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Le Figaro, le 04/06/2018
Par Jean-François Colosimo
TRIBUNE
Des kiosques ont été agressés parce qu’ils présentaient des affiches du Point montrant Erdogan en dictateur. Pour l’essayiste*, cette affaire est une énième preuve du contrôle qu’Ankara exerce sur l’immigration turque en Europe.
Il est désormais difficile de ne pas voir combien M. Erdogan confond liberté d’expression et régime carcéral, Ankara détenant le triste record mondial des journalistes embastillés. On continue néanmoins à s’aveugler sur l’étendue de la juridiction à laquelle prétend le Reis, le «Patron», qui fait fi des frontières et des législations. À défaut d’être restauré dans les faits, enjeu à peine voilé des élections du 24 juin prochain, le califat, cette lieutenance du Dieu souverain sur terre, doit régner dans les têtes.
L’exercice est manifestement plus aisé avec les Turcs de l’étranger qui, loin du pays réel, vivent dans une Turquie imaginaire et réactivent à loisir le mythe fondateur, depuis 1923, d’une nation élue et rescapée, messianique et assiégée. Aussi la défendre sans réserve est-il un devoir citoyen et sacré, politique et religieux, le même serment d’honneur expliquant l’indulgence qui entoure les pères turcs assassins de leurs filles présumées souillées.
Lorsqu’on est à cheval sur l’Orient et l’Occident, pris entre le laïcisme d’hier et l’islamisme d’aujourd’hui, l’intolérance au blasphème prend le visage du crime de lèse-majesté
C’est cette ritualisation de la pureté qui commande et aiguise l’iconoclasme des censeurs du Point, lequel n’a jamais fait qu’afficher, en nommant le dictateur, ce que répète depuis longtemps l’intelligentsia turque. Et toujours à ses dépens, sous couvert d’un droit restrictif qui s’apparente en effet à un diktat. Avant-hier, l’écrivain Orhan Pamuk était poursuivi pour offense à la République après avoir évoqué le génocide des Arméniens. Hier, le pianiste Fazil Say pour offense à l’islam après s’être déclaré athée. Désormais, qui ose diverger du chef tombe sous l’inculpation de terrorisme.
La loi réprime d’autant plus tout outrage à l’identité qu’elle est pour une grande part fictionnelle, reconstruite à coups de réécritures historiques. Elle sanctuarise le culte de la personnalité inauguré par Kemal, dont Erdogan n’est jamais que l’émule, afin de conjurer les crises et les putschs récurrents. Chacun sa sécularisation, chacun sa radicalisation. Lorsqu’on est à cheval sur l’Orient et l’Occident, pris entre le laïcisme d’hier et l’islamisme d’aujourd’hui, l’intolérance au blasphème prend le visage du crime de lèse-majesté.
Recep Erdogan et l’AKP, son parti, en profitent grâce au puissant maillage associatif et étatique qui encadre l’immigration turque en Europe, laquelle s’y prête volontiers hormis les minorités kurde ou alévie ainsi que les dissidences idéologiques. Tardive, massive, croissante, géographiquement concentrée et économiquement intégrée, elle demeure communautaire et endogamique. Dépourvue de contentieux colonial et de propension au djihadisme, elle n’entretient pas moins sa différence par une marginalisation volontaire que garantit une civilité feutrée. Organisée et transfrontalière, cette diaspora résiliente compte, tous statuts confondus, à tout le moins six millions d’individus au sein de l’Union.
La France accueille 600 à 700.000 Turcs de la diaspora, dont 300.000 sont inscrits sur les listes électorales. Ceux-là , le plus souvent d’origine rurale, votent majoritairement en faveur de l’AKP
La France accueille 600 à 700.000 d’entre eux dont, selon le recensement consulaire, 300.000 sont inscrits sur les listes électorales. Ceux-là , le plus souvent d’origine rurale, votent majoritairement en faveur de l’AKP, surpassant la moyenne nationale. Parmi eux, une centaine de milliers pratique assidûment un islam discret, modernisé afin d’être mieux maîtrisé et militant, formé à l’école néoconservatrice de Fethulah Gülen, l’ancien allié et dorénavant ennemi d’Erdogan. Ils fréquentent uniquement les mosquées d’affiliation turque dont les imams sont des fonctionnaires d’État dépêchés par la Diyanet, la colossale direction centrale des affaires religieuses de Turquie qui dispose de 120.000 agents et d’un budget annuel d’un milliard d’euros pour assumer ses missions domestiques et internationales, lesquelles mêlent gestion pastorale du culte musulman et propagande au service du pouvoir islamiste. Avec l’assentiment du Quai d’Orsay et en collaboration avec la Place Beauvau.
La puissance de ce dispositif s’est vue lors du référendum de 2017 sur la révision constitutionnelle conçue par Recep Erdogan comme une étape vers l’obtention des pleins pouvoirs. À refuser la tenue de meetings pro-gouvernementaux sur son territoire, l’Allemagne, où vivent trois à quatre millions de personnes d’origine turque, a été fustigée par le Reis, depuis son palais aux mille pièces d’Ankara, pour son «nazisme congénital». La Hollande, qui a agi de même, a été dénoncée pour son «fascisme». La France a plié. À Metz, le 12 mars 2017, devant un millier de partisans, dont nombre de femmes enfoulardées, et sous haute protection policière, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a pu ainsi insulter Berlin et La Haye. Le président Erdogan n’a pas manqué de féliciter Paris de n’être pas tombée dans «le piège de l’anti-démocratie».
Un demi-quartier de Strasbourg, acquis par l’État turc, attend d’être transformé en un centre coranique européen, la Diyanet proposant à Bruxelles de régler le problème de la formation des imams en faisant d’eux des servants exemplaires des lois civiles, respectueux de l’ordre public et attentifs aux mÅ“urs locales. On en connaît maintenant le prix qui consiste en la suppression de la liberté de presse. Un moindre prix pour assurer la paix sociale, non? À moins que l’affaire du Point ne montre précisément que les premiers adversaires des musulmans d’Europe et de France sont les puissances étrangères qui, au prétexte de les protéger, les maintiennent non pas même dans une double allégeance, mais dans le refus de toute allégeance autre que la leur.
* Auteur de Aveuglements. Religions, guerres, civilisations (Éditions du Cerf)
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