Le président du Bundestag allemand s’est emporté jeudi contre le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a accusé des députés d’origine turque de soutenir le terrorisme et proposé de tester leur sang après leur vote reconnaissant le génocide arménien.

 

«Qu’un président démocratiquement élu puisse, au XXIe siècle, associer ses critiques à l’encontre d’élus démocratiquement élus du Bundestag allemand avec des doutes sur leurs origines turques, décrive leur sang comme corrompu, je n’aurais pas cru ça possible», a déclaré Norbert Lammert devant la chambre basse du Parlement qui revenait sur le vote d’une résolution reconnaissant le génocide arménien.

 

«Le soupçon (exprimé par M. Erdogan) que des membres de ce Parlement puissent être le porte-voix de terroristes, je le conteste formellement», a-t-il ajouté.

 

M. Erdogan a estimé le week-end dernier qu’il fallait «analyser dans un laboratoire le sang des députés allemands d’origine turque» qui ont voté en faveur de la résolution, afin de vérifier leur origine tant le vote du Bundestag le 2 juin est perçu dans le pays comme un affront.

 

M. Erdogan a accusé les 11 députés d’origine turque qui ont voté le texte qualifiant de génocide le massacre des Arméniens en 1915 d’être «les bras prolongés des terroristes», en allusion aux rebelles kurdes.

 

Dans une lettre ouverte au chef de l’Etat turc, diffusée par le site du magazine allemand Der Spiegel, le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, affirme avoir pris connaissance «avec beaucoup d’inquiétude» des propos de M. Erdogan.

 

«En tant que président d’un Parlement multinational, multiethnique et multiconfessionnel, permettez-moi l’explication suivante: l’exercice libre de leur mandat par les députés est un pilier essentiel de nos démocraties européennes», affirme M. Schulz.

 

Quand ce droit des députés à exercer leur mandat comme ils l’entendent est mis sous pression «par le responsable le plus haut placé d’un autre Etat», «cela ne peut durablement rester sans conséquences sur les relations» de la Turquie avec ses partenaires, met en garde M. Schulz.

 

En début de semaine, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, avait déjà jugé «incompréhensibles» les propos de M. Erdogan.

 

«Le Bundestag a pris une décision souveraine qu’il convient de respecter», a affirmé M. Seibert, en rappelant aussi que Mme Merkel, lors d’une consultation préalable au sein de son groupe parlementaire CDU, avait voté en faveur de la résolution sur le génocide arménien.

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