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Le Monde, le 25/04/2019
LETTRE D’ISTANBUL
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Lauréat 2018 du Prix international du dessin de presse, Musa Kart a été condamné par un tribunal turc à trois ans et neuf mois de prison pour « complicité de terrorisme ».
Dans une heure, un jour, une semaine peut-être, Musa Kart, ancien caricaturiste vedette du quotidien d’opposition Cumhuriyet, dormira derrière des barreaux. Il devrait être incarcéré à Silivri, la prison de haute sécurité située à la périphérie d’Istanbul, là même où Abdulkadir Masharipov, le tueur de la discothèque du Reina, qui a assassiné 39 personnes au pistolet-mitrailleur dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2017 à Istanbul, a été écroué dans l’attente de sa condamnation.
Musa Kart, 64 ans, n’a tué personne. Virtuose du crayon, il a reçu en 2018 le Prix international du dessin de presse, décerné par la fondation Cartooning for Peace. La même année, la justice turque le condamnait à trois ans et neuf mois d’incarcération pour « complicité de terrorisme ».
A ses côtés sur le banc des accusés, treize collaborateurs de Cumhuriyet – journalistes, administrateurs, avocat, dessinateur – ont été reconnus coupables en avril 2018 d’avoir soutenu des « organisations terroristes ». Selon les juges, ils auraient « aidé sciemment » le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le mouvement de l’imam Fethullah Gülenn, accusé d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, et l’organisation extrémiste de gauche DHKP-C sans jamais en avoir été membres.
« Cela fait quarante ans que je dessine. A travers mon travail, j’ai toujours condamné le terrorisme. Me voici désormais désigné complice d’un mal que je n’ai jamais cessé de dénoncer, c’est absurde », confie Musa Kart à l’issue d’une conférence de presse donnée pour la défense des condamnés du procès Cumhuriyet au barreau d’Istanbul, lundi 22 avril.
Mal à son pays
Chaque matin, le dessinateur se réveille en se demandant s’il n’a pas été téléporté dans une bande dessinée peuplée d’êtres malfaisants. « Je me sens au beau milieu d’une caricature. »
Lourdes sont les peines de prison prononcées à l’endroit des collaborateurs de Cumhuriyet – entre deux ans et demi et huit ans de prison –, contre lesquels aucune preuve matérielle de leur crime n’a pu être fournie. L’essentiel des charges du dossier d’accusation repose sur leurs écrits, sur des achats de pizzas, des réparations, des réservations de voyages et autres fantaisies.
En février 2019, huit d’entre eux – Musa Kart, Kadri Gürsel, Guray Öz, Hakan Kara, Önder Çelik, Emre Iper, Bülent Utku, Mustafa Kemal Güngör – ont vu leurs peines confirmées en appel par un tribunal d’Istanbul. Ils vont devoir retourner en prison.
L’idée de retourner à Silivri, où il a déjà passé neuf mois entre l’automne 2016 et le printemps 2017, assombrit le quotidien de Musa. Mais l’enfermement n’est pas ce qu’il redoute le plus.
Il a mal à son pays, dont la trajectoire est devenue folle depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016. Jamais vraiment éclairci, le soulèvement sanglant (250 morts) d’une partie de l’armée a servi de prétexte à l’instauration d’un climat de peur. Depuis, les dirigeants islamo-conservateurs n’ont plus qu’un mot à la bouche : punir.
Actes d’accusations riches en élucubrations
A leur actif, 50 000 arrestations, 130 000 limogeages dans la fonction publique et la mise au pas des intellectuels traités comme de vulgaires criminels. Parmi eux, trois journalistes – Mehmet Altan, Ahmet Altan, Nazli Ilicak – ont été condamnés à la perpétuité pour avoir tenté de renverser la République avec leurs stylos.
L’institution judiciaire dysfonctionne, les actes d’accusations sont riches en élucubrations et pauvres en preuves matérielles. Musa Kart a ainsi été jugé complice du mouvement de Fethullah Gülen, la preuve, il a acheté des séjours de vacances à l’agence de voyages ETS, présumée güleniste. « Au final, les vacances en Turquie ne sont pas si bon marché que cela », raillait-il sur son compte Twitter le 19 avril.
A la lecture de l’acte d’accusation, on croit comprendre que l’agence ETS est – était ou fut – un maillon du réseau présumé « terroriste » du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat.
Les activités d’ETS auraient pu être scrutées par la justice puisque son nom figure dans l’acte d’accusation. Il n’en est rien. L’agence continue à ce jour à vendre des séjours au soleil ou à la neige tandis que son ancien propriétaire, Mehmet Ersoy, a été récemment promu ministre de la culture et du tourisme.
ETS n’a jamais eu maille à partir avec le mouvement Gülen. Elle l’a fait savoir le 20 avril dans un communiqué. Son ancien patron est tout aussi irréprochable. Ne gravite-t-il pas dans les plus hautes sphères du pouvoir ? Sa biographie a certainement été étudiée de près.
Un défi au sens commun
Quelle est donc cette « organisation terroriste » que Musa Kart a aidée en réservant billets d’avions et chambres d’hôtel à ETS ? L’acte d’accusation, rédigé par des procureurs eux-mêmes accusés de gülenisme, ne répond pas à cette question.
Leur raisonnement est un défi au sens commun. Résumons. L’agence n’est pas güleniste, son ancien propriétaire non plus, mais certains de ses clients le sont. « Je vis un cauchemar éveillé, tragique et comique à la fois », résume Musa Kart, certain qu’un jour « les autorités s’excuseront pour tout ça, devant nous ou nos enfants. Cette situation ne durera pas. »
A ses côtés se tient Orhan Erinç, 83 ans, l’ancien président de la fondation Cumhuriyet. Tiré à quatre épingles, bon pied bon œil, il attend aussi sa mise sous écrou, à plus long terme.
Condamné en 2018 à six ans et trois mois d’incarcération dans le cadre du procès Cumhuriyet, il est accusé lui aussi d’avoir aidé les « terroristes » du mouvement Gülen à travers ses réservations touristiques à ETS. « Ma femme a réservé en 2015 avec un téléphone enregistré à mon nom. J’étais loin de me douter que l’achat d’un séjour touristique allait devenir un crime. J’ai du mal à l’accepter… »
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