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Le Monde, le 26/03/2015
Brice Pedroletti
Répression politique et religieuse, contrôle des déplacements… La brutalité des autorités chinoises précipite les départs dans la minorité musulmane de la province du Xinjiang. Une fuite massive et clandestine à destination de la Turquie.
Ils ont fui le Xinjiang chinois pour la Turquie, avec femmes et enfants, et les voici bloqués à mi-chemin dans les centres de rétention de la police de l’immigration thaïlandaise à Hat Yai, la grande ville du sud de la Thaïlande, non loin de la frontière avec la Malaisie. « Ils ont les mêmes vêtements qu’à leur arrivée, ils manquent de couvertures, de matelas. Comme certains se sont évadés après avoir reçu des soins, on ne les autorise plus à se rendre à l’hôpital », raconte Abdurahman Ozturk, un réalisateur ouïgour qui a quitté la Chine en 2006 pour s’exiler aux Pays-Bas, puis en Turquie, et qui documente l’exode de ses compatriotes. Turcophones et musulmans, les dix millions d’Ouïgours vivant en Chine dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, aux confins de l’Asie centrale, rejettent de plus en plus la férule de Pékin.
Abdurahman Ozturk est l’un des derniers à avoir vu, fin décembre 2014, à Bangkok et à Hat Yai, ces 400 clandestins ouïgours détenus depuis dix mois. Plus de la moitié d’entre eux, parmi lesquels 150 femmes et enfants, ont été découverts, en mars 2014, dans une plantation de caoutchouc par la police thaïlandaise. Celle-ci a cru avoir trouvé des Rohingya, ces musulmans de Birmanie qui fuient les pogroms dont ils sont victimes. Une semaine plus tard, un autre groupe d’une soixantaine d’Ouïgours étaient interceptés non loin de là . Puis une centaine d’autres se sont fait prendre près de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Tous se rendaient en Malaisie, un maillon essentiel du « chemin de fer souterrain » de l’exil, car ce pays majoritairement musulman facilite discrètement le passage en Turquie des Ouïgours en possession de vrais, ou faux, papiers turcs.
Ces familles, venues d’Urumqi et des oasis du sud du Xinjiang, représentent un nouveau type d’émigration : « Dans les années 1990-2000, les hommes ouïgours fuyaient seuls la Chine à travers les pays d’Asie centrale », explique Alim Seytoff, directeur de l’ONG Uyghur Human Rights Project (UHRP) à Washington. Mais les accords de sécurité passés depuis dix ans entre la Chine et ses voisins de l’Organisation de coopération de Shanghaï ont amené ces pays (le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan)à livrer à Pékin les clandestins qu’ils trouvaient sur leur territoire. « Les Ouïgours ont découvert de nouvelles routes en Asie du Sud-Est, par l’intermédiaires des têtes de serpent – passeurs – chinois. Et ils fuient avec femmes et enfants, ce qui révèle l’intensité de la répression dans le Turkestan oriental », poursuit-il, utilisant le nom par lequel la diaspora ouïgoure désigne le Xinjiang.
La flambée de violence de ces dernières années au Xinjiang, la répression brutale et souvent aveugle, des mesures de plus en plus intrusives dans le domaine religieux, ont poussé au départ un nombre croissant de personnes. « Certains de ceux qui fuient sont motivés par des raisons religieuses : les restrictions contre la pratique de l’islam sont telles que pour être un bon musulman, ils considèrent qu’il n’y a pas d’autre solution », rapporte Nicholas Bequelin, de Human Rights Watch à Hongkong.
Selon l’ONG UHRP, plus de 450 individus ont trouvé la mort au Xinjiang en 2014, dont la moitié sont comptabilisés comme des « perpétrateurs » d’attaques tués par les forces spéciales chinoises. Ces attaques, souvent artisanales, sont lancées contre des commissariats, des officiels ouïgours ou des civils chinois han (l’ethnie majoritaire). Certaines sont bien d’inspiration djihadiste : ainsi, un attentat contre un marché à Urumqi a fait trente-neuf morts, majoritairement han, le 22 mai 2014. Mais, lors d’un autre incident largement étouffé par la censure, le 28 juillet 2014 à Yarkand, cinquante-neuf « terroristes » présumés ont été tués par la police lors d’une attaque qui aurait fait trente-sept morts parmi des civils han. Les ONG dénoncent l’usage extrajudiciaire de la force létale, et des bavures, notamment lors de perquisitions par la police dans des familles, pour confisquer du matériel religieux.
Régime draconien
Cette vague de réfugiés ouïgours place les pays d’Asie du Sud-Est sur la sellette : le renvoi en Chine de clandestins ouïgours par le Cambodge, en 2009, et par la Malaisie, en 2011 et 2013, avait provoqué un tollé de la part des pays occidentaux et des ONG. « Si les Ouïgours de Thaïlande sont remis à la Chine, cela fera beaucoup de bruit « , prévient Phil Robertson, le représentant de Human Rights Watch à Bangkok. « La Turquie s’est déclarée prête, par le truchement de son ministre des affaires étrangères, à recevoir les réfugiés, ceux-ci se disant turcs et refusant d’avoir affaire aux autorités chinoises, explique-t-il. Cela devrait s’arrêter là . Mais c’est délicat pour la Thaïlande. Certains, dans la junte militaire, qui courtise la Chine, sont sensibles aux arguments chinois. D’un autre côté, Bangkok veille à sa réputation auprès des pays occidentaux. »
Le gouvernement turc, lui, reste en retrait et laisse agir les ONG ouïgoures de Turquie, essentiellement l’East Turkistan Education and Solidarity Association (Etesa), affiliée au Congrès mondial ouïgour (CMO), l’organisation politique de tutelle de la diaspora : une centaine de logements ont ainsi été préparés à Kayseri, au centre de la Turquie, pour accueillir les réfugiés. Et le président de l’Etesa, Seyit Tümtürk, également vice-président du CMO, s’est plusieurs fois rendu en Thaïlande. Quelque 20 000 Ouïgours vivent en Turquie, issus des vagues d’immigration précédentes.
L’exode des Ouïgours de Chine est systématiquement présenté comme le fait de filières djihadistes par les autorités chinoises. Celles-ci ont renforcé leurs contrôles aux frontières depuis le massacre de la gare de Kunming, au Yunnan, le 1er mars 2014 – imputé à un commando d’attaquants ouïgours qui auraient échoué à sortir de Chine. Et elles multiplient les arrestations de candidats au départ. Le 5 mars 2015, seize Ouïgours, cinq femmes et onze enfants, ont été arrêtés dans la banlieue de Canton lors d’un raid policier, selon la presse de Hongkong. Deux des femmes y ont trouvé la mort. Le lendemain, deux Ouïgours attaquaient des passants au couteau devant la gare de la mégalopole.
« Ces Ouïgours passés illégalement au Vietnam et en Thaïlande ne sont pas d’innocentes et impuissantes victimes d’une minorité ethnique en quête de liberté chez eux et « supprimés », ce sont des extrémistes religieux partis pour le front du djihad islamiste et de fervents partisans de l’Etat islamique », assénait, le 20 janvier, le quotidien China Daily en citant l’arrestation à Shanghaï, en novembre 2014, de dix Turcs accusés d’avoir tenté d’exfiltrer des Ouïgours. Parmi eux, un « terroriste recherché », avec « des papiers d’identité trafiqués ». Pour les spécialistes de la question ouïgoure, Pékin se livre à un amalgame et cherche à embarrasser Ankara.
Car les Ouïgours sont bien soumis à un régime draconien, et perçu comme discriminatoire, pour sortir de Chine : l’obtention d’un passeport est une gageure, surtout dans les campagnes. « Il faut toute une série d’entretiens avec la police et des garanties que la personne reviendra. On tient en quelque sorte la famille en otage. C’est le même verrouillage qu’au Tibet : fixer la population, couper les appuis extérieurs et contrôler l’information », précise Nicholas Bequelin. Pour Alim Seytoff, d’UHRP, « il est légitime pour des Ouïgours de vouloir quitter d’une manière ou d’une autre la Chine, vu les difficultés qu’ils ont pour le faire légalement ». En outre, rappelle-t-il, citant le cas de l’universitaire ouïgour Ilham Tohti, condamné en 2014 à la prison à perpétuité lors d’une parodie de procès, toute allégation d’activités séparatistes ou terroristes faite par la Chine à l’encontre d’un Ouïgour est sujette à caution.
Si filières djihadistes il y a, Pékin n’a jusqu’à ce jour fourni que peu d’éléments probants : il a fallu attendre le déplacement en Malaisie, mi-janvier, du vice-ministre de la sécurité publique chinoise, Meng Hongwei, pour que son hôte malaisien déclare que M. Meng chiffrait à 300 le nombre de Chinois (majoritairement ouïgours) ayant rejoint les rangs de l’Etat islamique (EI). En février, le quotidien chinois Global Times, citant un officier peshmerga, assurait que trois Ouïgours auraient été exécutés par l’EI pour avoir voulu déserter.
Quant au TIP (Turkestan Islamic Party), le seul groupuscule fondamentaliste ouïgour avéré, retranché dans les zones tribales au Pakistan, son porte-parole a déclaré en décembre 2014 à l’agence de presse turque Anadolu que ses combattants étaient « engagés depuis 2012 auprès de l’Armée syrienne libre pour combattre à la fois le régime d’Assad soutenu par la Chine et l’Etat islamique ».
« à qui la faute? »
« La question se pose de savoir pourquoi il n’y a encore que très peu d’exemples de combattants ouïgours en Syrie – sauf s’ils y sont sous identité ouzbèque ou turque « , souligne Jacob Zenn, spécialiste du djihadisme à la Jamestown Foundation, un institut de recherche basé à Washington. Pour Abdurahman Ozturk, le documentariste ouïgour en exil, il y a forcément une minorité de radicaux parmi les nouveaux exilés en Turquie. « Nombre des familles qui fuient sont des gens conservateurs d’un point de vue religieux. Parmi eux, il y a des fanatiques. Mais à qui la faute? Les cas d’Ouïgours massacrés ces derniers mois par les forces paramilitaires chinoises au Xinjiang poussent certains à vouloir aller s’entraîner, pour combattre ensuite en Chine », estime-t-il.
Au sein de la diaspora ouïgoure, certains responsables ont émis des inquiétudes sur l’existence de réseaux de recruteurs « prédateurs » de l’EI, en Turquie, qui cibleraient des réfugiés ouïgours fraîchement arrivés et souvent très mal informés.
Pour Alim Seytoff, l’émergence de l’EI donne surtout une nouvelle occasion au gouvernement chinois de « refondre son entreprise colonisatrice du Turkestan oriental, en lutte antiterroriste ». Or, il faut, selon lui, replacer le problème ouïgour dans son cadre chinois. « Les Ouïgours qui ont fui les persécutions chinoises considèrent que leur oppresseur, c’est la Chine, pas Assad, dit-il. Il peut y avoir des individus radicalisés qui rejoignent soit des combattants en Syrie soit l’EI, comme il y a des Européens ou des Américains qui le font. Mais ils ne représentent pas la grande majorité des Ouïgours et la lutte légitime du peuple ouïgour contre la répression chinoise. Ils ne représentent qu’eux-mêmes. »
Quant aux quelque 400 Ouïgours interceptés en Thaïlande, leur destin est suspendu à la partie qui se joue entre Chine, Turquie et Thaïlande. Un tribunal de Bangkok doit se prononcer vendredi 27 mars sur le sort d’une famille de 17 Ouïgours en détention, les Teklimakan, à qui Ankara a délivré des passeports turcs pour raison humanitaire. S’ils sont relâchés, ils s’envoleront pour la Turquie.
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