la Turquie à Afrine risque de commencer à chaque instant dans le sens des déclarations du président Erdogan.
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