Le noir et blanc révélateur de sensations
La Montagne, le 11/03/2015
Vichy – Vivre sa ville, par Fabienne Faurie
Résidence. Le photographe turc Yusuf Sevinçli a carte blanche durant un mois et exposera en juin.
Depuis l’édition 2014, le festival Portrait(s) organisé par la ville de Vichy accueille, durant un mois, un photographe en résidence. Il réalise des portraits de Vichyssois exposés lors du festival en juin et sa série de photographies fait l’objet d’un livre édité chez Filigranes.
Après Cédric Delsaux, c’est Yusuf Sevinçli, photographe turc exposé lors de la dernière édition au centre culturel Valery-Larbaud, qui arpente la cité thermale depuis la semaine dernière. Ce jeune photographe de 34 ans, qui vit et travaille à Istanbul, a participé à de nombreuses expositions collectives et personnelles en France, en Turquie, en Australie, en Angleterre. Son travail photographique a été publié dans des ouvrages consacrés à la photographie ou dans des magazines internationaux. À Paris, il est exposé à la Galerie Les Filles du Calvaire. À peine arrivé d’Istanbul, Yusuf Sevinçli, qui s’exprime en anglais, s’est prêté au jeu de l’interview sur son parcours, son projet, sur Vichy et ses premières impressions (*).
Comment a débuté votre aventure photographique ?
« J’étais étudiant journaliste et j’accompagnais deux photographes de renom pour un journal d’Istanbul : Antoine d’Agata et Bruno Boudjelal. Je leur faisais découvrir la ville. J’ai observé comment ils travaillaient. Et je me suis rendu compte que c’était le meilleur moyen pour rencontrer les gens dans la rue. Avec un appareil photo l’approche est plus facile. J’ai aimé cette sensation et je me suis lancé en autodidacte. »
Parlez nous de cette approche des gens.
« À Vichy, comme à Rome, New York, Milan, ou Istanbul, mon approche est la même. J’aime cette opportunité de faire ce que je fais dans une métropole comme dans une petite ville. Partir à la découverte des gens et de leur environnement : leur quartier, au travail, dans les lieux de culte, les fêtes, etc. Avant de photographier je crée un lien de confiance. J’essaie de comprendre leur ressenti, leurs émotions. C’est très important pour moi de saisir ce qu’il y a dans les regards. »
Vous travaillez en noir et blanc, pourquoi ?
« Pour moi, le noir et blanc est lié à l’émotion, celle des gens et de la rue. Avec la couleur on est dans une esthétique. Ce noir et blanc en dit plus sur la personne. Je travaille en argentique avec six appareils différents et avec la lumière naturelle. »
Comment se déroulent les prises de vue ?
Il y a une certaine mise en scène ? « J’aime être très près des personnes que je photographie. D’où l’importance de l’approche au préalable. Il y a une mise en scène mais elle reste très proche de la réalité. Cela peut ressembler à du théâtre, mais il faut que tout soit en lien. Je guide la personne, sa position, ses mouvements, son sourire ou non. »
Vos premières impressions de Vichy.
« C’est une ville très belle. Je trouve l’atmosphère singulière, très intéressante avec son architecture, sa lumière, son lac. Pour moi, l’eau est synonyme de civilisation. »
(*) Durant la résidence, Yusuf Sevinçli est accompagné de Christophe Morlat, photographe vichyssois.
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