«On pensait le revoir ces jours, et puis rien. On a fini par découvrir dans un article de presse turc qu’il avait été arrêté sur la côte, quelque part près d’Izmir.» Ertan Sari, 21 ans, est inquiet. Cet habitant de la région lausannoise a toutes les raisons de croire que son père, Ahmet Sari, patron du Restaurant Maxi Boule, à Renens, est détenu par la justice turque depuis samedi dernier.
Inquiétude
«Mon père était en vacances depuis deux semaines, et il semblerait que la police l’ait arrêté alors qu’il était dans une voiture, sur le chemin du retour», ajoute Ertan Sari. Un comité de soutien à Ahmet Sari s’est créé, composé de la famille du commerçant, de ses amis et de connaissances. Ils ont organisé mardi en fin d’après-midi une petite manifestation à Saint-Laurent, à Lausanne, pour faire connaître leur inquiétude.
Dans un communiqué, ce comité affirme que c’est la police antiterroriste qui a procédé à l’arrestation et que le restaurateur est en garde à vue à Edremit, dans le district de Balikesir. Il se serait trouvé en compagnie de «jeunes universitaires de gauche», dont il aurait partagé le sort.
«Bien connu dans l’Ouest lausannois»
«Cela fait vingt-cinq ans qu’il vit en Suisse, il est bien connu ici, dans l’Ouest lausannois, où il est notamment un des sponsors du FC Renens», déclare pour sa part Manu, rencontré dans la salle du Maxi Boule. Cet établissement spécialisé dans la cuisine turque se trouve au deuxième étage d’un bâtiment de la rue du Chêne, à Renens. Manu est le détenteur de la patente du restaurant, et c’est lui qui remplace Ahmet Sari ces jours.
«Nous avons appris l’arrestation par les médias turcs, précise Ertan Sari. Parce que nous avons reconnu la voiture que mon père conduisait et que son prénom était mentionné. Mais ce qui était dit sur lui était faux. On le présentait comme un activiste anglais. Mon père est établi en Suisse, il a le permis C, et il n’a rien fait de mal, j’en suis certain.»
«Ahmet Sari me semble être une victime de plus de l’état d’urgence instauré par le gouvernement turc»
«Ahmet Sari me semble être une victime de plus de l’état d’urgence instauré par le gouvernement turc après la tentative de putsch militaire, commente pour sa part Ihsan Kurt, conseiller communal socialiste à Prilly, membre de la diaspora kurde. Il y a eu des vagues d’arrestations d’universitaires ces derniers temps. Mon hypothèse est qu’il se trouvait pour une raison ou une autre dans le même véhicule que des universitaires engagés dans des mouvements de gauche d’opposition, qu’il connaît et qu’il soutenait, et qui étaient visés par la police.»
Le comité de soutien demande expressément au gouvernement turc de libérer Ahmet Sari, et aux autorités suisses d’entamer des démarches auprès d’Ankara pour que la famille du détenu puisse enfin avoir de ses nouvelles. (TDG)
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