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Le Point, le 13/02/2016
Ce samedi, des cibles du Parti kurde de l’union démocratique et du régime syrien ont été frappées dans deux incidents séparés.
SOURCE AFP
Le nord de la Syrie a été bombardé par les forces kurdes. Le nord de la Syrie a été bombardé par les forces kurdes. © Copyright (c) 1998 Hewlett-Packard Company/ KARAM AL-MASRI
L’armée turque a frappé ce samedi des cibles du Parti kurde de l’union démocratique (PYD) et du régime syrien dans deux incidents séparés, en réponse à des tirs, a rapporté l’agence officielle Anatolie. Conformément aux règles d’engagement, les forces armées turques ont frappé des cibles du PYD près de la ville d’Azaz, dans la province d’Alep, selon une source militaire citée par Anatolie. L’armée turque a également riposté à des tirs de forces du régime syrien sur un poste militaire dans la région de Hatay au sud de la Turquie, selon la même source.
À Munich, où il participe à la conférence sur la sécurité, le secrétaire d’État américain John Kerry a averti que le dossier syrien se trouvait à un « moment charnière » entre guerre et paix, quelques jours après que Washington et Moscou sont tombés d’accord sur une prochaine « cessation des hostilités ». L’artillerie turque a bombardé des secteurs du nord de la province d’Alep que les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont récemment repris à des rebelles islamistes, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Une source au sein des YPG a indiqué que les bombardements avaient notamment visé l’aéroport militaire de Minnigh, repris le 10 février par les forces kurdes. Situé à une dizaine de kilomètres de la frontière turque, l’aérodrome de Minnigh se trouve entre deux routes importantes qui mènent de la ville d’Alep, deuxième ville du pays, à Azaz, plus au nord. Et le fait de le contrôler donne aux forces kurdes une base de départ pour de nouvelles offensives contre le groupe djihadiste État islamique (EI) plus loin en direction de l’est. C’est à quelques kilomètres plus au sud de cette zone que le régime syrien, fort du soutien de l’aviation russe, mène une offensive d’envergure contre les rebelles. Cette offensive, lancée le 1er février, a provoqué l’exode de dizaines de milliers de personnes qui restent notamment bloquées au nord d’Azaz, tout près de la frontière turque, espérant que les autorités turques les laissent entrer.
Opération terrestre ?
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait menacé plus tôt samedi de lancer une opération militaire contre le Parti de l’union démocratique (PYD), la branche politique des YPG. La Turquie considère le PYD et les YPG comme des branches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé mercredi le soutien militaire des États-Unis à ses ennemis kurdes de Syrie. Les Turcs redoutent qu’un soutien étranger permette aux Kurdes syriens, qui occupent déjà une grande partie du nord de la Syrie, d’étendre encore leur influence et de contrôler ainsi la quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a par ailleurs indiqué samedi que la Turquie et l’Arabie saoudite pourraient mener une opération terrestre contre l’EI en Syrie.
Selon lui, l’Arabie saoudite, devenue ces derniers mois l’un des plus proches alliés de la Turquie, va déployer des avions de chasse sur la base militaire stratégique d’Incirlik, dans le sud de la Turquie, où se trouvent déjà des avions de la coalition anti-djihadistes conduite par les Américains. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, avait annoncé cette semaine que le royaume était prêt à dépêcher des troupes au sol en Syrie dans le cadre de la coalition anti-djihadistes. Une intervention de la Turquie et de l’Arabie saoudite en Syrie, deux pays qui soutiennent les rebelles, est évidemment vu d’un mauvais oeil par le président syrien Bachar el-Assad, qui a accusé cette semaine ces deux pays de soutenir le « terrorisme ». Le régime qualifie de « terroriste » tout groupe armé qui le combat.
« Guerre froide »
L’Arabie saoudite et la Turquie estiment que le départ de Bachar el-Assad est indispensable pour une solution en Syrie, où la guerre a fait plus de 260 000 morts en près de cinq ans et jeté sur les routes plus de la moitié de la population. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a mis en garde samedi contre toute intervention au sol des pays de la coalition lors d’un discours à la conférence de Munich, au cours duquel il a affirmé que le monde était entré dans une « nouvelle guerre froide ». La Russie a annoncé pour sa part l’envoi en Méditerranée d’une corvette lance-missiles qui se dirigerait vers la Syrie, selon des informations de presse. Les États-Unis accusent, eux, la Russie d’avoir « exacerbé » le conflit par son appui militaire aux forces gouvernementales, notamment dans l’offensive contre les rebelles dans la région d’Alep. John Kerry a appelé samedi Moscou à « changer de cibles » militaires sur le terrain, alors que les Occidentaux reprochent aux Russes de frapper surtout l’opposition modérée, et non les djihadistes les plus durs.
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