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Reuters – 20/10/2014
La Turquie a annoncé lundi qu’elle laisserait les combattants kurdes irakiens venir renforcer les combattants assiégés par l’Etat islamique dans la ville syrienne de Kobani et les Etats-Unis ont largué pour la première fois des armes pour aider les Kurdes à résister aux djihadistes.
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a précisé que Washington avait demandé à Ankara de laisser les Kurdes irakiens traverser la Turquie pour qu’ils puissent participer à la défense de Kobani, ville située à la frontière turco-syrienne.
Les milices kurdes à Kobani tentent depuis septembre de repousser l’offensive de l’Etat islamique, sans aide extérieure jusqu’ici autres que les frappes aériennes sous commandement américain menées contre les djihadistes.
L’armée américaine a ainsi mené dimanche et lundi six bombardements aériens contre l’EI près de Kobani. La ville kurde, ligne de front majeure, devenue le symbole de la résistance à l’Etat islamique, est assiégée par l’ouest, l’est et le sud.
Mais la Turquie est particulièrement méfiante envers les Kurdes syriens et refuse d’aider les Unités de protection du peuple kurde (YPG) qui combattent à Kobani, en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui milite pour l’autonomie des Kurdes en Turquie et que Washington considère comme une organisation terroriste.
John Kerry a pris acte des réticences de la Turquie et précisé que les armes, fournies par les autorités kurdes irakiennes, ne représentaient pas un changement de politique. Il a indiqué que la bataille contre l’EI, qu’il désigne sous son ancien acronyme EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant), devait primer.
« PAR TERRE OU PAR AIR »
« Nous comprenons tout à fait les fondements de l’opposition de la Turquie, qui est aussi la nôtre, aux groupes terroristes quels qu’ils soient, et, particulièrement, la difficulté face à laquelle elle se trouve en ce qui concerne le PKK », a déclaré John Kerry, qui se trouve en Indonésie.
« Il serait (toutefois) irresponsable de notre part, ainsi que moralement très difficile, de tourner le dos à une communauté qui combat l’EIIL », a ajouté le chef de la diplomatie américaine. Les Kurdes se battent « vaillamment », a-t-il dit.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré dimanche à la presse de son pays qu’Ankara n’armerait jamais les YPG via leur branche politique, le Parti de l’union démocratique kurde(PUD), qu’il a qualifié d' »organisation terroriste ».
John Kerry a précisé que lui et Barack Obama s’étaient entretenus avec les autorités turques avant les largages pour dire « très clairement » que ces opérations ne marquaient aucune inflexion de la politique américaine.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré lors d’une conférence de presse que la Turquie facilitait le passage des peshmergas kurdes d’Irak vers Kobani. Il n’a pas dit qu’il soutenait la décision américaine de larguer des armes.
Le gouvernement régional du Kurdistan irakien s’est dit prêt de son côté à envoyer des combattants en renfort vers Kobani. « Nous sommes prêts à envoyer des forces en renfort, par terre ou par air », a déclaré Djabar Yaouar, un porte-parole des combattants peshmergas.
Toutefois, un responsable kurde en Irak, qui a requis l’anonymat, a dit douter que des combattants soient déployés à Kobani alors qu’ils luttent déjà contre l’EI chez eux.
IMPACT POSITIF
Selon le responsable kurde irakien Hemim Haourami, 21 tonnes d’armes et de munitions fournies par les Kurdes irakiens ont été larguées par les Etats-Unis aux premières heures de lundi.
Selon un responsable américain, trois avions-cargos C-130 ont largué 27 colis d’armes et de matériel médical aux Kurdes syriens et la majorité de ces colis ont atteint leur cible.
Un porte-parole des YPG, Redur Xelil, a déclaré que ces livraisons auraient « un impact positif » sur le déroulement des combats et sur le moral des combattants, mais qu’elles étaient insuffisantes pour décider du sort de la bataille.
« Assurément, nous continuons à espérer davantage de soutien », a-t-il ajouté, interrogé via Skype.
L’approvisionnement des combattants kurdes marque une étape supplémentaire dans l’intervention américaine en Syrie, qui bombarde depuis septembre des cibles liées à l’EI en Syrie.
Un responsable du ministère turc des Affaires étrangères s’est empressé de préciser que l’espace aérien turc n’avait pas été utilisé pour les largages sur Kobani.
Le CentCom indique qu' »à ce jour », 135 frappes aériennes ont visé les positions de l’EI dans la région de Kobani. Combinée aux efforts des combattants kurdes au sol, cette campagne aérienne a permis de ralentir la progression des djihadistes, dont des centaines sont morts, selon le CentCom.
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