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Le Point, le 14/05/2019
ENTRETIEN
La situation au pays d’Erdogan devrait alerter les pays tentés par un repli démocratique.
C’est la thèse du dernier livre de la journaliste Ece Temelkuran.
Propos recueillis par Gabriel Bouchaud
Ece Temelkuran est turque, et cosmopolite. Née en 1973 à Izmir, elle vit en Croatie, écrit pour des journaux britanniques, américains, français, allemands… Son dernier livre, « Comment conduire un pays à sa perte », aux éditions Stock, est un avertissement au reste du monde : ce qui se passe en Turquie est notre futur. L’arrivée de populistes de droite au pouvoir est un problème global, qui appelle une réponse mondiale. La récente annulation des élections municipales à Istanbul, véritable camouflet pour l’AKP d’Erdogan, représente une démonstration de plus de l’urgence à écouter les avertissements d’Ece Temelkuran.
Le Point : Pourquoi avoir écrit ce livre en anglais plutôt qu’en turc, votre langue maternelle ?
Ece Temelkuran : Il y a plusieurs raisons qui m’ont poussée à prendre cette décision. Lorsque le populisme de droite prend le contrôle des espaces politiques et sociaux, il modifie le langage. On finit avec une langue abîmée, qui devient un champ de bataille. C’est ce qui est arrivé à ma langue maternelle. Surtout, le livre ne s’adresse pas aux Turcs, mais à une audience globale. Je voulais prévenir les lecteurs de ce livre de ce qui va leur arriver dans un futur plus ou moins proche.
Vous avez choisi d’écrire ce livre comme un avertissement pour le monde occidental ?
Ce n’est pas tant un avertissement qu’un appel à une conversation globale. Tous les pays font l’expérience d’une instabilité qui leur est propre, entre les Gilets jaunes en France, le Brexit au Royaume-Uni… Tous ces événements entraînent des débats au niveau national. Mais, en regardant plus loin, on voit que les ressorts du populisme fonctionnent de la même façon dans chaque pays. Il faut lire le livre, divisé en sept chapitres, comme autant de motifs spécifiques au populisme de droite. Les conditions historiques, politiques et sociales changent entre les pays, mais la logique fondamentale reste la même. L’objectif de ce livre est d’aider à la compréhension de cette logique et de permettre de la dépasser. Le populisme de droite ne peut pas se résoudre localement, c’est un problème qui doit être abordé globalement.
Vous semblez plus préoccupée par le populisme issu de la droite que par celui issu de la gauche. Pourquoi ?
Il faut faire la différence entre les mouvements populaires, qui parlent au nom du peuple, et les mouvements populistes, qui prétendent représenter la totalité du peuple. Je m’intéresse aux mouvements populistes de droite du fait de leur solidarité globale et transnationale. Il serait naïf de croire que chaque pays vit sa propre expérience, déconnectée de celle des autres, quand Steve Bannon vient en Europe, ou Nigel Farage aux États-Unis. C’est un réseau qui opère de manière très efficace. Ce sont ceux qui ont une influence destructrice sur notre morale et qui représentent le mieux les effets délétères du néolibéralisme sur l’humanité.
Vous montrez que la Turquie est, sinon le berceau de ce mouvement, au moins le premier exemple de pays dirigé par un parti populiste, et celui qui est allé le plus loin dans la remise en cause des fondements démocratiques. Que s’est-il passé ?
La Turquie est un cas particulier, car il a fait office de cobaye pour associer islam modéré et démocratie. Ce projet, s’il avait fonctionné, aurait donné un système politique que l’on supposait viable pour le reste du Moyen-Orient. Évidemment, ça n’a pas marché. Des millions de personnes ont eu le sentiment d’être les victimes d’une expérience désespérée. Au moins, nous connaissons dorénavant l’effet que ça fait. Pour nous, la montée de l’AKP a été très chaotique, tout s’est passé très vite ; je comprends donc le sentiment d’un Britannique ou d’un Américain quand ils se demandent ce qui se passe. On se demande : « Est-ce une blague ? Dois-je parler à ces gens ou seulement m’en moquer ? » Cette montée du populisme de droite peut être déroutante, et je voulais partager notre expérience de ce phénomène.
Vous parlez d’un phénomène global, nécessitant une réponse globale. Mais ne faut-il pas craindre les effets pervers de réponses politiques radicales ? Le populisme de droite finira par disparaître, comme tout le reste…
Rien n’est permanent, mais, en attendant, ce mouvement populiste fait des dégâts, en particulier sur tous les consensus, scientifiques ou culturels. Ces dégâts sont irréversibles, et il est douloureux de voir cela se dérouler. Je ne pense pas que ce soit une bonne stratégie de faire le dos rond jusqu’à ce que ça s’arrête.
Les populistes aiment conserver les atours de la démocratie. Ils ne peuvent pas simplement mettre fin aux processus électoraux et enregistrent donc parfois des défaites, comme l’AKP à Ankara et Istanbul…
Le problème est que cela réduit la démocratie à sa portion congrue. Et c’est aussi la démocratie que les populistes nous laissent à voir. Les mouvements populistes sont protéiformes et s’appuient sur l’idée enthousiaste de la « fin de l’histoire » théorisée par Francis Fukuyama qui consistait à affirmer qu’aucun système idéologique ne pourrait plus rivaliser avec celui des démocraties libérales dévoyé par le populisme de droite. C’est pour ça qu’on entend souvent les gens dire : « Je hais la politique, je n’ai pas d’idéologie. » Mais affirmer cela est en fait hautement politique, et idéologique. Cette paralysie de la rationalité est pratique pour les populistes de droite, parce que ça joue aussi en faveur des politiques néolibérales dominantes. C’est pour ça, au début, que les élites du système néolibéral ne se sentent pas gênées par les populistes de droite, jusqu’au jour où le minimum requis pour le fonctionnement démocratique du pays ne fonctionne plus. Il ne faut pas être non plus trop optimiste vis-à -vis de la petite victoire remportée par l’opposition à Istanbul. L’accès au pouvoir du maire a pris plusieurs jours, et il a fallu que les électeurs montent la garde auprès des urnes pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de malversation. Erdogan a finalement accepté de reconnaître la victoire de l’opposition, s’arrogeant par là la légitimité, l’autorité, de reconnaître une victoire démocratique. (L’élection a depuis été annulée par Erdogan, NDLR).
Est-ce qu’on n’est pas en train d’atteindre les limites de la démocratie, lorsque le peuple n’est plus capable de s’accorder sur un certain nombre de vérités ?
La démocratie s’éteint sous un régime populiste, parce que la pluralité des idées n’est plus défendue par le pouvoir dominant. Les démocraties s’appuient sur l’idée qu’il existe des citoyens rationnels, capables de prendre des décisions éclairées. Avec les réseaux sociaux, on voit bien que ce n’est pas le cas. On peut voter, mais on ne peut plus contrôler la manière dont les gens votent, dans la mesure où toutes les théories du complot et les fake news leur sont accessibles. Comment avoir confiance en la démocratie dans ces conditions ? La propagande et les fausses nouvelles ont toujours existé, mais la différence aujourd’hui est que cette propagande est décentralisée. Nous sommes des enfants avec un outil que nous ne comprenons pas. Personne ne parvient à s’opposer au monopole de la diffusion de l’information entre les mains des GAFA.
Cela dit, les partis politiques de gouvernement ont menti pendant des années, de manière plus ou moins transparente. Quelle est la différence avec les partis populistes ?
C’est que plus personne n’a la capacité de déterminer une vérité commune. C’est pire, parce qu’il y avait des consensus, et que ceux-ci ne fonctionnent plus. Les démocraties libérales pouvaient fonctionner grâce à ces consensus, mais, dorénavant, ce sont les partis antidémocratiques, qui se servent de ce nouveau relativisme de la vérité, qui gagnent les élections.
Ne pensez-vous pas que les populistes rencontrent un certain succès parce qu’ils posent des questions et soulèvent des problèmes que les partis plus « mainstream » ignorent, contrairement à de nombreuses personnes ? On peut penser au succès de la Ligue en Italie, reposant essentiellement sur une remise en cause de l’immigration.
C’est vrai, l’idée que les partis populistes disent les choses comme elles le sont leur donne de la force. Ils ont la réputation de ne pas tourner autour du pot. Mais ceux qui souhaitent combattre le populisme de droite doivent se rappeler les raisons qui les poussent à défendre les droits fondamentaux. Pourquoi la liberté d’expression est-elle importante ? Pourquoi le multiculturalisme est-il une bonne chose ? Beaucoup de monde, en Chine, en Russie, fait l’échange volontaire de sa liberté d’expression contre un meilleur niveau de vie. Comment vous expliqueriez à quelqu’un, comme ça, que la liberté d’expression est nécessaire ? Même s’il ne veut rien dire de particulier ? Le problème, c’est que ce que nous prenons pour des acquis devra être défendu. Or, de plus en plus de personnes attaquent ces évidences, et c’est d’autant plus facile pour eux que les questions sont tellement simples que nous ne savons plus comment y répondre. Beaucoup de gens pensent que le populisme de droite ou l’environnement qui le crée n’impacte que la sphère du politique. Mais ça a une influence sur toutes les relations sociales que nous avons.
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